Légion étrangère - 2ème Régiment étranger de Parachutistes - Guerre du Tchad
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Guerre du Tchad 1969-1970 2eme Etranger de Parachutistes

     Je dédie cette page aux Légionnaires Parachutistes ...et aux Paras de l’Infanterie de Marine ....MORTS POUR LA FRANCE ...dans l'indifférence générale des POLITIQUES et de L'OPINION PUBLIQUE DES FRANÇAIS DE MÉTROPOLE
JE dédie cette page a tous ceux qui ...au retour du Tchad ...se sont retrouvés dans les Hôpitaux militaires pendant des mois et qui gardent des séquelles importantes pour le restant de leur vie.

      Je dédie cette page aux pilotes d’hélicoptères H 34...et tirailleurs hélicos et leur canon de 20MM...qui nous ont si souvent sortis de la merde ...et apporté par voie aérienne vivres et munitions durant cette année 1969-1970.
Nous les remercions également d'avoir pris des risques ...lors de nos évacuations sanitaires d'urgence....vers Fort-Lamy .
Enfin une pensée pour les Anciens Légionnaires de la 2eme Compagnie 2eme section  "membres actifs" de ce forum ...survivants de ce MERDIER : BERTIN , L'ARCHANGE,PATAT

Note :
« -Jamais peut être, au cours de leur histoire, les soldats Français n’ont eu a affronter, comme au Tchad, autant de difficultés.
      Aux rigueurs du climat, il fait parfois 50 degrés a l’ombre, a la fatigue des opérations en pays de savane ou de désert, aux pertes dues aux combats, s’ajouteront l’animosité de leurs « alliés » Tchadiens ,l’hostilité et l’incompréhension d’une opinion publique métropolitaine sensibilisée par une presse déchaînée et l’incompréhension ou l’indifférence de leur propre gouvernement .
Pour le Président Pompidou l’intervention extérieure a des reflets de néo colonialisme. Aussi n’osera-t’il jamais provoquer une décision gouvernementale classant le Tchad comme « théâtre d’opérations extérieures » et consentira-il du bout des lèvres a ce que la mention « mort pour la France » soit attribuée a ceux qui faisant leur devoir ,jusqu’au bout ont offert leur vie pour leur conception de l’obéissance.

     Courageusement les Français se sont mis a l’ouvrage. En dix huit mois ils ont rempli ce qui était leur première mission ,réduire la rébellion. Défaites ici ou la, les bandes se sont soumises ou ont été anéanties ou mises dans l’obligation de se réfugier hors du Tchad, au Soudan. »

     Erwan Bergot ancien officier de Légion,ancien de Dien Dien Phu, HISTORIEN et ÉCRIVAIN dans son livre « la Coloniale »Presses de la Cité

Morts pour la France Tchad

04/04/1975 - commandant Pierre GALOPIN
31/12/1969 - Légionnaire Alain MERLEK (cie de Marche 1er RE/2eme REP)
29/11/1970 - Légionnaire FOURMANN (cie de Marche 1er RE/2eme REP)
30/12/1969 - Légionnaire Pietro ASTOLFI (cie de Marche 1er RE/2eme REP)
29/11/1970 - Légionnaire Parachutiste Ranco RAVIC (2eme REP)
23/10/1970 - Légionnaire Parachutiste Mirko DRIBAR (2eme REP)
11/11/1969 - Légionnaire Parachutiste Maxime DEPUIS (2eme REP)
06/03/1970 - Médecin Capitaine de LARRE de la DORIE (2eme REP)
11/10/1970 - Marsouin Parachutiste NORBERT MARTIN (CPIMa) 18 ans
19/10/1970 - Caporal-chef Jacques THOMAS (mort des suites de ses blessures) CPIMa
17/09/1970 - Sergent Daniel SAULIERE (60ème EBIMa/6ème RIAOM)
18/02/1972 - Adjutant Georges DARTIGAUX (ALAT)
18/02/1972 - Lieutenant Frederic LAVAL-GILLY (ALAT)
11/06/1972 - Sergent-chef Jean POINT-DUMONT (AMT)
11/06/1972 - Adjudant René DELAVEAU (AMT)
28/03/1972 - Adjudant Etienne HOAREAU (AMT)
15/03/1970 - Adjudant Régulus ORSINI (AMT)
15/03/1969 - Adjudant Marcel ORIONE (AMT)
24/03/1971 - Sergent-chef Christian LARGE (Cadre de l'Armée Tchadienne en AMT)
06/03/1970 - Médecin de 2ème Classe Michel de LARRE de la DORIE (2ème REP)
24/03/1970 - Médecin de 1ère Classe Guy GARCIA
07/04/1984 - Sapeur-Parachutiste Raoul MORANDO (21 ans) 17ème RGP
07/04/1984 - Sapeur-Parachutiste Philippe TURPIN (20 ans) 17ème RGP
07/04/1984 - Sapeur-Parachutiste Bruno ROUSSEL (20 ans) 17ème RGP
07/04/1984 - Sapeur-Parachutiste Eric GOFFIN (21 ans) 17ème RGP
07/04/1984 - Caporal-chef Gilles UNGAR (23 ans) 17ème RGP
07/04/1984 - Caporal Etienne HORWATH (21 ans) 17ème RGP
07/04/1984 - Sapeur-Parachutiste 1ère Classe Philippe LABRO (20 ans) 17ème RGP
07/04/1984 - Caporal Laurent REHAL (19 ans) 17ème RGP
07/04/1984 - Caporal Philippe BECK (19 ans) 17ème RGP
19/04/1978 - Caporal-chef FONTAINE (RICM)
19/04/1978 - Sergent Jean-Michel GEMEHL (RICM)
18/02/1972 - Commandant Alain LE PULLOCH' (6ème RIAOM)
18/06/1971 - Marsouin Parachutiste Yvon MARTIN (CPIMa)
25/01/1984 - Capitaine Michel CROCI (EC 4/11)
18/06/1971 - Sergent Michel DIARRA (CPIMa)
12/03/1971 - Caporal-chef jean DIOT CPIMa
23/01/1971 - Sergent-chef Bertand CORTADELLAS CPIMa
22/01/1971 - Marsouin Parachutiste 1ère Classe François DEMIRAS
11/10/1970 - Marsouin Parchutiste 1ère Classe Bernard RAYGASSE CPIMa
11/10/1970 - Marsouin Parachutiste Rémi SCRIVE CPIMa
11/10/1970 - Caporal Sylvain BLUTEAU CPIMa
11/10/1970 - Marsouin Parachutiste Edouard DOUTY CPIMa
11/10/1970 - Sergent-Chef Dimitri VORONINE CPIMa
26/10/1971 - Marsouin-Parachutiste Patrice ZNIEWSKI CPIMa
31/07/1971 - Marsouin-Parachutiste Louis ALLAIN CPIMa
25/04/1978 - Caporal MARIE-JOSPEH 3ème RIMa
19/05/1978 - Adjudant ALLOUCHE 3ème RIMa
19/05/1978 - Caporal LENEPVEU 3ème RIMa
12/02/1979 - Marsouin 1ère Classe JOLIBOIS 3ème RIMa
11/10/1970 - Caporal Dominique RIGAUD CPIMa
11/10/1970 - Marsouin 1ère Classe Lucien DETAILLER CPIMa
11/10/1970 - Marsouin Parachutiste Eric ARONDEAU CPIMa
11/10/1970 - Caporal-chef Albert GAGNOL CPIMa
11/10/1970 - Sergent Bernard NESSUS CPIMa
27/03/1970 - Marsouin parachutiste André HAREL CPIMa
27/03/1970 - Marsouin Parachutiste Jean-Pierre SIDLER CPIMa
24/03/1970 - Caporal Gilbert GOURET CPIMa
24/03/1970 - Marsouin Parachutiste Roland DELLA CHIESA CPIMa
07/09/1969 - Marsouin 1ère Classe Jean-Louis DESRUES CPIMa
03/03/1908 - Sergent Gilles POLIN (28 ans) 1°RPIMa

    2rep livre

Une pensée pour les dizaines et dizaines de blessés dont nous n'avons pas les noms .....le Ministère des Armées ayant observé la langue de bois habituelle a ce sujet. Quant aux légionnaires-parachutistes qui décimés par les maladies endémiques ...par la difficulté des opérations ...ont été rapatriés sanitaires sur l’Hôpital de Marseille ...les séquelles sont bien et bien encore la ....+ de 40 ans après ...et ont foutu une partie de notre existence en l’air.

     Ces quelques pages tirées de mon bouquin n'ont pas de valeur historique ...encore que..
J'ai puisé dans ma mémoire ...et j'ai seulement voulu écrire..quelques situations et l’état d'esprit ...dans lesquels nos Camarades et moi ...nous étions ...et la difficulté des opérations de la 2eme Cie au Tchad en 1969-1970...dans un pays 3 fois grand comme la France ...et dans une zone désertique ...une des 3 plus chaudes au MONDE ....sans aucune aide du MINISTÈRE...qui nous avait laissé tomber ....!
      IL est désormais temps de vous faire mes Adieux !.
Le 14 Mai 1969, après une alerte Guépard de la 11 ème Division Parachutiste, le Régiment fait mouvement vers le Tchad, afin de renforcer les troupes Gouvernementales Tchadiennes, qui ne maitrisent plus la situation devant la montée militaire du Front de Libération National Rebelle.

    A 16 heures la 1ère Cie, embarque dans un Transall et un Bréguet deux ponts. Il n'a fallu que 5 heures a l'Etat-Major Tactique No 1, du 2ème REP, pour être prêt a partir en "opérations".Le reste du détachement Guépart avec la 2ème Cie, quittera Calvi le lendemain matin.Dès son arrivée a Fort Lamy, des camions transportent le détachement du 2ème REP au camp Dubut.

