Légion étrangère - 2ème Régiment étranger de Parachutistes - 2eme REP

Legion Etrangere - Algerie 2REP 

A peine implanté dans ses garnisons de Philippeville (état-major, CCS, compagnie d'appui, escadron de reconnaissance), Batna et Guelma en ce qui concerne les compagnies de combat, le régiment est relevé comme unité d'intervention des Aurès - Nementchas par le 1er RCP de Fossey-François et engagé dans des opérations d'escorte, de contrôle et de fouille du terrain.

Le 20 août, alors que Philippeville s'embrasait, plus de 200 émeutiers venus de la mine toute proche massacraient les hommes, les femmes et les enfants d'El-Halia avec une sauvagerie démente, pillaient et incendiaient tout ce qui se trouvait sur leur chemin, oubliant que quelques jours plus tôt, ils vivaient là, avec toute la confiance de la population européenne. Ce jour là, 34 habitants d'El-Halia, tous Européens, sont morts de la main des bourreaux du FLN.

Le 2ème REP connaît son premier accrochage important le 15 Janvier 1956. Le 2ème REP déplore également son premier tué de la guerre d'Algérie. Les rebelles paient très cher cet exploit en laissant 22 cadavres sur le terrain. Le Régiment est alors regroupé sur Philippeville, mais a partir du mois de Mars il détache a nouveau deux compagnies a Batna et Guelma. Ces derniers accrochent le jour de Camerone en liaison avec le 1er REP. Issue de la 6ème compagnie du 2ème BEP la 1ère Cie commandée par le capitaine Perrier a déjà un beau palmarès lorsqu'elle débusque les rebelles ce 30 Avril 1956. Dès le 11 décembre 1955 elle avait fait mouvement sur Batna, ratissant sans arrêt les massifs des régions d'El-Mader et de Fedjourdj. Au bout d'un mois elle revient dans la région de Philippeville et s'installent dans les villages d'alentour. Son prmier coup d'eclat se produit le 13 janvier 1956 quand elle supprime au cours d'un accrochage Mouats Liazid un cruel chef de bande activement recherché et qui n'hésite pas a asseoir son autorité par des meurtres et des exactions perpétrés envers les Européens et les gens de sa communauté parfois soupçonnés de tiédeur nationaliste. Un peu plus tard, 10 HLL sont mis hors de combat et la compagnie découvre un dépôt fellagha dans le djebel Metlili : en plus des armes et des munitions les légionnaires mettent la main sur 1000 boîte sardines qui sont distribuées aux populations. Au mois d'avril, la 1 ère compagnie, fait mouvement sur Mac-Mahon. Le 28, elle est en plein préparatifs de la fête de Camerone lorsque l'alerte est déclenchée.

Dans la nuit du 28 au 29, elle est héliportée au Douar Ouled-Fathma. Au cours de cette première phase le sergent Gregurek est mortellement blessé d'une dans la tête. La compagnie ne commémorera Camerone que le 3 mai, car les " fells" sont nombreux et résistent vaillamment. Ils cessent le combat vers 22 heures et se diluent dans la nuit. C'est le premier bilan du régiment en Algérie : 28 HLL tués. Le 5 juin 1956, le régiment reçoit son drapeau auréolé de la fourragère rouge du fanion du 2e BEP. Les légionnaires parachutistes y ajoutent les bilans des premiers mois de campagne : 130 rebelles tués, une trentaine de blessés et de prisonniers, 120 armes récupérées et du matériel en abondance.

Peu de temps après, le régiment est regroupé en réserve opérationnelle. "C'est alors la vraie vie de parachutiste. Largué d'avion, éventuellement en hélicoptère, débarqué par bateau, il est de toutes les opérations importantes". Sauter! C'est la vocation du para... et les OAP constituent encore l'atout majeur du commandement face a la mobilité et à la dispersion des rebelles. Elles se succèdent à un rythme élevé. Le 11 juin, un détachement des 2e et 4e compagnies comprenant 267 hommes, saute sur Tamentout, entre Djidjelli et Fedj-M'Zala. C'est l'opération Rivoli qui met en oeuvre un Dakotat PC et quatre Nord-Atlas. Un vent violent et une zone de saut difficile rendent le regroupement aléatoire. Néanmoins, les risques pris et la qualité opérationnelle des légionnaires permettent d'accrocher et de réduire la bande rebelle qui laisse 19 tués dans l'affaire. Toutefois, entre le saut et le combat le 2ème REP compte 19 blessés. Le 19 juin, ce sont 3 compagnies qui sont larguées dans les mêmes conditions, en exploitant des renseignements faisant état de contacts au douar Tamza dans les Aurès-Nemenchtas Bouclage, ratissage, accrochage... L' action du 2e REP débouche sur un bilan impressionant a l'époque : 75 tués, 5 prisonniers, 31 armes et 16 fusils de chasse récupérés.

