Légion étrangère - 2ème Régiment étranger de Parachutistes - A.A.L.P
Legion Etrangre - 2eme Rep - Amicale des Anciens  Legionnaires Parachutistes (AALP)

"On ne cesse pas d'être Légionnaire au moment ou on quitte l'uniforme. On le reste jusqu'a la mort".

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    "Les Anciens Légionnaires ont en commun d'être tous profondément marqués par leur passage a la Légion. La durée de ce passage importe peu, qu'elle n'ait été qu'une parenthèse de cinq ans dans leur vie, ou qu'elle en ait été l'essentiel pour avoir duré de vingt a trente ans, la marque est toute aussi profonde et indélébile".

    La cohésion, l'indivisibilité du monde légionnaire sont un principe, une réalité. Ses générations s'y interpénètrent et il n'y a pas de hiatus entre l'Active et le monde des Anciens.

Notre chef est commun: il est, à défaut d'Inspecteur, le Commandant du 1er Etranger qui ne renie aucune des charges que cela comporte pour lui en tant que gardien des traditions, protecteur, directeur de la Légion, et qui sait que, jusqu'au dernier jour, nous aurons la plus haute concience des droits certes, mais surtout des devoirs qui résultent de notre allégeance.

    Mais que sont ces Anciens que l'on dit excessifs en tout parce que quand ils ne sont pas bons ils sont certes très mauvais; et parce qu'en contre-partie ils sont, quand ils sont bons, sans être parfaits, meilleurs que qui que ce soit.

    Ce qui est certain c'est que, pour avoir le titre "d'ancien", il faut avoir fait ses preuves, fourni des garanties.

Il faut avoir honoré sa signature, celle de son contrat, avoir servi avec honneur et fidélité.

Ne sont pas "anciens légionnaires", même s'ils se parent du titre pour avoir porté la grenade, ceux que nous rejetons pour rupture de contrat ou excès de liberté prise avec nos règles, ceux à qui est refusé le "certificat de bonne conduite" parce qu'ils n'ont pas su s'appuyer sur nos canons, se fortifier de notre idéal, se plier à notre discipline pour résister aux mauvais instincts, aux dangereux appels des forces du mal.

    Face aux péchés véniels notre indulgence est sans limite mais face aux péchés capitaux nous nous raidissons, cuirassés dans nos règles d'honneur, inflexibles.

Après comme avant la libération il faut rester dans le droit chemin

 

 

De la masse des anciens, après élimination des indésirables, se détachent encore quelques clochards, parfois sympathiques d'ailleurs, quelques faibles qui se laissent entraîner et dont les erreurs, sans méchanceté ni gravité ni lendemain, n'inspirent pas de répulsion, n'exigent pas de condamnation sans retour.

Nous ne les bannissons pas à jamais.Mais c'est surtout des autres, des bons, dont nous allons vous entretenir.

     J'ai rejoins mon Amicale d'origine, l'Association des Anciens Légionnaires Parachutistes, qui regroupe tous les anciens légionnaires ayant servi au 1er et 2ème Régiment Étranger de Parachutistes. Disséminés aux quatre coins de l'Europe, de l’Asie, et de l’Afrique, sur tous les continents, l’Amicale regroupe environ 700 anciens légionnaires parachutistes, rescapés des guerres, interventions extérieures, et conflits qui ont secoué le monde depuis la création des légionnaires Parachutistes en 1948.

L'Amicale est surnommée la « septième compagnie » .Le Régiment comptant six compagnies, l'Amicale est donc naturellement, par filiation directe, la septième compagnie du Régiment. Tous les ans, j'attends avec impatience la Saint Michel où le 2ème REP nous reçoit à Calvi, lorsque le Régiment n'est pas en intervention en Afrique ou en Yougoslavie. L'Amicale a le bras long, et s'occupe du transport. Un avion militaire part d'Allemagne, un de Paris, un de Lyon, un de Toulouse direction Istres où tout le monde se retrouve, puis direction Calvi, le tout gratuitement, merveille de la logistique actuelle qui nous faisait tant défaut auparavant. ...
Remerciements à l'Armée de l'Air, pour son éternelle collaboration.