      Le temps presse. Chaque minute compte. Les compagnies recoivent de vieux vehicules, qui pourissaient sur cales depuis une époque indéterminée, il faut donc les remettre en marche, et pour cela les legionnaires travailent jour et nuit.

      Le 28 Avril le Régiment est prêt .
L' Emt1 (la 2ème compagnie ) part pour 15 jours, dans la province du Guera, a cinq cent kilomètres vers l'Est, Il a pour mission d'aller contrôler la situation de Mangalmé, ou la sous-préfecture a été attaquée par les rebelles quelques mois plus tôt, et dont on est sans nouvelles. Au passage il établira une base avancée a Mongo.
La 2ème Cie se met en route, dans les vehicules, la tête enveloppée d'un chèche, lunettes de soleil étanches, col de chemise étroitement fermé, manches rabattues, les légionnaires ressemblent a de vrais Sahariens. Pendant cette avancée pénible, plusieurs légionnaires devront être évacués vers Fort Lamy par hélico n'ayant supporté ni la chaleur +55 a l'ombre ni les premières restrictions d'eau. La colonne arrive en fin de journée a Mongo, ou le Préfet les informe, que les rebelles se cachent dans l'Abbou Telfan, un massif montagneux culminant a 1360 mètres C'est dela, que le FROLINAT part pour harceler Mongo, et Mangalmé
      -"J'exploiterai ce renseignement des demain matin, dit le Cdt de Chastenet"
Le Général Arnaud: "Pour la première fois, dans sa longue et glorieuse histoire, la Légion vient en Afrique Centrale"

2repripep NOTRE TERRAIN DE CHASSE

Tibesti

      Le Tibesti est essentiellement constitué de deux chaînes volcaniques qui, se rejoignant, dessinent un grand V. Les caprices des géographes font qu'aujourd'hui 80% du Tibesti appartient au Tchad et 20% à la Libye. Les volcans les plus importants sont :
1)    le pic Toussidé et son imposante caldeira dite "Trou au Natron" (au nord de la chaîne occidentale)
2)    l'Emi Koussi, la plus haute montagne du Sahara à 3.450 m (au sud de la chaîne occidentale). Au sommet s'ouvre également une énorme caldeira de plusieurs centaines de mètres de profondeur.

Le Borkou

      Le Borkou est la plus vaste région sédimentaire du Tibesti. Située au sud du point de jonction des 2 branches volcaniques du Tibesti, le Borkou, avec ses paysages ruiniformes dignes des plus beaux tassilis algériens, est une merveilleuse région à découvrir (surtout à pied), d'autant plus que sa richesse en eau fossile a fait naître quantité d'oasis. Faya Largeau est la plus vaste de toutes, mais il y a aussi Yarda, ou encore Kouroudi !

L'Ennedi

      Au sud-est du Tibesti, au delà de la vaste dépression du Mourdi, apparaît l'Ennedi, un vaste plateau de grès, de forme triangulaire. Quoique peu connu, l'Ennedi est l'un des plus beaux endroits du Sahara central, en particulier sa façade sud-ouest, totalement rongée par l'érosion. Un délire de pierres unique au monde, fait de "citadelles" creusées de mille arches et grottes, dont certaines, ornées de la présence millénaire de l'homme.

2repripep  LA MISE EN PLACE

Les premiers événements débutent en 1967 par l'attaque de la gendarmerie de Mangalmé ou un officier Français est tué, puis en 1968 par l'assassinat de deux médecins Français tués par les hommes d'Ibrahim Abatcha leader du Front de libération duTchad (FROLINAT).
A cette même époque en 1968 la ville de Bardaï au Nord du Tchad dans le Tibesti est sur le point de tomber. Le président du Tchad Tombalbaye demande une aide à la France pour reprendre cette ville et assurer la sécurité des populations. Fin août le 3eme Régiment de Parachutistes d'Infanterie de Marine débarque à Faya Largeau et dégage au bout de 3 semaines la ville de Bardaï.
La situation ne fait qu'empirer. Le 15 mars 1969 un sous officier Français est tué a Oum El Hadjer le Général Arnaud reçoit pour mission de former l'armée Tchadienne profondément désorganisée tandis que le gouverneur Pierre Lami s'attaque aux Préfets qui lèvent des impôts a tout bout de champ, soulevant ainsi les populations. Dans cette situation le gouvernement Français par l'intérim qu'effectue le Président Poher décide l'intervention Française. Le 2ème REP étant le fer de lance de la 11 en Division Parachutiste est placé en alerte Guépard, et intervient en 48 heures le 16 et 18 Avril 1969, par un transport aérien d'urgence.
• Juin 1965 refus de payer l’impôt de capitation (prélèvement sur leurs troupeaux) les Moubi massacrent les autorités administratives.
• Représailles de l’armée Tchadienne 500 morts
• Septembre 1965 a Bardai (préfecture du tibesti) 5 morts
• 21 juin 1966 assaut livré par les rebelles contre le centre d’Am-Timan : 3 soldats tués
• Juillet 1966 combat. 16 septembre 1963 manifestation a Fort-Lamy. La troupe intervient : 300 morts entre les soldats du FROLINAT et soldats de l’ANT a Mangalmé (préfecture du Batha) : 23 morts récupération d’une mitrailleuse lourde
• 22 juillet Mangalmé, nouvelle attaque : 3 morts
• 31 juillet accrochage dans le centre de Koudjourou (préfecture du Batha). Evacuation des troupes de l’ANT
• 10 septembre : les partisans attaquent les soldats gouvernementaux pillards : 3 morts
• 18 septembre 1966 accrochage entre partisans de l’ANT a malikharoum : 5 morts
• 22 novembre les partisans attaquent une ligne de défense de l’ANT : 5 morts
• 22décembre 1966 attaque d’un groupe de méhariste dirigé par le chef Aboud : 5 morts
• 9 janvier 1967 les partisans attaquent un colon israélien dans la ville d’ATI-BATHA
• 10 janvier 1967 une grenade est lancée contre un groupe des soldats de l’ANT au centre de Koundjourou : 2 blesses
• 11 janvier les partisans attaquent le centre de KUISI (préfecture du BATHA) le chef et trois gendarmes sont tués
• 13 février : le chef BACHIR des tribus BOURGOUDE et MARAOU le chef et trois gendarmes sont tués
• 21 février 1967 les partisans lancent une attaque d’envergure contre le préfet de SALAMAT, KADRE ALLIO a l’aide d’armes automatiques et de bazookas : 40 morts, plusieurs tonnes d'armes et de munitions sont récupérés
• 9 mars 1967 attaque dirigée contre les soldats tortionnaires d’un village : 30 morts
• 21 mars ABBES le chef de la tribu des TOURNANG est abattu a ABOUDEIA
• 21 avril : prise importante de matériel lors d’une attaque de la localité de DARKA
• 8 avril un patriote et trois soldats sont tués lors d’une attaque contre ABOUDEIA
• 9 avril capture du commerçant israélien SHMIDT au cours d’une embuscade sur la route MELFI-ABOUDEIA
• 18 avril au cours d’une embuscade a NARGUI (GUERA, capture d’ABOUSIN chef de tribu : 3 patriotes et 21 soldats sont tués. Récupération d’une mitrailleuse.
• 18 mai 1967 : attaque dirigée contre le centre de HADJAR-MADGO : 3 soldats tués, 8 prisonniers
• 18 mai 1967 les partisans attaquent ARBOUT-CHATAC centre de GOZ-BEIDA : 5 morts
• 20 mai attaque lancée contre BOKORO : 3 morts
• 28 mai dans la préfecture du WADAY un soldat de lent est fait prisonnier30 mai grande bataille a
ABOURDA 15 morts du coté de l’ANT
• 15 juin incendie d’un camion de transport de l’ANT, société coloniale SCKN
• 12 juillet le centre MASALASEL est attaquée 4 soldats tues
• 21 juillet attaque d’envergure des partisans contre le centre de GAMA, qui sera occupé 24 heures : 4 morts importante récupération de matériel.
• 28 juillet importante attaque de l’armée de libération nationale contre le centre de HARRAZ (préfecture du BATHA). Le chef Mohammed DJEBELIK est tué : 20 morts dont un commandant. Butin 25 fusils ,4 fusils-mitrailleurs, 35 grenades, 4 caisses de munitions
• 24 août attaque des partisans contre un cantonnement de l’armée gouvernementale ayant a sa tête trois officiers israéliens. Cinq heures de combat. Défaite des troupes gouvernementales. Bilan : les trois officiers israéliens tués, 25 partisans morts. Récupération de 60 fusils, 6 pistolets mitrailleurs, 3 canons, 3 caisses de munitions, 45 grenades
• septembre 1967 : 1 gendarme français est tué
• 23 novembre 1967 les troupes gouvernementales sont attaquées a l’est d’ATI 8 soldats sont tués par des partisans
• 24 novembre le centre d’HADJAR MODOGO (préfecture du BATHA) est attaqué : 12 morts, 8 blesses
• 25 novembre les soldats de l’ANT attaquent par surprise les forces partisanes stationnées au centre de la préfecture de BATHA échec les soldats se replient en laissant 3 morts
• 7 décembre 1967 dans la préfecture du BATHA un poste d’observation est pris d’assaut par les partisans : 5 morts
• 8 décembre après un verdict populaire, dans le centre du BAHREL GHAZAL le sultan SOKOUMA, le fils du cheikh TIDJANI et leurs complices sont exécutés.
• 13 décembre dans la préfecture du BATHA les partisans arrêtent et exécutent le cheikh ABOUDOUROU ABAKAR et ses collaborateurs. Le même jour assaut dirigé contre un groupe de soldats de 'ANT
• 16 décembre aux environs du centre deMASSAKORY dans le village de DOUMTPON une bataille acharnée oppose les forces partisanes : 34 morts de nombreux blesses, 4 camions de 5 tonnes incendies
• 27 décembre : attaque surprise des forces gouvernementales contre les partisans, le combat dure sept heures. Des mitrailleuses lourdes et légères sont utilisées du cote gouvernemental qui enregistre de nombreuses pertes en hommes et en matériel seulement 2 partisans seront tues.
• 29 décembre aux environs de RIG-RIG attaque surprise des soldats de l'ANT dirigée par des mercenaires : de nombreux morts et blesses du cote des forces réactionnaire, 34 partisans tués
• 20 janvier 1968 embuscade sur la route qui relie GOZ-BEIDA a Apache : 3 morts dont un mercenaire Européen. Capture de deux autres mercenaires dont l’un sera abattu en tentant de s'enfuir et de nombreux soldats. Ce même jour est annoncé l’assassinat de deux médecins Européens dans l’est par des bandes rebelles
• 1er février 1968 embuscade sur les bords du lac FODJO de nombreux morts. Récupération d’un important matériel militaire
• 2 février attaque surprise dirigée par les forces gouvernementales contre le village d’HIBAN
• 11 février nouvelle attaque surprise contre le village de DOUGOUM près de la ville d'AM-TIMAN : 3 morts. Le même jour mort au combat d’IBRAHIM ABATCHA secrétaire général du FROINAT
• 5 mars les partisans attaquent le centre d’AOUZOU occupé par les forces gouvernementales : 8 morts, les autres prennent la fuite important lot d’armes et de munitions récupères par la rébellion
• 11 mars une compagnie constituée par 40 soldats gouvernementaux tombe dans une embuscade tendue parles partisans sur la piste de BARDAI 1 mort, deux blesses, le reste prend la fuite
• 13 mars nouvelle embuscade sur la piste de BARDAI : 5 morts
• 16 avril 1968 dans le centre d’AOUZOU les partisans attaquent un camion transportant des soldats de l’ANT. Le camion est incendié un lot important d’armes et de munitions et de médicaments est récupérée.
• 3 mai accrochage entre forces partisanes et gouvernementales dans le centre d’AOUZOU un lieutenant et plusieurs soldats sont blesses confiscation d’armes et de munitions
• 16 mai nouvel accrochage sur la piste d’AOUZOU-bardai 3 morts deux autres grièvement blesses- Mai 68 des combattants TOUBBOUS massacrent la garnison d’un poste situé dans la région d'AOUZOU et récupèrent leurs armes. Ils détruisent en outre deux colonnes de secours de 32 et 100 hommes
• juin 1968 20 villageois sont assassiné par les forces Tchadiennes
• 1 juillet 1968 les forces régionales de l’armée de libération dirigent une attaque surprise sur la préfecture de MELFI
• 7 juillet 68 aux environs de MELFI l’armée révolutionnaire lance une attaque contre les soldats gouvernementaux. Combat a l’arme blanche pendant 45 minutes : 8 morts et 15 blesses graves du cote gouvernemental, 2 partisans tués
• 25 juillet les partisans attaquent la piste d’AOUZOU- Bardai un convoi militaire de trois camions : 4 tues,4 blesses
• 26 juillet embuscade sur la route relayant Melfi a Fort –Archambault: 2 morts, 10 blesses graves, aucune perte chez les partisans
• 27 juillet embuscade contre les restes de la compagnie précédemment vaincue : 10 tues, 9 blesses graves, 9 prisonniers dont le lieutenant qui est exécute après un verdict populaire. Importante récupération de matériel : 2 camions de transport militaire, 2 mitrailleuses lourdes, 5 mitrailleuses légères.
• Août le colonel DJOKO commandant la zone de BORkou ennedi-tibesti est victime a la tête de sa compagnie d’une embuscade sur la piste d’Aozou Bardai : 9 morts, 13 blesses
• C’est le même jour qu’est décidé l’intervention française