         A la même heure la compagnie d'accompagnement met hors d'état de nuire le chef rebelle Si Deradji, activement recherché et sa bande de HLL. Au mois de novembre 1956, le 2e REP change de secteur et le PC du régiment se transporte à Tebessa. Depuis le mois de juin, le régiment est endivisionné au sein de la 25ème DP. Le 2e REP intervient dans tout le Constantinois. De Morsott à Bir-El-Ater, ses unités participent à la surveillance de la frontière algéro-tunisienne qui va devenir sous peu la pierre d'achoppement de la guerre d'Algérie.

Le 18 décembre 1956, le 2e REP opère dans la région d'El-Mezeraa, au sud de Tébessa. II a pour mission de fouiller le djebel Ergou et la vallée de l'oued Kecherid. Les fellaghas se sont réfugiés dans un énorme massif montagneux, d'où il sera bien difficile de les déloger. Le colonel de Vismes n'hésite pas à demander un appui aérien pour soutenir la progression de ses unités héliportées par le DIH. Engagés dans un dédalle de rocaille traître à souhait, les légionnaires sont pris à partie par des tirs d'armes automatiques. Toute la journée les rebelles résistent malgré les passes des T6 qui mitraillent au plus près. et les tirs d'artillerie sont parfois aussi dangereux pour les légionnaires que pour les fellaghas. Les unités subissent des pertes sévères. Enfin, à 16 heures, les légionnaires peuvent donner l'assaut. II est violent et sans pitié. Les rebelles rompent le combat ; dans le jour déclinant, une cinquantaine d'entre eux parvient à s'enfuir par l'oued Hallail. Les compte-rendu arrivent au P.C de l'opération : le lieutenant Mounier est mort, les Lieutenants Montagnon et Dorr sont grièvement blessés en tout, 15 tués et 25 blessés qui attendent d'être évacués. Le lendemain, le ratissage de la zone permet de dénombrer 28 cadavres, 2 blessés, et de récupérer une trentaine d'armes, quantité de munitions et de nombreux documents.

Quatre jours plus tard, le sergent Georgi, vétéran de Dien-Bien-Phu qui a rejoint 2e REP le 1er décembre 1955 et médaillé militaire à "titre exceptionnel" le 23 juillet 1956 se distingue le 22 décembre 1956 dans le djebel Anoual, toujours dans le secteur de Tébessa, en entraînant son groupe de combat à l'assaut des positions rebelles.

Son intervention permet la destruction des fellaghas. II est cité a "l'ordre de la division". Lorsqu'il accompagnera le colonel Jaluzot, porteur de la main en 1991, le Jour anniversaire de Camerone ,Képi-Blanc écrira: "Payant sans cesse de sa personne et manifestant à chaque accrochage un courage hors du commun, il obtient de ses hommes des résultats dépassant toute espérance. On ne compte plus les assauts où il force l es rebelles à décrocher en abandonnant sur place du matériel et leurs armes collectives, les attaques des positions où il fait manoeuvrer sa demi-section avec aisance sous un feu adverse dense, réduisant les noyaux de résistance à la grenade et à l'arme blanche, comme dans le djebel Haminat-Guerra, quand il poursuivit le combat armé de son seul poignard alors que son arme s'était enrayée : à l'issue d'un farouche corps à corps, il enlève deux mitrailleuses et plusieurs Pistolets mitrailleurs M... Au cours de la seule année 1958, il est cité trois fois. Sa conduite admirable lui vaut d'être nommé chevalier de la Légion d'honneur le 17 juillet 1957, deux mois avant d'être promu sergent-chef."

L'année 1956 s'achève après une série ininterrompue de combats dans les djebels sur un bilan impressionnant : 900 HLL tués, 500 prisonniers et 350 armes récupérées. L'année 1957 débute sous les mêmes auspices. Un maître mot : "djebel". En trois mois, jusqu'au 18 avril, sur sept dénominations opérationnelles portées sur le JMO, le terme "djebel" revient six fois et la septième est un piton escarpé : le Ahrour-El-Kifene ; 193 fellaghas ont trouvé la mort sur leurs pentes arides et 150 armes ont été saisies. Au cours de cette période, le général Sauvagnac adresse ses félicitations au régiment en ces termes.

Le 2e REP vient de remporter à nouveau un très beau succès au cours de l'opération du 6 mars 1957 dans le djebel Sif, infligeant à l'adversaire des pertes sévères et récupérant des armes. Je suis heureux de venir le féliciter et je vous prie d'exprimer ma très vive satisfaction aux officiers, sous-officiers, caporaux et légionnaires ayant participé à cette action.