     En ce qui me concerne, je prends beaucoup de plaisir au cours de ces retrouvailles sur le tarmac de l’aéroport militaire de Toulouse Francazal, et d’Istres, avant de prendre le dernier avion pour la terre promise, Calvi, sanctuaire du Régiment.

Les arrivées à l’aéroport de Calvi ne passent pas inaperçues. Dans toutes les langues et principalement en Allemand, tous les participants sont heureux de ces joyeuses retrouvailles. C’est un brouhaha indescriptible, en attendant de recevoir nos affectations dans les différents hôtels de la ville.
Les unités parachutistes de la Légion étant récentes, tout le monde se connaît, et à plus ou moins servi sous les ordres d'un tel ou d'un tel. …
Après une après midi de quartier libre, et une nuit de joyeuses libations, nous nous réveillons tous aux aurores avec la gueule de bois afin de participer aux différentes cérémonies des deux jours suivants.

     Au petit matin nous sortons des valises la tenue de l'amicale, blazer bleu marine, avec écusson de l'amicale, brodé AALP, More Majorum, pantalon gris foncé, chemise blanche, cravate verte réglementaire, béret vert surmonté de l’insigne des unités troupes aéroportées, décorations pendantes. Tenue réglementaire.

Durant ces deux jours se réunissent dans une grande "communion" ce qui se fait de mieux dans l'Armée Française. Aucun régiment en Europe, ne peut regrouper autant, d'actions individuelles et collectives, que la septième compagnie.
Après un rapide regroupement à l'entrée du camp Raffali, sous les ordres du capitaine Bonelli, ordre est donné de faire le toit, c'est-à-dire, ordonner la mise en place pour le défilé par rangs de taille décroissant, nous formons le carré, les valides et ceux qui le sont moins, ceux qui marchent avec des cannes les grands blessés en queue de peloton pour ne pas gêner l’ordre dans les rangs. Tout le monde veut être présent pour le défilé, qu’importe l’âge, les invalidités, la fatigue.
Sur la place d'armes les compagnies du Régiment, en grande tenue de parade forment deux haies d’honneur, au « présentez armes »
Lentement au pas réglementaire de la Légion à 80 pas minute avec la particularité de rouler les épaules, et de glisser le pied sur le sol plutôt que d’attaquer le sol du talon comme le font les autres unités légion « non parachutiste », les 600 a 700 anciens passent en chantant le chant du 1er Régiment Étranger de parachutistes, devant les troupes au « présentez armes »

« Jamais garde de roi, d’empereur, d’autocrate
De pape ou de sultan, jamais nul régiment
Chamarré d’or, drapé d’azur ou d’écarlate
N’alla d’un air plus mâle et plus superbement »

     Bloc complet, indissoluble, fier de sa force et de son passé, sous le même uniforme d’ancien légionnaire parachutiste, où se côtoient au coude à coude, généraux, colonels, capitaines et lieutenants, sous-officiers et légionnaires, sans aucune distinction de grade, sur le même pied d’égalité.

Contre les Viets, contre l'ennemi
Partout ou le combat fait signe
Soldats de France soldats du pays
Nous remonterons vers les lignes
Oh! légionnaires
Le combat qui commence
Met dans nos âmes enthousiasme et vaillance
Pleuvent pleuvoir grenades et gravats
Notre victoire en aura plus d'éclat
(Chant du 1er Régiment Etranger de Parachutiste)

La Légion n'oublie pas. .... jamais
Suivent les longues cérémonies de plusieurs heures où immobiles nous attendons l'arrivée du Colonel commandant le 2ème REP, celle des généraux arrivés de France. Longues heures d'attente où nous avons du mal à rester au garde a vous, l'âge, les séquelles invalidantes, réveillent des crampes douloureuses que les plus aptes, et les invalides encaissent sans broncher, fiers d'êtres présents, reconnus, honorés. Cela nous met du baume au cœur cette reconnaissance, du Régiment due aux anciens.
Hommage de ceux qui ont l’âge de servir, et défilé de ceux qui n’auront plus jamais l’occasion de revêtir la grande tenue, cravate verte, képi blanc, ceinture bleue, contact froid de l’arme dans les paumes de la main. A la place, la tenue réglementaire de l’amicale. Suivent les éternelles remises de décorations.