Vive la Légion étrangère
Et quand défilent les képis blancs
Si leur allure n’est pas légère
Ils portent tous tête haute et fière
Et s’élançant dans la fournaise
Le cœur joyeux jamais content
Au son de notre Marseillaise
avent combattre les képis blancs

• 14 janvier 1969 au village de Tidjai situe au sud de Goz-Beida les soldats de l’Ant encerclent le village afin de procéder au recouvrement de l’impôt impayé depuis trois ans les soldats ligotent les villageois et les laissent durant plusieurs heures exposes au soleil 55° a l’ombre. Un groupe de partisans alerté intervient : 15 tues, 9 blesses du cote Tchadien importante récupération de matériel -16 février 1969 attaque surprise contre le poste de Kirdimi aux environs de Faya-Largeau: 3 morts, 5 prisonniers
• 27 février 1969 attaque du camp de Tiareb 5 tues, 7 blesses. Les partisans s’emparent de trois mortiers
• 28 févier 1969 a midi sur la route d’Ati-Mongo un convois de soldats de l’ANT tombe dans une embuscade 15 tues du cote de l’ANT dont le préfet de Guera. 4 mortiers sont récupères
• 1er mars 1969 un groupe de commandos du FROLINAT attaque une patrouille de gouvernementale qui stationne au village de SAROUF près de Mangalme a Alo au sud d'Am-Dam : 2 tués, de nombreux blesses
• 12 mars 1969 un groupe de partisans attaque le corps de garde de l’aéroport militaire construit par les israélien et situe près de la frontière Tchado-Soudanaise: 9 tues, 5 blesses du côté du corps de garde. Le sultan Brahim Barka est tué.
• 13 mars s 1969 violent combat dans la localité de Darbïa : 14 tués de nombreux blesses. Partisan tué ;
• 15 mars 1969 l’adjudant chef Orione qui servait dans les sections méharistes Tchadiennes est tué dans le région d’Oum-Hadjar au centre du Tchad
• 13-14 avril 1969 dans la région de Zouar attaque surprise dirigée par contre un groupe de soldats gouvernementaux. Un renfort demandé auprès du commandant de Faya-Largeau est intercepté : 11 soldats tués, 15 blesses, 1partisan tué
• 17 Avril 1969 260 légionnaires a bord de deux avions de l’Uta prennent la direction de Fort Lamy départ de Nice, justification officielle renforcement de l’escale militaire de Fort-Lamy
• La représentation va pouvoir commencer, les trois coups sont sonnés, la Légion Etrangère, repésentée par deux compagnies du 2e Régiment Étranger de parachutistes, appartenant a la 11eme Division légère aéroportée d’intervention va commencer. A cette époque la base 173 de Fort Lamy est avec DAKAR au Sénégal et Diego-Suarez a Madagascar la principale base française des forces en Afrique Le dispositif comprend 5 a 6.00 hommes. A ceci vient s’ajouter le gros des forces basé dans le sud-ouest et en Corse, qui forment la "11eme division parachutiste légère aéroportée" dont le 2eme REP qui rentre d’Algérie et cantonne a Calvi Corse. Ce régiment est le "fer de lance" de cette division aéroportée composée uniquement de régiments parachutistes. La seule intervention de cette division légère d’intervention ayant eu lieu au Gabon en février 1964 dans le but de maintenir en place un putsch dirigé contre le président Leone Mba.
Les forces françaises au Tchad se composaient a cette date de: 12 compagnies d’infanterie nomade, un groupe saharien sur véhicules, une batterie d’artillerie, et 1 escadron blindé qui contrôlait la bande d’AOUZOU Le Tchad ne représente aucun intérêt économique, si ce n’est celui d’être situé au centre de l'Afrique et de représenter une base de lancement d’éventuelles opérations de soutien militaire des opérations africaines, en vue de la protection des gouvernements mis en place avec la bénédiction du gouvernement francais.
De la base 173 de Fort Lamy camp Dubut peuvent éventuellement partir les opérations de soutien pour toute l’Afrique francophone et du Tchad en particulier. Les opérations continuent.

«La routine…»

     Pour la 1ère fois depuis la fin de la guerre d'Algérie la France se trouve engagée par des accord de défense signés en 196O sur la scène Africaine. Ce pays subit des luttes ethniques amenées par une décolonisation bâclée et une corruption généralisée sur tout le pays. A partir de 1969 l'Algérie assure la logistique, facilite le transport des éléments et procure une assistance financière au Frolinat. L'aide est également apportée par le roi Idriss de Libye, puis en 1969 par le Colonel Kadhafi Cette même année Hissene Habré, dirigeant les forces armées du nord s'allie a la 2em Armée du Sud, avec Goukouni Oudëi, contre le Président Tombalbaye.
"Du sable, des rochers, de maigres arbustes, et accessoirement des hommes, voila le Tchad. Délimité par des frontières totalement arbitraires, le vent du désert se joue de celle ci. Cet état est en fait un accident de l'histoire. Partagé entre le pays des esclaves, les SAra du sud et les nomades esclavagistes les guerriers musulmans du nord, le Tchad n'a été formé que par la volonté et les rêves de grandeur d'une poignée d'officiers et de sous officiers Français et de quelques centaines de Tirailleurs. De leur sueur et de leur sang le commandant Lamy et le Colonel Fargeau ont taillé un empire à la France"
Des 1963 les premiers évènements s’enchaînent.
A cette époque la base 173 de Fort Lamy est avec DAKAR au Sénégal et Diego- Suarez à Madagascar la principale base française des forces en Afrique. Le dispositif comprend 5 à 6.000 hommes.
A ceci vient s’ajouter le gros des forces basées dans le sud-ouest et en Corse, qui forment la « 11ème division parachutiste légère aéroportée » dont le 2ème REP qui rentre d’Algérie et cantonne à Calvi Corse. Ce régiment est le fer de lance de cette division aéroportée composée uniquement de régiments parachutistes.
La seule intervention de cette division légère d’intervention ayant eu lieu au Gabon en février 1964 dans le but de maintenir en place un putsch dirigé contre le président Leone M’ba.
Les forces françaises au Tchad se composaient à cette date de : 12 compagnies d’infanterie nomade, un groupe saharien sur véhicules, une batterie d’artillerie et 1 escadron blindé qui contrôlait la bande d’AOUZOU.
Le Tchad ne représente aucun intérêt économique si ce n’est celui d’être situé au centre de l’Afrique et de représenter une base de lancement d’éventuelles opérations de soutien militaire des opérations africaines, en vue de la protection des gouvernements mis en place avec la bénédiction du gouvernement français.
De la base 173 de Fort Lamy camp Dubut peuvent éventuellement partir les opérations de soutien pour toute l’Afrique francophone et du Tchad en particulier. Les opérations continuent.