A cette époque, le régiment enregistre le retour d'un ancien des BEP d'Indochine : le chef de bataillon Caillaud, d'abord en qualité de chef d'état-major, puis comme commandant en second. Le rythme des opérations s'accélère encore. C'est le temps des gros bilans : djebel Darmoun, djebel Rhifouf, l'HaminatGuerra en 1957, les Beni-Sbihi, le djebel Houadjene, la grotte du M'Kimene en 1958...
      Tous ces combats vaudront au commandant Caillaud "trois nouvelles citations", dont deux à l'ordre de l'armée. Au mois d'avril, le régiment retrouve son ancien secteur de Philippeville afin de s'octroyer quelque repos. Mais dès son arrivée, les opérations reprennent : le douar Tengout, le nettoyage de la région de KoudiatBou-Ferthout, une opération sur Cap-Kalaa... Certes, la région est moins dure, mais elle est tout aussi contaminée par la rébellion et demande un traitement vigoureux. De plus, la vie de garnison ne se conçoit pas sans servitudes, ces gardes, ces patrouilles et autres permanences que de longs mois sur le terrain ont fait oublier aux légionnaires. Inutile de dire qu'ils accueillent avec satisfaction, le 30 mai 1957, le départ du régiment pour El-Milia, d'où il doit rayonner sur la région de Djidjelli et dans la forêt de Collo. Cette zone est un véritable repaire de fellaghas qui harcèlent constamment les troupes de secteur. Lorsque le 2e REP arrive, la région a été déclarée "interdite" par le FLN et sa première mission est de procéder au regroupement des populations des douars et de leur cheptel. Puis il reçoit la mission de ratisser la forêt de Collo.

En juillet 1957, le 2e REP passe au peigne fin la tignasse hirsute des monts de Collo, épouillant, désinfectant, vidant les derniers abcès cachés dans ces forêts de chênes séculaires. Au coeur de l'immense forêt domaniale des Beni Toufout, sur une dorsale rocheuse dominant un panorama grandiose, le régiment a son village de toile.

De là partent quotidiennement des éléments qui, sans relâche, vont fouler, fouiller, encore refouiller ces pentes touffues, presque impénétrables, témoins de tant de chasses aux rebelles, l'oeil indifférent des sangliers, qui s'en foutent peuvent enfin croître et se multiplier en toute impunité.

Ainsi, peu à peu, un patient travail en profondeur ,une des dernières places fortes du FLN. Au mois d'août, le 2e REP retrouve son terrain de chasse favori de Tebessa. Les légionnaires arpentent le djebel en vain, les accrochages se font de plus rares. II semble que le FLN subit le contrecoup de "la bataille d'Alger" et que l'ALN est durement touchée. Un peu partout, les moudjahiddines refusent le combat et semblent ne plus recevoir de directives cohérentes. Pourtant, les renseignements et les traces laissées dans les mechtas prouvent qu'il y a du Fell dans les parages. Le 21 août, enfin quelque chose de sérieux, l'officier de renseignement a appris la présence d'une katiba de 150 hommes dans la région de l'Ergou, ce massif qui a coûté si cher au régiment l'automne précédent. Le 2e REP prend en charge l'action principale. Les compagnies fouillent les abords du massif et resserrent le dispositif au fur et à mesure de leur progression. L'obscurité enveloppe doucement les rochers. Les paras se font vigilants ils savent qu'a la faveur de la nuit, les rebelles vont essayer de s'esquiver en douceur, soit de tenter le passage en force. Dans la nuit, sur tout le périmètre de bouclage des coups de feu. A minuit, les fellaghas sont au conttact et cherchent la faille ; des légionnaires sont tués, mais les positions tiennent et les rebelles sont pris au fond de la nasse. Au petit matin, les compagnies ratissent le terrain : 35 HLL au tapis, mais aussi 6 Légionnaires du régiment tués. A midi, une énorme explosion fait tressaillir la montagne : la "Grotte-aux-Juifs" vient de sauter. Le major Roos, alors chef de section au 2ème REP se souvient des opérations dans ce secteur.

Les opérations dans les Aurès entre 1955 et 1957 étaient rudes et demandaient une condition physique impeccable, surtout les fouilles répétées de "La grotte aux-Juifs" dans la région de Tebessa, où les fells se réfugiaient régulièrement, puis les bouclages et ratissages qui vous laissaient vidés. C'est comme cela que j'ai eu mon radio tué par un fell qui se planquait dans le maquis. A Beni-Sbihi, dans le secteur de Milia, j'ai vu un légionnaire sauter une murette, malgré un char qui tirait sur une mechta, abattre un fell et revenir avec "une mitrailleuse Lewis."