Les discours des Généraux:
"Voici quarante ans naissait, à l'autre bout du monde, une nouvelle confrérie de guerriers:
Les parachutistes de la Légion
De la vielle Légion, ils avaient recueilli les traditions de rigueur, de solidité, de discipline, de dévouement; des Parachutistes, ils avaient la jeunesse et le goût de l'insolite. Ils formèrent vite une troupe unique en son genre, les bataillons Etrangers de Parachutistes.
(Général Guignon)

   La musique de la Légion Etrangère d'Aubagne est présente avec ses cent quarante exécutants, les roulements de tambour, les claquements secs des sonneries. L'harmonie, la puissance de cette musique nous ramène des années en arrière, quand nous arrivions jeunes Légionnaires au Régiment, avec la même impression de force, de calme, d'invincibilité, au rythme lent des trompettes et des tambours.

Mein Regiment, mein Heimatland
Meine Mutter habe ich nie gekannt
Mein Vater starb schon früh im Feld, ja Feld
Ich bin allein, auf dieser Welt
Mon Régiment c'est ma Patrie, Je n'ai jamais connu ma mère.
(chant de tradition)

   Les prises d'armes terminées, c'est la course vers le foyer, les mess, pour se retrouver toutes générations confondues, vers la Kronenbourg distribuée gratuitement, sans considération de quantités, le Régiment est généreux et ne fait jamais les choses à moitié. ....
Le Régiment, se mêle à la 7ème compagnie, en faisant toujours preuve de beaucoup de gentillesse et de respect en nous pilotant à travers les bâtiments devant lesquels sont rangés les derniers armements en compte au Régiment, les dernières techniques. Nous sommes médusés devant l’évolution des matériels, nous qui manquions de tout.
    Le Légionnaire est devenu en dehors de ses qualités physiques et morales un technicien utilisant l’informatique dans les systèmes d’armes, les transmissions, la puissance de feu. Les parachutes ne ressemblent en rien à ceux que nous utilisions, il y a trente ans et plus, les parachutes en dotation au régiment ont désormais 70 m2 de voilure alors que nous utilisions des parachutes de 60 m², qui nous sciaient les épaules, provoquaient des chocs important à l’ouverture, et à l’atterrissage, peu sûrs ingouvernables par grand vent.

   Longues explications, par petits ateliers, par petits groupes, nous sommes toujours curieux des nouveautés que chaque compagnie a imaginé pour rendre le Régiment plus performant. Le Régiment a évolué vers des missions d'intervention Outre Mer ou centre Europe, fini les rudes chocs de l'Indochine, contre des divisions entières, fini la contre guérilla en Algérienne, à la place des interventions comme le Tchad (pas moins de dix interventions, le Zaïre (Kolwezi), Djibouti (Lada), le Liban, le Gabon, la guerre d'Irak, Sarajevo (deux interventions) la Somalie, le Centrafrique, l’Albanie et les multiples interventions africaines, dont la liste est annuelle.

   Jamais le Régiment depuis ne sera autant intervenu, dans des interventions extérieures.
La fin de la période algérienne, qui devait sonner le glas de la Légion étrangère, et particulièrement les unités parachutistes de celle-ci, à cause du putsch d’Alger, il aura finalement servi la cause Légionnaire.
Sous d’autres cieux, dans d’autres continents, la Légion perdure et se remet de ses vielles blessures à jamais ouvertes de l’Indole l’Algérie, et de ces quelques jours où tout a basculé durant le putsch d’Alger, contre le pouvoir politique. Dans une indifférence générale alors que les Français sommeillent bourgeoisement dans un pays en paix et que le Régiment intervient dans des pays qui eux, malheureusement sont en état de guerre.