«La routine…»
-14 janvier 1969 au village de Tidjai situe au sud de Goz-Beida les soldats de l’ANT encerclent le village afin de procéder au recouvrement de l’impôt impayé depuis trois ans.
Les soldats ligotent les villageois et les laissent durant plusieurs heures exposes au soleil 55° à l’ombre ; un groupe de partisans alerté intervient : 15 tués, 9 blessés du cote Tchadien ; importante récupération de matériel.
-16 février 1969 attaque surprise contre le poste de Kirdimi aux environs de Faya-Largeau : 3 morts, 5 prisonniers.
-27 février 1969 attaque du camp de Tiareb, 5 tués, 7 blessés, les partisans s’emparent de trois mortiers.
-28 févier 1969 a midi sur la route d’Ati-Mongo un convois de soldats de l’ANT tombe dans une embuscade 15 tués du côté de l’ANT dont le préfet de Guera, 4 mortiers sont récupères.
-1er mars 1969 un groupe de commandos du FROLINAT attaque une patrouille de gouvernementale qui stationne au village de SAROUF près de Mangalme à Alo au sud d’Am-Dam : 2 tués, de nombreux blessés
-12 mars 1969 un groupe de partisans attaque le corps de garde de l’aéroport militaire construit par les israélien et situe près de la frontière Tchado-Soudanaise : 9 tués, 5 blesses du côté du corps de garde, le sultan Brahim Barka est tué.
-13 mars 1969 violent combat dans la localité de Darbïa : 14 tués de nombreux blessés, 1 partisan tué.
-15 mars 1969 l’adjudant chef Orione qui servait dans les sections méharistes Tchadiennes est tué dans le région d’Oum-Hadjer au centre du Tchad
-13-14 avril 1969 dans la région de Zouar attaque surprise dirigée par contre un groupe de soldats gouvernementaux. Un renfort demandé auprès du commandant de Faya-Largeau est intercepté : 11 soldats tués, 15 blessés, 1partisan tué
-17 Avril 1969 260 légionnaires a bord de deux avions de l’UTA prennent la direction de Fort Lamy départ de Nice, justification officielle « renforcement de l’escale militaire de Fort-Lamy
La représentation va pouvoir commencer, les trois coups sont sonnés, la Légion Etrangère, représentée par deux compagnies du 2ème Régiment Étranger de parachutistes, appartenant à la 11ème Division légère aéroportée d’intervention va commencer.
Un officier supérieur français :
« le problème n’est pas de savoir si nous allons mettre dix, cent ou mille rebelles au tapis d’ici le printemps. Le problème n’est même pas de savoir si Monsieur Tombalbaye mérite objectivement d’être défendu - ce serait pareil avec n’importe qui -. Le problème est de savoir si la France est prête à faire l’effort financier nécessaire pour acheter la paix en donnant à ce pays les moyens de sa pauvreté. »
Jean Mialet (très proche collaborateur de Foccard, interview accordé à « France-Afrique »
« le Tchad est un pays témoin. La décision d’envoyer des troupes françaises au Tchad montre que l’on abandonne pas la politique que les accords militaires impliquaient en Afrique, et finalement dans le monde. L’affaire du Tchad ne constitue pas un simple épisode militaire de maintien de l’ordre au cœur de l’Afrique »

2repripep   LE GUÉPARD

"L'alerte est sonnée, les souvenirs s'envolent
Maintenant au combat
Dans le ciel brille l'étoile qui lui rappelle
Son enfance
Adieu mon pays, adieu mon pays
Jamais je ne t'oublierai
Aîlli, aîllo, aîlli, aîllo. ………"
(Chant de tradition)

    Pour me récompenser, car j'ai déjà 5 ans de service, BENEZIT me convoque au Bureau de la compagnie.

- Rosi, tu as déjà 5 ans de service, il est temps pour toi d'aller au peloton de Caporal.
- Mais mon Capitaine, je ne le demande pas"
- Tu ferme ta grande gueule et tu obéis.
Je fais remarquer à BENEZIT les raisons qui font que je n'ai aucune envie d'aller au Peloton, d'en chier à nouveau pendant 4 mois, pour en redescendre comme un "fauve" afin de faire régner la discipline dans les sections.
- Tu pars au peloton de Caporal, la semaine prochaine, à Corte.
- Je pars au peloton de Caporal, à vos ordres mon Capitaine!"
    Ce qui fût dit, fût fait. La semaine d'après, je me retrouve à Corte, au peloton d'élève Caporal.
Les élèves caporaux, de l'infanterie, de la cavalerie de la Légion sont là. Tout de suite, le régiment me manque, j'y ai mes repères et je vomis, je ne sais pourquoi, mes autres camarades de la Légion qui n'appartiennent pas à notre unité Parachutiste.
Tout se passe mal, et quinze jours après, j'en ai tellement "plein le cul" que, profitant d'une après midi de repos, j'enfile ma tenue de sortie, et je m'engouffre dans un taxi direction Calvi et le REP.
C'est deux heures de route et le taxi me demande si j'ai de quoi le payer.
"Y a pas de problème, je viens de toucher la paye"
      Nous roulons et arrivons à Calvi devant le poste.
J'ai pas de pognon "du con" tu iras te faire payer par l'adjudant chef du service général.
Le Corsico est fou de rage, et il m'invective.
Je me présente au poste: « Légionnaire Rosi Guy, matricule 141578, de la CAE, du 2ème REP, de retour du
peloton, à vos ordres, mon adjudant chef »

- Déjà fini le peloton Rosi ?! , Tu es parti il y a quinze jours.
- J'ai pas supporté, mon adjudant chef, le Régiment me manquait.
- « Mets toi au garde à vous, Rosi »
Je me mets au garde à vous et son poing s'abat sur mon nez. J'ai encore le nez "à là tomate."
« Tu connais le tarif, Rosi ? »
Oui, mon adjudant chef
Je passe à la tondeuse, boule à zéro, treillis de taulard dégueulasse, rangers sans lacets et j'agrippe la caisse de mines, qui pèse son poids, en faisant le tour de la taule avec mon professeur de leçons particulières qui, au coup de sifflet, m'ordonne de me coucher, de ramper, de marcher en canard.
      Le tarif habituel, pendant plusieurs jours, je fais les tours de manège.
Je finis ma punition et rentre à la compagnie, convoqué chez BENEZIT qui est fou de rage. BENEZIT a cependant un petit faible pour moi, et je sens derrière ses lunettes, qu'il rigole à moitié, mais à moitié seulement.
      Quelques jours passent.
BENEZIT quitte le Régiment, afin d'aller à l'école de guerre, pour obtenir ses barrettes de Commandant. Je le croise dans le quartier, muni de la traditionnelle musette, remplie de carottes, de poireaux et d'un quil de rouge, c'est la tradition du départ, d'un Officier de Légion Etrangère.
"Rosi, vas me chercher une Jeep, tu m'emmènes chez "la Chinoise" pour le pot d'adieu"
Je prends le véhicule de BENEZIT et l'accompagne chez la Chinoise.
"Passe derrière aux cuisines, tu bois sur mon compte, et tache de ne pas te bourrer la gueule, sinon tu auras à faire à moi"
      Je passe aux cuisines et, faisant fi de la consigne, me torche consciencieusement la gueule avec mes camarades, qui attendent eux aussi leur patron.
Ces pots de départs sont interminables.
Quelques heures après, Paulus, mon copain, a une idée lumineuse, comme toujours: "Si l'on empruntait les Képis d'officiers et leurs gabardines, on pourrait aller en ville, boire un verre d'un coup de Jeep, ça nous changerait un peu les idées, de nous déguiser en officiers"
L'idée plût, et nous partîmes, Paulus, Vanderbergue et moi, direction Calvi. Petit arrêt, chez "l'Indienne", un petit restaurant fait de quatre planches, qui manqua s'étouffer en nous voyant déguisés ainsi. Nous ressemblions à des officiers, comme des officiers ressemblent à des Légionnaires.