A la fin de l'année 1957, la ronde des djebels continue, mais il semble que la rébellion ait tiré son second souffle. Les bilans du mois de décembre confirment cette impression : le 7 décembre, au djebel Bou-Djelal, 106 HLL sont éliminés, le 9 décembre, les corps de 61 HLL jonchent les pentes du djebel at-Guerra. Les assauts tournent le plus souvent au "corps à corps" dans lequel l'entraînement des Légionnaires fait merveille, leur permettant d'obtenir des résultats flatteurs. Les opérations du début de l'année 1958 confirment cette tendance qui ira s'amplifiant jusqu'à la bataille des frontières. Le combat de l'Arb-Estaya, le 15 mars, dirigé par le commandant Masselot est caractéristique de la manoeuvre d'une unité parachutiste à cette époque. Héliportées à l'aube, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Philippeville, dans le secteur de Saint-Charles, les compagnies du 2e REP sont à la recherche d'une katiba venant de Tunisie qui se diririge vers l'intérieur de l'Algérie, mettant à profit les "couverts" de la willaya 2 dont Mourad Didouche et Youssef Zighout ont été les chefs historiques.

D'après-midi, la bande est repérée se dirigeant vers la forêt et la crête de l'Arb-Estaya. Peu élevé le Massif qui culmine à 732 mètres s'étend sur une vingtaine de kilomètres, s'évasant progressivement vers l'ouest. Ses pentes sud, plus sèches, sont légèrement clairsemées. Par contre, le versant nord est caractéristique de la région: la broussaille est omniprésente. Pour qui vient de la région d'El-Arrouch, l'Arb-Estaya est la porte de la presqu'île de Collo.

A 14 h 40 e renseignement est confirmé et le colonel Chataigneau qui commande l'opération bascule la manoeuvre. Masselot regroupe son régiment entre Robertville et Sidi-Mesrich en vue d'un héliportage. La "3" du capitaine Coiquaud est la première à embarquer. Le briefing a été bref ; il sait seulement qu'il y a du "fell" en golf 15. Au-dessus de l'Arb-Estaya, le "piper" continue de surveiller la "katiba", rejoint par "l'alouette" du commandant Masselot. Finalement, le Commandant déniche une clairière où se pose la 3ème Compagnie, section du lieutenant Gastaud en tête.

Gastaud est "un lion dans l'action", écrit Pierre Sergent. Il a déjà une solide réputation. Six mois plus tard il tombera à Guelma. A peine à terre, les éléments de pointe sont brutalement pris à partie par des tirs d'armes automatiques. Les légionnaires parachutistes ont débusqué la katiba en plein mouvement. Pour eux trop tard pour s'organiser et bâtir une défense cohérente. Le combat fait rage quand la seconde rotation se présente. Désormais au complet, la "3"détruit l'arrière-garde de la bande. Coiquaud rend compte. Noir au complet. Une trentaine de gars au tapis, trois F.M récupérés, deux prisonniers. Le reste de la bande a basculé dans la cuvette au nord. Pertes Amies, néant. Je tiens la crête pour interdire les fuites.

Après avoir félicité son capitaine, Masselot procède a l'encerclement de la cuvette avec les autres II est 16H15. Encore deux heures de jour. Schéma classique, l'ennemi va tenter sa chance la nuit venue. En conséquence, le commandant procède au renforcement de son bouclage. Ses légionnaires une fois encore démontrent leur métier et prouvent qu'un encerclement de nuit, quand on le veut, peut-être une réussite. Mais cela ne va pas sans mal. La 2e compagnie du capitaine Pouilloux accroche des fellaghas qui sont conscients du danger. Des coups de feux zèbrent la nuit, mais les moudjahidines sont systématiquement rejetés dans la cuvette. Le lendemain 16 mars, le nettoyage reprend avec l'aide de l'avaition qui napalme la zone et des mortiers de 120 de la C.A qui appuient la progression. Matraqués sans répit les fellaghas se terrent. II faut maintenant les déloger Les légionnaires resserrent leur dispositif, au fond des thalwegs et des pentes. Dans ce travail! ingrat la 1 re compagnie se heurte à un élément bien dissimulé.

Le gain de l'action est, cette fois, chèrement payé. Un officier chef de section est grièvement blessé des légionnaires sont touchés. L'un d'eux ne survivra pas à ses blessures. Les harkis de Saint-Charles, enfants du pays, participent au ratissage. Ils connaissent les caches et les habitudes de leurs co-légionnaires. On les entend interpeller en arabe leurs frères ennemis. La peur de la Légion provoque des redditions. Tout ce travail est long et nécessite un nouveau bouclage de nuit. L'opération, mission accomplie ne s'achèvera que le 17 mars dans l'après-midi. Les résultats sont probants : 80 HLL tués et une soixantaine d'armes de guerres saisies.

Au printemps 1958, la vie interne du régiment est marquée par deux événements importants : tout d'abord, l'arrivée à la tête du 2e REP du lieutenant-colonel Lefort et, un peu plus tard, le retour du commandant Cabiro, le célèbre "Cab" des BEP d’Indochine. L'histoire et la légende unies sous la même "fourragère rouge de la Légion d'honneur" Après DE Vismes, "l'aviateur" qui a rompu les légionnaires à la "pratique opérationnelle des hélicoptères", voici le " choc", l'homme de tous les barouds depuis les campagnes de la Libération.