Et quand donc les Français voudront-ils comprendre.
Et que ces Etrangers qui sont morts à tout prendre
Chaque fois en mourant leur épargnaient un deuil.
Gloire à ces fils de France devenus français
Non par le sang reçu, mais par le sang versé.
Poème du capitaine De Borelli.

   Légionnaire Parachutiste Mort au champ d'honneur.

A la nuit tombée, chaque Ancien de la septième compagnie, est accueilli pour la veillée, autour d’un grand feu, par sa compagnie d'origine et les jeunes qui la composent. Un jeune prend alors en charge un Ancien, dans une totale osmose et communion d'esprit.
C'est la veillée, la messe, le rite, l'adoubement. A la lumière des feux de camp, édifiés devant chaque compagnie, les agapes commencent à la langouste corse, au méchoui, et à la Kronenbourg, se prolongeant jusqu'au petit matin, dans une fête païenne, dont nous sommes les seuls initiés. Il faut avoir payé de son sang, avoir trempé sa chemise au REP, pour avoir l’honneur d’être invité à ce gigantesque méchoui qui se prolonge dans la nuit…

   Les chants s'enchaînent, le salut au caïd, Gai Légionnaire, Adieu Bel Abbés, Adieu vielle Europe, Le grand Atlas, Anne-Marie, Les képis-blancs. .... suivis des chants Allemands,"Westerwald, Altekamaraden, Wediesoldaten, Lore, Lore, Paraderdemarsch, Anne-Marie, des chants Espagnols Yougoslaves Polonais..... qui sont le ciment de notre camaraderie et de notre amitié.
L'Europe des nations a du mal à se faire, il y a longtemps que nous l'avons réalisée, nous y sommes parvenus en 1831, sous Louis Philippe..... cela ne date pas d'aujourd'hui. Cent trente nationalités différentes au Régiment
Au petit matin nous nous réveillons avec la gueule de bois, quartier libre, en attendant les avions qui nous ramèneront, vers les différentes régions ou pays respectifs. Les cérémonies officielles touchant à leurs fins, un dernier repas, nous est offert par le régiment dans les restaurants de Calvi. Chaque compagnie a son propre restaurant, et les chants montent dans les vieilles ruelles de Calvi, sous le regard des Corses, dérangés dans leur tranquillité proverbiale.
A l’issue du repas quartier libre dans la ville.

   Nous déambulons sous les palmiers dans les rues du vieux Calvi, pleines de souvenirs, en nous regroupant par affinités, schnaps, schnaps, en nous rappelant les virées que nous avions faites autrefois dans telle ou telle ruelle. ... le "gnon" récolté dans tel ou tel bar.
Au loin sur l'aérodrome de Colenzana les avions commencent à faire leur point moteur, pour nous rappeler que la fête est finie et qu'il va falloir rentrer. Les camions militaires et la police militaire du Régiment embarquent les derniers convives, direction l’aéroport de Solenzana.
On s'embrasse, on se jure qu'on s'écrira, rendez-vous dans deux ans au Régiment à Calvi ou à une de nos réunions à Paris, c'est promis c'est juré, on s'appelle, on se retrouve et l'on se fera une petite bouffe... et une bonne cuite.

Ich hab ein Kameraden.
Le vent s'est levé, sur la vielle ville et le camp Raffali.
La petite cloche de la chapelle, qui jouxte le cimetière du régiment où sont enterrés les "sans famille" s'est mise à carillonner, faiblement d'abord sous l'effet de la brise, pour nous rappeler, qu'elle avait été le témoin de nos joies et de nos peines, puis sous l'effet du vent soudainement devenu plus violent, elle s'est mise à sonner d'un ton grave, pour les morts..... pour tous ces morts, « étrangers devenus fils de France non par le sang reçu mais par le sang versé »
"More majorum"
En souvenir des 37.647 Légionnaires « morts pour la France », de 1831, (la conquête de l’Algérie) à 2.000 (la dernière opération à Brazzaville) Des centaines de milliers de blessés, amputés, invalides, pensionnés, dont la vie bascula, lorsqu’ils furent rendus à la vie civile.

"Legio patria nostra"