"Il y a de la "pelote" dans l'air" s'écria-t-elle, "buvez un coup avant que la Police Militaire n'arrive, et foutez-moi le camp, je ne veux pas d'emmerdes, vous reviendrez, quand vous serez à jeun!"
De petits coups, en petits coups; de bar, en bar; de troquets, en troquets (et Dieu sait s'il y en avait) nous visitâmes Calvi.Nous ne tenions plus debout, quand Paulus, qui avait pris les choses en main, s'écria un couvre-chef de Commandant sur la tête « Assez déconné, on rentre! »
      Empruntant le maquis pour rentrer à la compagnie, car il n'était pas questions de passer par le poste de Police, nous arrivâmes à la CAE, saouls comme des bourriques.
Arrivés devant les marches du bureau de BENEZIT, je ne sais ce que fait Paulus, mais la Jeep accroche une marche avec la roue avant droite et nous voila propulsés dans les airs. Miraculeusement, nous sommes sains et saufs. Il y a un Bon Dieu, pour les poivrots. La Jeep, elle, est inutilisable, définitivement condamnée, à mettre à la casse. BENEZIT arrive, un "coup dans le nez", le képi de travers, toujours ceinturé de sa musette et des légumes, qui commencent à pendre lamentablement.
Il est en colère, le vieux. (Le capitaine Benezit, sera nommé Colonel et sera le colonel adjoint lors de l’opération aéroportée de Kolwezi. Le colonel Benezit sera nommé Général et prendra sa retraite)
Il hurle: « Ivresse en service, vol de véhicule, détérioration de matériel militaire, absence irrégulière, vol d'effets militaires, port illégal de Képis d'officiers militaires supérieurs, c'est le Tribunal Militaire qui vous attend »
Cela fait beaucoup, et je commence à prier, comme d'habitude, Sainte Rita, la patronne des causes désespérées, quand la sirène du camp se met à hurler. C'est une alerte.

 

Le soleil brille préparez vous
Car si sait si demain
Pour nous autres il luira
Déjà les moteurs tournent
Vite équipez vous
Nous volons nous volons
Aujourd’hui vers l’ennemi
"Alerte Guépard."

 

    Il se passe quelque chose. Depuis plusieurs jours, des rumeurs se font entendre ça et là. On parle du Liban, de certains pays d'Afrique. La rumeur alimente la rumeur et tout le monde raconte n'importe quoi.

      La sirène stridente était assourdissante. C'était le signe d'une intervention "Alerte Guépard."
Sous les pins de la B.A

Branle-bas de combat
Toutes les casquettes sont là
La 2 s’en va.
Crane rasé et gueule de guerrier
Fusil, poignard grenades au coté
Cette fois c’est du vrai, Car le convoi démarre
Salut les gars direction la bagarre.
(Chant de tradition)


      Rejoignez la Compagnie, nous dit BENEZIT, vous ne perdez rien pour attendre, nous réglerons les comptes plus tard.Un instant soulagés, nous nous imbriquons dans la ruche, qui s'active déjà.
La machine est bien rodée, en quatre heures le régiment est prêt à partir, pour n'importe quelle destination dans le monde, au profit de la 11ème Division Parachutiste, dont nous sommes le fer de lance.
Les paquetages légers, armes et munitions, sont répartis devant la CAE, puis nous attaquons le gros matériel, transmissions, vivres, réserves de munitions, armement lourd des mortiers de 12/mm.
En quatre heures, nous sommes prêts à partir.
Le capitaine BENEZIT est en réunion au P.C. du Colonel depuis plusieurs heures et nous attendons, en vérifiant les derniers matériels, les instructions qui nous seront données.
La Jeep de BENEZIT arrive à toute vitesse: "SZUSTER, rassemblez la compagnie!"
      La compagnie rassemblée, BENEZIT, grave, s'adresse à nous:
« Des événements graves se passent en Afrique. Nous sommes mandatés par un pays ami pour intervenir. La 1ère et la 2ème compagnies partent dans deux heures. La CAE reste en stand-by à Calvi »
« J'ai besoin de volontaires pour compléter les éléments manquants de la 2ème compagnie. Il me faut dix Légionnaires. Ceux qui sont volontaires, levez la main »
      D'un bloc, toutes les mains se sont levées.
"Rosi, Paulus, Vandergergue, vous êtes les premiers désignés, cela vous évitera le tribunal Militaire, prenez vos armes et paquetage et rejoignez la 2ème compagnie."
Nous ne sommes pas fâchés d'éviter le T.M et Calvi, et nous précipitons pour rejoindre la 2ème compagnie.
      En quelques minutes, nous nous présentons partout. Bon accueil, on a des années de service, du métier et nous avons toujours été au REP. C'est le passeport.
La nuit commence à tomber sur Calvi et les premiers véhicules, qui serviront à nous convoyer jusqu'à l'aérodrome d'Ajaccio, commencent à arriver. Non seulement les véhicules du Régiment, mais tous les véhicules sont réquisitionnés dans la Marine et l'Aviation. Nous ne connaissons toujours pas notre destination. La seule certitude c'est l'Afrique, destination inconnue.
Le Colonel Lacaze, le "sphinx" nous adresse quelques paroles d'encouragement, pour cette mission, et donne l'ordre d'embarquer.Dans le tonnerre de nos moteurs.
      Vitre une pensée pour ceux qui nous sont chers.
      Debout Légionnaire c’est le signal du saut .
      La porte est ouverte serre les dents et vas-t’en
      Les véhicules franchissent le poste de Police où la garde d'honneur nous présente les armes, et le long convoi parcourt lentement, tous feux éteints, les premiers contreforts de la montagne.
Réveillés par les grondements de dizaines de moteurs qui peinent, les Corses se sont réveillés et, sentant qu'il se passe quelque chose d'anormal et que nous partons vers une destination lointaine, nous font de grands gestes d'adieux.

Vous qui regardez passer ces gars bronzes
Sur les pistes et les sentiers
L’œil aux aguets
De Timimoun jusqu'à Tébessa
Dans les coups durs ils sont toujours là
Et les fellaghas ne pourront pas résister
Devant l’assaut de la 2 au paquet
(chant de tradition)


     Le convoi s'étire. Les phares sont éteints, on ne voit que les yeux de chat des camions qui sont allumés. Le spectacle de ce convoi, gravissant la montagne, sur des dizaines de kilomètres, est la plus belle image de mes souvenirs de Légionnaire. Le vacarme des GMC est ahurissant. De cinquante mètres en cinquante mètres, le convoi s'étire lentement.
Lorsque je suis en haut des cols, j'aperçois tout en bas, dans la vallée, les derniers véhicules, et de virages en virages, les camions qui renâclent à la montée. C'est féerique. Sentiment de force, de montée en puissance.
A l'intérieur des G.M.C les Légionnaires, comme dans toutes les grandes occasions, entonnent les chants traditionnels, pour fêter l'événement de cette "intervention africaine." Nous ne rêvons que coups et blessures. Tout le monde est heureux, de partir au combat. C'est çà l'esprit des troupes Parachutistes de la Légion Etrangère.
      Petit à petit, sous l'effet de la fatigue les chants se sont tus. Il fait froid dans la montagne et les Légionnaires ont fini par s'endormir.
      Au petit matin, les premières lueurs d'Ajaccio se devinent devant les véhicules et nous filons vers l'aérodrome. Des gros porteurs nous attendent déjà, réquisitionnés par l'armée. A nouveau, nous déchargeons les véhicules et l'important matériel pour les ranger dans les avions. Tout ceci n'a duré que quelques heures.
"L'alerte Guépard" a été déclenchée vers 6 heures du soir, aux premières heures du jour, nous étions à Ajaccio.
C'est çà, le professionnalisme du Régiment.

     Nous ne sommes pas restés longtemps sur le tarmac de l'aéroport. Cinq heures après, nous débarquions à Fort Lamy, sous une chaleur d'enfer un soleil de plomb. Les cinq années passées en Algérie m'avaient habitué à de fortes chaleurs, mais je ne pouvais soupçonner qu'il puisse exister un endroit aussi caniculaire dans le monde. Nous avons du mal à respirer.

2repripep  LE TCHAD

      Pour la 1ère fois depuis la fin de la guerre d'Algérie la France se trouve engagée par des accord de défense signés en 1960 sur la scène Africaine. Ce pays subit des luttes ethniques amenées par une décolonisation bâclée et une corruption généralisée sur tout le pays.
A partir de 1969 l'Algérie assure la logistique, facilite le transport des éléments et procure une assistance financière au Frolinat. L'aide est également apportée par le roi Idriss de Libye, puis en 1969 par le Colonel Kadhafi.
Cette même année Hissene Habré, dirigeant les forces armées du nord s'allie à la 2ème Armée du Sud, avec Goukouni Oudëi, contre le Président Tombalbaye.
"Du sable, des rochers, de maigres arbustes, et accessoirement des hommes, voila le Tchad. Délimité par des frontières totalement arbitraires, le vent du désert se joue de celle ci. Cet état est en fait un accident de l'histoire. Partagé entre le pays des esclaves ,les Sara du sud et les nomades esclavagistes les guerriers musulmans du nord, le Tchad n'a été formé que par la volonté et les rêves de grandeur d'une poignée d'officiers et de sous officiers Français et de quelques centaines de Tirailleurs. De leur sueur et de leur sang le commandant Lamy et le Colonel Fargeau ont taillé un empire à la France"
      Des 1963 les premiers évènements s’enchaînent.

Sous soleil brûlant d’Afrique
Cochinchine Madagascar
Une phalange magnifique A fait briller nos étendards
Sa devise honneur et vaillance
Forme des soldats valeureux
Son drapeau celui de la France
Est un drapeau des plus glorieux
(chant de tradition)


«La routine..»