Le 7 avril 1958, Jacques Lefort entend mener "sa boutique" à son rythme, "c'est à dire infernal !" Dès Ie 26 le régiment reprend ses "roulettes" et fonce vers le secteur d'El-Milia qu'il connaît si bien. Chaque djebel lui est familier, chaque maqui , chaque rocher.

Partis dans la nuit de Philippeville, les légionnaires débarquent dans le froid du petit matin, a Oum-Toub - Happés aussitôt par les bananes du DIH de service. Pour les fellaghas, El-Milia est une zone de concentration des bandes qui ont réussi à franchir le barrage. De là, elles rejoignent les willayas où elles ont été affectées. Au plan topographique, le terrain se présente sous la forme d'une dorsale dont les sommets s'étagent de 700 a 1000 mètres orientée est - ouest et encadrée aux lignes de crêtes parallèles hautes de 700 à 800 mètres au nord, et de 400 mètres au sud. II est évident que cette orientation favorise la pénétration a l'intérieur des katibas.

Pour l'heure, ce sont des "faïleks" que l'ALN lance dans la bataille des frontières. Or là, la malchance veut que les bandes rebelles se heurtent au 2e REP. Les compagnies sont héliportées sur les crêtes des Beni-Sbihi. Un peu plus tôt, l'aviation a fait place nette à la roquette et à la bombe, ce qui permet un "poser" sans casse. D'est en ouest les compagnies sont déployées de la manière suivante : la "4" du capitaine Chollet, la "1ère" du capitaine Fayette, la "2"du capitaine Marce, la compagnie portée du capitaine Bourgin, la "3" du capitaine Coiquaud.

Le PC du colonel Lefort et les appuis installés sur le versant ouest du Kom-Bou-Takouk. Les unités s'apprêtent à ratisser le terrain quand un observateur de Bourgin signale une vingtaine d'hommes sur le Ka-Sottara. Une patrouille envoyée reconnaître la position se heurte à une résistance organisée et disposant d'armes automatiques. Lefort qui sent ces choses là, voit dans ce le flanc garde d'un ennemi beaucoup plus nombreux Il demande au commandant de l'opération la permission de chasser les rebelles. Sans attendre, il fait boucler le Ka-Sottara. II faut aller vite, si les fellagahs jouent le piège, ils peuvent éclater vers le Nord. La mise en place du dispositif se fait au pas de charge. A midi, toutes les unités sont en place et attendent les rebelles.

La première, la compagnie Marce éprouve le feu ennemi, puis c'est la compagnie portée qui repousse la tentative de passage en force. Coiqaud et Chollet sont au contact.Quand à Fayette, il attend l'appui d'un peloton de chars, après une préparation d'artillerie et de mortiers de la CA, Chollet et Fayette lancent leurs unités contre les positions de l'ALN. Pendant un quart d'heure la fusillade fait rage, les légionnaires lancent des grenades et tirent de courtes rafales qui atteignent leurs cibles. A 19 heures, les derniers coups de feu retentissent. Le 27, l'aube se lève sur un des plu beaux bilans de la guerre d'Algérie ; à faire pâlir d'envie les Jeanpierre, Bigeard, Buchoud et autres Fossey-François : 199 HLL tués, autant d'armes individuelles récupérées auxquelles il faut ajouter 3 mitrailleuses et 4 fusils-mitrailleurs. Moins de deux jours plus tard, le 2e REP participe à bataille de Souk-Ahras. Empêchés de commémorer Camerone comme il convient, les légionnaires vont faire la fête "aux fells". Un nouveau franchissement se produit dans la nuit du 30 avril au 1er Mai. Le REP qui est arrivé de Philippeville dans l'affaire du djebel Mouadjene à son compte et remporte un beau succès.

Au mois le 2e REP quitte Philippeville, pour relever a Guelma le 1er REP durement éprouvé par la mort de son colonel et de nombreuses pertes. Le 9 juin 1958, le chef de bataillon Morin qui commande provisoirement le 1er REP passe les dernières consignes à l'état-major du 2e REP. A son habitude, "Toto"est déjà parti renifler le terrain. La ville doit sa célébrité aux récents combats qui ont vu l'anéantissement du "corps de bataille" de l'ALN. Jusqu'à l'arrivée du 1er REP, l'OPA fonctionnait à merveille et le FLN "dictait sa loi". Les hommes de Jeanpierre se sont chargés de lui rappeler douloureusement qu'il n'y en avait qu'une, celle de la France. Aussi, les bérets verts sont-ils admirés par une partie de la population et craints par l'autre.