-Juin 1965 refus de payer l’impôt de capitation (prélèvement sur leurs troupeaux).Les Moubi massacrent les autorités administratives.Représailles de l’armée Tchadienne 500 morts
-septembre 1965 à Bardai (préfecture du Tibesti) 5 morts
-21 juin 1966 assaut livré par les rebelles contre le centre d’Am-Timan : 3 soldats tués
-juillet 1966 combat-16 septembre 1963 manifestation à Fort-Lamy. La troupe intervient : 300 morts
Entre soldats du FROLINAT et soldats de l’ANT a Mangalmé(préfecture du Batha) : 23 morts. Récupération d’une mitrailleuse lourde
-22 juillet Mangalmé, nouvelle attaque : 3 morts
-31 juillet accrochage dans le centre de Koudjourou (préfecture du Batha).Evacuation des troupes de l’ANT.
-10 septembre : les partisans attaquent les soldats gouvernementaux pillards : 3 morts
-18 septembre 1966 accrochage entre partisans de l’ANT à Malikharoum : 5 morts
-22 novembre les partisans attaquent une ligne de défense de l’ANT : 5 morts
-22 décembre 1966 attaque d’un groupe de méhariste dirigé par le chef Aboud : 5 morts
-9 janvier 1967 les partisans attaquent un colon israélien dans la ville d’ATI-BATHA
-10 janvier 1967 ; une grenade est lancée contre un groupe des soldats de l’ANT au centre de Koundjourou : 2 blesses
-11 janvier les partisans attaquent le centre de KUISI (préfecture du BATHA) le chef et trois gendarmes sont tués
-13 février : le chef BACHIR des tribus BOURGOUDE et MARAOU le chef et trois gendarmes sont tués
-21 février 1967 les partisans lancent une attaque d’envergure contre le préfet de SALAMAT, KADRE ALLIO à l’aide d’armes automatiques et de bazookas : 40 morts, plusieurs tonnes d’armes et de munitions sont récupérés.
-9 mars 1967 attaque dirigée contre les soldats tortionnaires d’un village :30 morts.
-21 mars ABBES le chef de la tribu des TOURNANG est abattu a ABOUDEIA
-21 avril : prise importante de matériel lors d’une attaque de la localité de DARKA
-8 avril un patriote et trois soldats sont tués lors d’une attaque contre ABOUDEIA
-9 avril capture du commerçant israélien SHMIDT au cours d’une embuscade sur la route MELFI-ABOUDEIA
-18 avril au cours d’une embuscade a NARGUI (GUERA, capture d’ABOUSIN chef de tribu : 3 patriotes et 21 soldats sont tués. Récupération d’une mitrailleuse.
-18 mai 1967 :attaque dirigée contre le centre de HADJAR-MADGO : 3 soldats tués, 8 prisonniers
-18 mai 1967 les partisans attaquent ARBOUT-CHATAC centre de GOZ-BEIDA : 5 morts
-20 mai attaque lancée contre BOKORO : 3 morts
-28 mai dans la préfecture du WADAY un soldat de rend est fait prisonnier
-30 mai grande bataille a ABOURDA 15 morts du coté de l’ANT
-15 juin incendie d’un camion de transport de l’ANT, société coloniale SCKN
-12 juillet le centre MASALASEL est attaquée 4 soldats tués.
-21 juillet attaque d’envergure des partisans contre le centre de GAMA, qui sera occupé 24 heures : 4 morts
importante récupération de matériel.
-28 juillet importante attaque de l’armée de libération nationale contre le centre de HARRAZ (préfecture du BATHA. Le chef Mohammed DJEBELIK est tué : 20 morts dont un commandant. Butin 25 fusils ,4 fusils-mitrailleurs,35 grenades,4 caisses de munitions.
-24 août attaque des partisans contre un cantonnement de l’armée gouvernementale ayant à sa tête trois officiers israéliens. Cinq heures de combat. Défaite des troupes gouvernementales. Bilan : les trois officiers israéliens tués,25 partisans morts. Récupération de 60 fusils, 6 pistolets mitrailleurs, 3 canons , 3 caisses de munitions , 45 grenades
-septembre 1967 :1 gendarme français est tué
-23 novembre 1967 les troupes gouvernementales sont attaquées a l’est d’ATI 8 soldats sont tués par des partisans
-24 novembre le centre d’HADJA-MODOGO (préfecture du BATHA est attaqué : 12 morts,8 blessés
-25 novembre les soldats de l’ANT attaquent par surprise les forces partisanes stationnées au centre de la préfecture de BATHA, échec, les soldats se replient en laissant 3 morts
-7 décembre 1967 dans la préfecture du BATHA un poste d’observation est pris d’assaut par les partisans : 5 morts
-8 décembre. après un verdict populaire, dans le centre du BAHREL GHAZAL.le sultan SOKOUMA, le fils du cheikh TIDJANI et leurs complices sont exécutés.
-13 décembre dans la préfecture » du BATHA les partisans arrêtent et exécutent le cheikh ABOUDOUROU ABAKAR et ses collaborateurs ; le même jour assaut dirigé contre un groupe de soldats de l’ANT.
-16 décembre aux environs du centre de MASSAKORY dans le village de DOUMTPON une bataille acharnée oppose les forces partisanes : 34 morts de nombreux blessés , 4camions de 5 tonnes incendiés.
-27 décembre :attaque surprise des forces gouvernementales contre les partisans, le combat dure sept heures. Des mitrailleuses lourdes et légères sont utilisées du côté gouvernemental qui enregistre de nombreuses pertes en hommes et en matériel seulement 2 partisans seront tués.
-29 décembre aux environs de RIG-RIG attaque surprise des soldats de l4 ANT dirigée par des mercenaires : de nombreux morts et blessés du côté des forces réactionnaires, 34 partisans tués.
-20 janvier 1968 embuscade sur la route qui relie GOZ-BEIDA à Apache : 3 morts dont un mercenaire Européen .Capture de deux autres mercenaires dont l’un sera abattu en tentant de s’enfuir et de nombreux soldats. Ce même jour est annoncé l’assassinat de deux médecins Européens dans l’est par des bandes rebelles.
1er février 1968 embuscade sur les bords du lac FODJO de nombreux morts .Récupération d’un important matériel militaire
-2 février attaque surprise dirigée par les forces gouvernementales contre le village d’HIBAN
-11 février nouvelle attaque surprise contre le village de DOUGOUM près de la ville d’AM-TIMAN : 3 mort, le même jour mort au combat d’IBRAHIM ABATCHA secrétaire général du FROLINAT
-5 mars les partisans attaquent le centre d’AOUZOU occupé par les forces gouvernementales : 8 morts, les autres prennent la fuite, important lot d’armes et de munitions récupères par la rébellion.
-11 mars une compagnie constituée par 40 soldats gouvernementaux tombe dans une embuscade tendue par les partisans sur la piste de BARDAI 1 mort, deux blesses, le reste prend la fuite
-13 mars nouvelle embuscade sur la piste de BARDAI : 5 morts
-16 avril 1968 dans le centre d’AOUZOU les partisans attaquent un camion transportant des soldats de l’ANT . Le camion est incendié un lot important d’armes et de munitions et de médicaments est récupérée.
-3 mai accrochage entre forces partisanes et gouvernementales dans le centre d’AOUZOU un lieutenant et plusieurs soldats sont blesses confiscation d’armes et de munitions.
-16 mai nouvel accrochage sur la piste d’AOUZOU-BARDAÏ 3 morts deux autres grièvement blesses-
mai 68 des combattants TOUBBOUS massacrent la garnison d’un poste situé dans la région d’AOUZOU et récupèrent leurs armes. ils détruisent en outre deux colonnes de secours de 32 et 100 hommes
-juin 1968 20 villageois sont assassiné par les forces Tchadiennes-
1 juillet 1968 les forces régionales de l’armée de libération dirigent une attaque surprise sur la préfecture de MELFI.
-7 juillet 68 aux environs de MELFI l’armée révolutionnaire lance une attaque contre les soldats gouvernementaux. Combat à l’arme blanche pendant 45 minutes : 8 morts et 15 blessés graves du côté gouvernemental, 2 partisans tués.
-25 juillet les partisans attaquent la piste d’AOUZOU- BARDAÏ un convoi militaire de trois camions : 4 tués, 4 blessés
-26 juillet embuscade sur la route relayant MELFI à Fort Archambault : 2 morts, 10 blessés graves, aucune perte chez les partisans.
-27 juillet embuscade contre les restes de la compagnie précédemment vaincue : 10 tués , 9 blesses graves, 9 prisonniers dont le lieutenant qui est exécuté après un verdict populaire ; important récupération de matériel : 2 camions de transport militaire, 2 mitrailleuses lourdes, 5 mitrailleuses légères.
-août le colonel DJOKO commandant la zone de Borkou Ennedi Tibesti (BET) est victime, à la tête de sa compagnie, d’une embuscade sur la piste d’Aozou Bardai : 9 morts, 13 blesses
C’est ce même jour qu’est décidé l’intervention française.

Vive la Légion étrangère
Et quand défilent les képis blancs
Si leur allure n’est pas légère
Ils portent tous tête haute et fière
Et s’élançant dans la fournaise
Le cœur joyeux jamais content
Au son de notre Marseillaise
Savent combattre les képis blancs


     Les premier événements débutent en 1967 par l'attaque de la gendarmerie de Mangalmé ; où un officier Français est tué, puis en 1968 par l'assassinat de deux médecins Français tués par les hommes d’Ibrahim Abatcha leader du Front de libération du Tchad (FROLINAT)
A cette même époque en 1968 la ville de Bardaï au Nord du Tchad dans le Tibesti est sur le point de tomber. Le président du Tchad Tombalbaye demande une aide à la France pour reprendre cette ville et assurer la sécurité des populations.
-Fin août le 3ème Régiment de Parachutistes d'Infanterie de Marine débarque à Faya Largeau et dégage au bout de 3 semaines la ville de Bardaï.
La situation ne fait qu'empirer.
-Le 15 mars 1969 un sous officier Français est tué à Oum Ad Hadjer. le Général Arnaud reçoit pour mission de former l'armée Tchadienne profondément désorganisée tandis que le gouverneur Pierre Lami s'attaque aux Préfets qui lèvent des impôts a tout bout de champ, soulevant ainsi les populations.
Dans cette situation le gouvernement Français par l'intérim qu'effectue le Président Poher décide l'intervention Française.
-Le 2ème REP étant le fer de lance de la 11ème Division Parachutiste est placé en alerte Guépard, et intervient en 48 heures le 16 et 18 Avril 1969, par un transport aérien d'urgence.
"Pourvu de véhicules antédiluviens l'EMT1 (Etat-major tactique) prend la piste le 28 Avril. Sa première mission le conduit à Mangalmé dans la province du Guéra. Il doit faire de la présence et installer une base avancée à Mongo tout en évitant le contact. Vieux "blédard", De Chastement perçoit pour ses hommes des chèches, des chapeaux de brousse et des lunettes de sable. L'image du Légionnaire enturbanné fait le tour du monde et caractérise les interventions en milieu désertique"
(Colonel Pierre Dufour)

     Quelques jours après deux colonnes partent dans des directions différentes vers la région d'ATI et arrivent le 26 à Mongo.