C'est dans ce contexte que les légionnaires du 2e REP reprennent à leur compte les missions de leurs prédécesseurs. Le régiment n'est pas en terre inconnue ; plusieurs séjours dans les parages, le dernier tout récemment à Souk-Ahras, ont assis sa réputation. Mais à la différence du mois d'avril, des jours entiers se passent sans que rien ne bouge. On sent l'ALN au bout du rouleau ; les accrochages se font de plus en plus rares. Les longues marches dans les djebels remplacent l'ivresse des combats. Les Beni-Mezzeline, en particulier, subissent de fréquents et importants ratissages.

Dans cette région au relief accusé où chaque "chabet" se transforme en refuge impénétrable, les rares rebelles rencontrés se défendent avec l'énergie du désespoir. Sur le terrain, bien souvent, l'urgence du combat fait que les légionnaires retrouvent les gestes des pionniers du génie combat: "piéger des mechtas", miner des chemins de montagne empruntés par les rebelles, et parfois, lors de bouclages et de ratissages, débusquer les rebelles camouflés dans les nombreuses grottes des Aurès ou de Kabylie.

Un boulot difficile qui s'effectue le plus souvent dans l'obscurité et l'humidité des eaux résurgentes. Le "commando grotte" ne peut s'empêcher d'éprouver un réel sentiment de claustrophobie et d'appréhender les pièges mortels à l'approche du gouffre menaçant. La "guerre des grottes" coûte cher et, par exemple, si l'on estime que 25 rebelles ont péri dans l'explosion de celle du Chaba-El-M'Klimene, 8 légionnaires, dont le lieutenant Gastaud, ont succombé à l'inhalation de gaz résiduels.

Le major Roos qui eut l'occasion de participer à ce type d'opération n'a jamais oublié "La pire expérience, je l'ai connue avec mon groupe dans une grotte du côté de Guelma en 1958. Après y être entrés sans difficulté, le boyau suintant et noir s'est rétréci au point de nous obliger à ramper avec les lampes torches pour seule lumière, mais qui constituaient aussi des cibles idéales dans cet espace restreint où l'on remue difficilement. Nous savions qu'il y avait du fell. Après un labyrinthe, une caverne. Soudain, au détour d'un coude, un tir nous a bloqués dans le tuyau. J'ai parlementé, mais ils ne voulaient pas se rendre. Le décrochage a été difficile ; nous sommes ressortis en lançant quelques grenades. Nous étions bien contents d'être entiers et à l'air libre. II y avait des légionnaires qui "aimaient" ce travail , moi ce n'était pas mon truc" .

Nous avons bloqué la grotte après avoir vérifié qu'il n'y avait pas d'autre issue, puis le Génie est arrivé.Les sapeurs ont entassé du TNT et ont tout fait sauter.

"Vraiment une sale mort !" Parallèlement à ces activités opérationnelles, le 2e REP mène une action psychologique intense qui permet de détruire l'OPA et déstabilise ainsi le FLN. Le 28 septembre 1958, à Guelma et dans les douars avoisinants, le référendum sur la Constitution se déroule dans le calme le plus absolu. La vie économique reprend et les marchés les plus reculés du bled drainent une population confiante dans l'ordre rétabli par les légionnaires ; ceux-ci n'étant pas les derniers à acheter dans le commerce local pour l'ordinaire et le foyer. La pacification occupe une bonne partie de l'été et de l'automne ; saignée à blanc, l'ALN de Tunisie tente de se reconstituer vaille que vaille.
Plus jamais cette force ne représentera une menace ; les bandes tentent de franchir le barrage par petits paquets qui sont impitoyablement anéantis. Dans cette région montagneuse des Aurès, l'hiver est synonyme de courtes journées de brouillard glacé et d'humidité permanente.

Le blizzard balaie les crêtes, transperçant les légionnaires. Le plafond, au plus bas, interdit toute activité aérienne. Les pistes ravinées où les camions s'embourbent sont impraticables. Et pourtant, l'activité opérationnelle ne ralentit pas pour autant "Les fells doivent constamment ressentir la menace qui pèse sur eux". Aussi, l'activité opérationnelle du régiment ne faiblit pas : djebel Mahouna, djebel Mahres, El-Milia, environs de Guelma... encore 73 HLL hors de combat à la fin de 1958. Avec les beaux jours de 1959, les opérations reprennent de plus belle. Le 1er mars, après un court séjour au camp Pehau à Philippeville. le 2e REP revient à Souk-Ahras fouiller le maquis, en l'occurrence ke douar Ouillen qui présente toutes les caractéristiques d'un traquenard.

C'est au tour du capitaine Bourgin de "faire l'ouverture" et de fouiller l'oued Berrik. Devant sa jeep, le 4X4 d'une batterie d'artillerie saute sur une mine. Bourgin fait donner les premiers secours aux blessés, puis il prend la tête de la colonne pour vaincre l'appréhension compréhensible des "conducteurs appelés". Arrivé sur la zone dangereuse, il fait débarquer sa compagnie et l'engage sur le mouvement de terrain à fouiller. A 150 mètres d'une mechta, la section du lieutenant Bonneton est prise à parte par des rebelles bien camouflés. Le capitaine fixe l'ennemi par le feu de sa section de commandement, puis il ordonne au lieutenant Dorr de prendre les fellalaghas à revers. Pendant que les sections maneuvrent par le Nord, Bourgin, facilement repérable par les antennes de ses radios, reste debout, guidant ses tireurs, désignant les objectifs dans les amas rocheux. La section Dorr est au contact quand soudain, le capitaine chancelle et tombe. Aucun doute possible, le capitaine Bourgin a été touché et sa blessure est des plus mauvaises qui soit : une balle dum-dum dans la poitrine, celles qui ne pardonnent pas.

A 14H30, Bourgin expire : von Palaïeff rejoint Seegers et les autres au Parnasse des Légionnaires. Le lieutenant Dorr prend le combat à son compte. Une balle coupe la courroie de ses jumelles ! Fous de rage, les légionnaires se lancent à l'assaut des rebelles. Deux sont tués, mais à 15H45, les 9 rebelles gisent morts sur leurs positions. II n'y a pas eu de quartier. Un fusil-mitrailleur et 6 armes de guerre tombent entre mains de la CP. Au total, le 2e REP déplore 3 tué 3 blessés pour 46 HLL tués et 2 prisonniers. Plus de 40 armes sont récupérées dont des mortiers.

Bien que basé à Guelma, le 2e REP n'y séjourne guère, les opérations se succèdent, sans grand succès ; l'époque des bilans fabuleux est révolue. L'orgueilleuse ALN est ramenée à sa condition précaire de bandes plus ou moins contrôlées et dont les chefs se taillent de petits fiefs en organisant leur propre guerre. Aussi tombent-ils les uns après les autres à l'exemple d'Amirouche dont les paras du 6ème RPIMA diront après l'avoir mis hors de combat "Il est mort comme un chacal" Néanmoins, les légionnaires parachutistes fouillent consciencieusement les djebels : beaucoup de sueur, peu de chose comme en témoigne cet extrait de l'article de Képi-Blanc 16 mai (1959).

Le 16 Mai 1959 une opération est montée pour nettoyer le Pain-de-Sucre. Dès 02H30, le brouillard s'est heureusement dissipé. Bientôt, le sous-bois engloutit une à une les compagnies. Une douzaine de kilomètres à parcourir dans une obscurité totale, sur une piste semée d'embûches. Au petit jour, la piste est abandonnée et les unités s'enfoncent profondément dans le maquis. L'emploi du coupe-coupe est nécessaire. Les épineux s'accrochent rageusement aux tenues de combat ; nous avançons lentement. Mais la mer est proche et nous ne sommes plus qu'à trois kilomètres de ce fameux Pain-de-Sucre. Le ratissage commence en direction de la mer. Les compagnies ont encerclé l'imposant rocher. II va être traité par les B 26 et les T 6. Un premier piqué et, quelques secondes plus tard, une épaisse fumée blanche s'élève du rocher. Après quelques passages acrobatiques, la chasse s'éloigne, cédant la place au piper d'observation. Peu après, une compagnie va fouiller le Pain-de-Sucre. C'est a une belle partie d'ecalade, a laquelle l'a convié le commandement.

Chaque trou, chaque grotte sont visités soigneusement. En vain, le piton ne recèle aucune trace suspecte. L'opération est démontée. Le secteur de Guelma paraissant apaisé, le 2e REP continue son périple et vagabonde de la plaine de Bône et ses avancées du Tarf à La Calle, aux confins sahariens, un détour à Tlemcen au début de l'année 1959, mais il revient toujours à son terrain de chasse de prédilection : les Aurès. De temps en temps, une remise en condition à la base et des activités TAP, l'arrivée de renforts frais émoulus de Sidi-Bel-Abbès ou de Saïda, l'occasion de régler des problèmes de maintenance logistique, des sorties en rade de Stora... On est loin de la frénésie opérationnelle du deuxième trimestre 1958 sur le barrage. Néanmoins, le 23 juin 1959, le 2e REP intercepte une bande dans les orangeraies des environs de Bône. Le régiment tue 29 HLL et fait 10 prisonniers. II récupère en outre un important matériel dont 3 postes radio AN/GRC 9. Mais entre les accrochages, vers Batna, El-Kantara, Philippeville, ce sont les tâches ingrates où les résultats ne compensent pas les fatigues qu'occasionnent une suite ininterrompue d'opérations qui ont pour but la recherche des derniers reliquats rebelles encore implantés dans la région mais qui refusent obstinément "le combat".