     Cette embuscade ...restera dans la Légende et sera surnommée ...le petit Camerone
La ville de Mongo étant reprise à l'ennemi, la 2ème compagnie remonte sur Mangalmé.
La France envoie des renforts en hélicoptères composes de 6 H34, 2 alouettes, et 3 Tripacer. Un dispositif complet de ravitaillement par air composé d'avions Dakota et Nord Atlas est aussitôt mis à leur disposition car le ravitaillement ne pouvant se faire par la piste, les compagnies seront ravitaillées par air pendant un an, par des atterrissages et des largages de matériels.
Dans les premiers quatre mois deux cent rebelles sont abattus dont une vingtaine de chefs de l'opposition.
En septembre 1969 le Général Arnaud qui depuis le début de l'intervention est en désaccord avec Paris est remplacé par le Général Cortadellas qui commandait depuis le 1er janvier 1968 la 25ème Brigade aéroportée.
"les moyens terrestres, camions, jeeps, auto mitrailleuse sont démesurés et les moyens aériens beaucoup trop étriqués pour mener le type d'action que je souhaite mener. très souvent je suis bloqué par l'absence d'hélicoptères ou d'avions gros porteurs" s'écrie le Général Arnaud.
      Cette absence de moyens de transports aériens, dans un pays grand comme trois fois la France, rendra l'opération difficile. Privé de ravitaillement et de logistique le 2ème REP devra se débrouiller par ses propres moyens à plus de 1000 kilomètres de la capitale Fort Lamy, trouvant le contact du Frolinat dans les régions d'Ati, Mangalmé, MELFI, Am Timan, Moussoro, Faya, Fada Zouar et Bardaï.
Le premier légionnaire tombé sur la terre Africaine s'appelait Dupuis il sera tué le 4 novembre dans l'assaut d'un piton rocheux tenu par une centaine de rebelles dans la région de Faya-Largeau.
Au mois d'octobre il sera suivi de 6 Paras tués lors d'une embuscade.
Suivis de 11 quelques semaines plus tard et la liste continue sans que des statistiques précises soient dévoilées par le Ministère de la Défense.
Commentaire de France Télévision "pas d'inquiétude pour les familles ces 11 morts étaient des engagés"........(dans le texte)

A douze mille kilomètres de distance
A douze mille kilomètres d'ou tu danses
A douze mille kilomètres d'ignorance
A douze mille kilomètres de navrance
D'indifférence, d'insouciance et de silence
A la minute même ou personne n'y pense
Un Français meurt pour la France,
Et la fête continue....
(Michel Tauriac)

L'armement des rebelles s'est principalement crée en récupérant des armes sur les forces armées Tchadiennes. Les rebelles qui sont de véritables spécialistes de la guérilla car ils l'ont toujours pratiqué depuis les débuts de la colonisation infligent de sévères pertes à l'armée Tchadienne qui combat au coté de la Légion Etrangère, à tel point que les troupes gouvernementales ne revenant plus des expéditions qu'ils pratiquaient, n'osent plus sortir de leurs bases arrières.
L'armement récupéré est constitué de pistolets mitrailleurs derniers cri Israéliens "Uzi" de Mas 39-56, ou 36 de "Stati Italiennes"et de "Mausers"
A partir du mois d'octobre cet armement va se moderniser les rebelles monteront un armement plus lourd sur des 4X4 Toyota armes de mitrailleuses lourdes et de mortiers.
Les deux compagnies du 2ème REP, décimées par la difficulté des opérations, le manque de logistique et de ravitaillement, les maladies endémiques et les rigueurs du climat seront définitivement rapatriées sur Calvi et relevées par le 3ème Régiment d'infanterie de marine. en Juillet 1970.
En un an le 2ème REP écrasera les résistants du FROLINAT dans l'Est du pays, et étrillera sérieusement ceux du Nord.
Le 2ème REP sera engagé pendant vingt cinq ans au Tchad, participant suivant les époques à plus de 10 interventions.....et assurera plusieurs fois par an, l’envoie de compagnies pour maintenir un semblant de paix de 1970 à nos jours. Le 2ème REP est avant tout le Régiment de l’Afrique, de la Yougoslavie et du Kosovo.
C’est une chose d’importance
La discipline à la Légion
L’amour du chef l’obéissance
Sont des plus pures traditions
Et pour notre France chérie
Tous ces étrangers bravement
Viennent défendre notre patrie
Avec honneur et dévouement

 2repripep  LE MARABOUT AVAIT RAISON.

« La routine »
Décès du Légionnaire Degoutte, Emile survenu à Fort Lamy (Tchad) le 4 Juin 1969

Mitchell, Morales, Jurgensend et moi avons décidé de faire le mur et d'aller batifoler avec les beautés du coin, après une journée harassante passée à préparer l'intervention.
Ça et là, aux alentours du camp, les Tchadiens sont là, nous vantant les charmes de leur femme, de leur sœur ou de leur fille. Nous ne pouvons plus résister à ces appels et nous avons envie d'aller vérifier si leurs charmes sont à la hauteur de ce que les rabatteurs nous promettent.
La consigne est de rester à l'intérieur du camp Dubut, car une alerte peut être déclenchée à tous moments: "Ne sortez pas, n'allez pas faire les cons", nous a dit le Capitaine Aubert "Ceux qui se feront prendre seront sévèrement punis, je vous en donne ma parole".
Ce qui est interdit n'en a que plus de goût, et nous voilà munis de pinces-cisailles, en train de faire un passage dans le réseau inextricable de barbelés. A quelques centaines de mètres se trouve un village, quelques cases disséminées à gauche et à droite.
Suivis de quelques gamins rencontrés en chemin (ceux-ci nous escortent en nous vantant leur famille et celle de leur connaissance), nous arrivons au village, monnayons ferme la "passe". Nous divisons par quatre et arrivons à un prix abordable. Mitchell, Morales et Jurgensend sont déjà au boulot en train de forniquer.

"Au revoir chérie
A mon prochain retour
Je verrai le fruit
De nos amours si courtes
Bonjour, Monsieur, Comment ça va?
J'savais pas qu't'étais mon papa.......
(Chant tradition)


      Pour ma part, je suis rentré dans une case avec une africaine assez jeune, mais à l'intérieur, il règne une telle odeur, que je suis ressorti, ne pouvant rester plus longtemps.
C'est une odeur de paille, de mil, de lait de chèvre, une horreur.... A l'intérieur, mijotent je ne sais quels ingrédients, dans des calebasses, mystérieuses, inquiétantes, je vois des lézards, de drôles de choses que je ne peux
analyser, et qui me font fuir.
Mon estomac monte et descend, comme si j'étais dans le grand "huit" à Bordeaux à la foire des Quinconces. Finalement, je gerbe et attends mes camarades, qui sabrent à la hussarde.
Accroupi à quelques mètres de la case, je suis dans une longue méditation, quand un noir immense vêtu d'un boubou bleu ciel s'avance vers moi: "Qu'est ce qui ne va pas "chef" ?
- Me gonfle pas je réfléchis.
- Toi y en a dégueulé devant ma case!
- Me gonfle pas, grand con, ou je vais t'envoyer du bois.
Le grand noir est un peu surpris de ma réponse, mais il a bien compris le message.
Il se fait soudain conciliant: « Je suis le Marabout »
- Qu'est ce que c'est "du con" que le marabout
- Je suis le sorcier du village, je soigne et je prédis l'avenir.
- Alors "du con " tu vas me prédire mon avenir?
- Attends chef pour prédire l'avenir il faut que tu me donnes de l'argent. Sans argent je me trompe souvent.
avec de l'argent c'est la vérité "Inch Allah."
Je sors quelques billets et le marabout demande aux gamins d'aller chercher un poulet. Le poulet amené, le Marabout lui tordit le cou, le saigna, récolta son sang, et s'en enduit le visage.
- Que veux tu savoir chef?
- Je veux savoir ce que je fous dans ton putain de pays à la con, et je veux que tu me prédises l'avenir".
Le Marabout regarda le ciel, entonna pendant quelques minutes de longues incantations et finalement, d'un ton grave, déclara:
- « Tu es ici parce que notre Président Tombalbaye a fait appel à vous pour venir nous secourir. Dans le Nord, la rébellion du Frolinat fait rage, notre armée y va, les camions partent mais ne reviennent jamais car le Frolinat les tue.
Certains d'entre vous ne reviendront pas, mais toi tu reviendras, tu ne seras pas tué, ni blessé, mais tu seras malade, gravement malade, et tu repartiras en France d'où tu es venu.
-Voila ma prédiction »
Je me relève fou de rage car ces prédictions ne me conviennent pas, et j'enchaîne coups de pieds au cul sur coups de pieds au cul, au grand con qui s'enfuit au loin. Mitchell, Morales, et Jurgensend, sortent petit à petit des paillotes:
"- Alors comment c'était?
- On peut pas exactement te dire mais ce n'était pas terrible", s'écrient-ils tous en chœur.
Manifestement ils étaient dépités. Ils sentaient mauvais, c'était une infection. Nous fîmes le chemin du retour.