Tout change au troisième trimestre 1959. Le 2e REP rejoint le reste de la 25e DP engagée dans une longue série d'opérations ayant pour objectif de nettoyer définitivement toutes les régions d'Algérie, principalement la Kabylie berceau de la rébellion et le Constantinois qui en est l'un des bastions. Sans cesse, les légionnaires parachutistes "droppent" le djebel a la poursuite de l'ennemi insaisissable. Pendant 1 an, alors que la situation politique se dégrade, le 2e REP mène une chasse impitoyable, décimant toutes les bandes et les rares katibas se trouvant sur son chemin. L'affaire des barricades a d'Alger au mois de janvier 1960 et la chute du "camp retranché" de Lagaillarde et Ortiz le 1er février ont une conséquence inattendue pour le régiment. Celui-ci se trouve renforcé "involontairement" du Commando Alcazar qui faisait partie des unités territoriales qui se sont rendues au colonel Dufour, commandant le 1er REP. A la grande surprise de Darmuzaï Gaulliste pur et dur qui commande le Régiment en l'absence du colonel Lefort parti à Paris, le commandement impose la présence du commando Alcazar qui, à défaut de fléchir le général de Gaulle, veut "casser du fell".

En moins d'un mois, et quelques nuits passés sur le terrain dans un environnement hostile, sans parler de la discipline de la Légion, le "commando" se délite............ Le 11 février, le colonel Dufour vient en hélicoptère à Chefka pour récupérer le docteur Jean-Claude Pérez et Jean-Jacques Susini qui doivent être déférés à la justice : malgré les accords survenus lors de la reddition des barricades. Un mois plus tard, le commando est dissous.

Le 1er avril 1960, arrivé à la fin de son temps de commandement, le colonel Lefort, qui deviendra plus tard "inspecteur de la Légion" est remplacé par le tenant colonel Darmuzaï, dit "petit Pierre" à cause de sa petite taille. Pendant un an, le régiment va vivre sous la règle de cet homme tatillon, complexé de ne pas avoir grandi et d'être "seulement sorti de Saint-Maixent". Son expérience à la tête du 1er BEP Indochine n'a pas laissé que des bons souvenirs aux anciens du bataillon. Plus méfiant que confiant, il est plus redouté qu'aimé. Sous son commandement, le 2e REP passe le printemps et l'été 1960 dans le secteur d'El-Milia, sillonne les Aurès et fouille la région de Khenchela, Tous ces noms sont familiers aux légionnaires parachutistes ils y ont fait jadis du bilan, mais aujourd'hui règne une certaine morosité.

Le 14 août débute l'opération Alexandrine. Agissant sur des renseignements fiables, le 2e REP se déplace rapidement en hélicoptère vers la forêt des Ouled-Ali pour surprendre les rebelles dans leurs refuges les unités poursuivent à pied, et achèvent le bouclage du secteur à 6 heures du matin. Ne laissant pas le temps aux fellaghas de se ressaisir, le régiment entame aussitôt le ratissage et débusque les premiers djounouds qui refusent le contact. Néanmoins, les accrochages se multiplient jusqu'à 18 heures, quand les fells, cherchent à s'évader à la faveur de la nuit. Le 2ème REP qui compte un blessé, reste maître du terrain.

Le bilan fait apparaître 10 HLL tués et 27 suspects arrêtés. Plusieurs armes, dont une automatique, tombent aux mains des légionnaires parachutistes. Est-ce le temps est ce l'ambiance générale, le tribut payé en regard des résultats ? Beaucoup d'anciens qui avaient survécu aux viets et à leurs geôles trouvent la mort dans les djebels. Hier Bourgin, aujourd'hui Planet et Lezzi, comme si une époque était révolue. Heureusement il y a Cabiro, véritable interface entre Darmuzaï et le reste du régiment ; "le Cab" qui atténue les heurts, communique sa joie de vivre aux légionnaires. Le 23 septembre, le régiment regagne le camp Pehau pour une courte période de remise en condition il rejoint Bou-Hammama où commence l'opération Ariège.

Quand on donne l'assaut , il est nécessairement des hommes en tête . Ceux-là meurent presque toujours. Suivez-moi pour l'assaut et l'odeur de la poudre brûlée ...J'ai tous les droits car en cette seconde,je connais bien ce que je fais ...je donne la mort !

Mais je veux surtout la victoire. Quand me demandaient-ils , quand finira la guerre? Nous voudrions aussi comprendre quelque chose . Tu veux qu'ils s'aiment ? Que l'un serve l’autre. Et que l'autre serve l’Empire. Offres-lui un vêtement a sa mesure, et qu'il s'y sente a l'aise . Et le même vêtement pour tous . Alors ils s’aimeront, de s'épauler l'un l'autre et de bâtir ensemble. J'aime la guerre qui tend vers la Paix.