Ah les p’tit femmes .Ah les p’tit femmes
Les p’tit femmes les fiancées
Qui c’est qui c’les tape
Qui c’est qui c’les tape
C’est la compagnie montée.


      Passé les barbelés, Vanderberg l'adjudant nous attendait :
"-Bien dégagé, bande de cons, vous connaissiez les consignes, maintenant il va falloir payer.
-« Au tombeau »

     Sous la garde d'une sentinelle; baïonnette au canon, des pelles et des pioches nous furent distribuées. Nous creusons un trou de quatre-vingt centimètres de profondeur. Au-dessus du trou, nous tendons une petite tente individuelle.Puis nous glissons, nus comme des vers, à l'intérieur du "Tombeau", par soixante degrés à l'ombre, nous y resterons deux jours interminables.
Sans eau, sans nourriture, notre langue est gonflée comme du bois, des cloques apparaissent sur notre visage. A force d'être immobiles dans le "tombeau" nous sommes pleins de courbatures.
Un enfer.!!!

"C'est une chose d'importance
La discipline à la Légion
L'amour du chef, l'obéissance
Sont des plus pures traditions"
(Chant traditionnel)

      Au bout de deux jours, nous avons fini notre punition. Nous rejoignons la compagnie. J'ai eu le temps de méditer, dans mon "tombeau", et la prédiction du Marabout me trotte dans la tête.
Les mois allaient passer. Les prédictions étaient exactes.
Le Marabout avait raison.

« La routine… »
Le 1er septembre 1969 le nombre de soldats français atteint 2.500 hommes plus 22 avions et hélicoptères.
« Arrivée des hélicoptères le 19-5-69 en pièces détachées, montés à Douala (Cameroun) ces helminthes sont montés avec des canons de 20m/m munis de grands filets et de crochets ces hélicos servent comme au Vietnam pour le ramassage des morts des blessés et des évacues sanitaires »

2repripep  L’EMBUSCADE

« La routine… »
Arrives le 16 avril 1969 Toutes les voies de communication étant coupées par la rebellions et le Tchad ne possédant aucune route, il nous reste la piste que l’armée tchadienne n’emprunte plus car celle-ci est tenue par la rebellions.
A Fort Lamy nous prendrons la route pour effectuer notre première opération le 28 avril. A partir du 28 le ravitaillement, l’évacuation des morts des blessés et des évacués sanitaires se feront uniquement par voie aérienne sur les deux aéroports d’Abéché dans le Ouadaï et Largeau au pied du Tibesti. A ces deux aéroports viendront s’ajouter l’aéroport en brique pilée de Fort Archambault et ceux que nous avons nous même construits à Am-Timan, Gos-Beïda, Mongo, Abou-Deïa et Fada dans l’Ennedi.

Les distances sont gigantesques : Bokoro : 200km
Ati : 360 km
Abou-Deia: 440km
Fort-Achambault: 480km
Oum-Hadjer: 500km
Am-Timan: 560km
Fada: 880 km
      Ces distances étant des distances de piste et non des distances de routes.
La République du Tchad grande comme trois fois la France, va devenir pendant plus de 30 ans le terrain de chasse du 2ème Régiment Etranger de Parachutistes.
Le détachement du 2ème REP comprend 390 Légionnaires scindé en 2 compagnies de combat, une section de mortiers, un élément de Commandement, et une assistance formée par la 11ème Division Légère d’intervention parachutiste, auquel il faut ajouter 2 hélicoptères alouette de commandement, des hélicos de transport Sikorski, des hélicos blindés munis de mitrailleuses de 12,7 m/m, chargés de notre appui feu. Le bombardement et l’appui seront assurés par les Jaguar et les Mirages stationnés à Fort Lamy.
      L’approvisionnement en vivres et munitions sera fait par le groupe de transport 59 de Fort Lamy composé de vieux Dakota hors d’âge, Nord-Atlas 2501, et Transall C160.
Le régiment s’est scindé en deux. Deux Etats majors tactiques, l’un commandé par le Commandant Millin, l’autre par De Chastenet d’Esquerre. Nous avons perçu des véhicules antédiluviens : Jeeps, 4X4, 6X6, T 46 Citroën qui faisaient partie de matériel de réserve stockés sur cale depuis des années. Nous nous efforçons de les remettre en état, avec les moyens du bord. Ce n’est pas facile, tous ces véhicules sont déclassés depuis longtemps. Il va falloir faire avec.
      Au fur et a mesure que les véhicules sont remis mis en état les sections font leur apprentissage de la configurations topographique de la brousse et de l’adaptation climatique en milieu Africain. Ça ne se passe pas très bien, car nous ne sommes pas habitués au climat, et les exercices de combat simulés que nous faisons dans la région de Bokoro à quelques kilomètres de Fort Lamy se soldent par une déroute, car nous sommes tous victimes d’insolation et de déshydratation. L’effort physique nécessaire pour les manœuvres des sections n’étant pas en adéquation avec les rigueurs climatiques. Nos organismes peu habitués à la chaleur qui règne avoisinant les 50 degrés à l’ombre réagissent mal. Intoxications alimentaires, déshydratation, coup de bambou, premières chiasses qui ne seront pas les dernières, la nature nous est hostile, et les évacuations sanitaires commencent sur l’infirmerie hôpital de Fort Lamy.
Ces premiers huit jours, sont difficiles, mais il faut aller vite car la situation se détériore. Les bandes du FROLINAT parcourent le pays mettant à feu et à sang les populations indigènes, et malmenant les forces gouvernementales qui partent vers l’intérieur du Tchad, mais ne reviennent jamais. ……
      Le gouvernement étant sans nouvelle depuis 1 an de la Préfecture de Mangalmé, ordre nous est donné de partir la bas et de rétablir l’ordre. Le Commandant De Chastenet nous donne ses dernières instructions.
« Nous ne sommes pas ici pour nous battre. Nous avons été envoyés pour réconcilier les populations entre elles et mettre fin a une guerre civile qui n’ose pas dire son nom. Nous nous servirons de nos armes uniquement si nous sommes attaqués, mais cela ne devrait pas se produire »
L’histoire, composée de beaux discours et de recommandations, prend quelquefois certaines libertés et en décide autrement.
Le piège s’est refermé.Quelques heures avant le départ un avion venu de France nous a apporté des lunettes de soleil, des chèches et des chapeaux de brousse « l’image du Légionnaire enturbanné fera le tour du monde et caractérisera les interventions en milieu désertique »

 

     Nous sommes sans le savoir devenus des précurseurs de l’élégance vestimentaire des trente prochaines années…

Le convoi s’ébranla aux aurores je faisais partie de la compagnie du Capitaine Milin. Nous étions dans les derniers véhicules de la compagnie. On m’avait confié pour l’amener sur Mangalmè un GMC que je conduisais qui contenait un énorme frigo vide car la base arrière de Fort Lamy avait du juger que nous pourrions nous passer de frais, et nous avait royalement octroyé deux camions remplis à ras bord de rations de survie de l’armée.
J’avais comme chef de voiture le sergent Boulagnon. Derrière moi une Jeep avec deux gendarmes de la prévôté, le sergent Acebal dans un autre véhicule, puis la Jeep de l’adjudant chef Krechmar conduite par le légionnaire Meyer. Devant dans les autres véhicules les 4 sections de la compagnie qui éclairaient le convoi, en tout une cinquantaine de véhicules.
« Distance de poussière entre les véhicules » avait ordonné le Commandant de Chastenet. Nous roulions donc au radar car la poussière des véhicules précédents, ne nous permettait pas de bien voir la piste. le sergent Boulagnon n’était pas très loquace il se contentait de m’allumer mes clopes car mon attention était sans cesse occupée par les difficultés de la piste les gués à traverser, les ornières et les nombreuses pannes des véhicules ranges sur le bas coté.
Au bout de 100 Kilomètres nous ne ressemblions plus à des Européens, le sable et la poussière nous avaient transformé en de véritables sénégalais.
      Le convoi était sans arrêt stoppé par des Légionnaires malades qui sous l’action du soleil faisaient « des coups de bambou » il fallait alors les évacuer vers les infirmiers qui ne chômaient pas En fin de journée nous arrivâmes en vue de Mongo, environ deux cent cases et huttes rien qui ne ressemble à une ville.
Demande d’évacuation sanitaire pour ceux d’entre nous qui n’avaient pas supporté cette première journée, les hélicos vinrent les chercher pour les ramener à Fort Lamy, la saga des évacuations sanitaires venait de commencer, elle sera intarissable ,dans le sens Mongo - Fort Lamy, et prendra le sens inverse, par rotations d’hélicoptères dans le sens Fort Lamy hôpital - Mongo base arrière opérations.
Les informations que nous avions ne nous rendent pas méfiants car dans la région où nous sommes les rebelles se cachent dans un massif montagneux l’Abbou Tel fan dont le sommet culmine à 1300 mètres. De ce massif montagneux le FROLINAT fait de fréquente incursions vers Mongo et Mangalmé dont on est toujours sans nouvelles depuis 1 an. Plus de traces du Préfet et de l’Administration, aucune liaison radio, aucun témoignage.
      La difficulté de la piste aidant, les véhicules qui devaient se tenir à distance poussière, ont creusé l’écart et le convois s’étend maintenant sur des dizaines de kilomètres, certains véhicules légers Jeep, 4X4, 6X6 passent bien et sont en tête, mais les camions Citroën tombent en panne, les matériel lourds avancent comme des tortues, ce qui a creusé l'écart.
Alors que le Capitaine Millin est dans la jeep de tête et qu’il n’est plus qu’a quelques kilomètres de Mangalmé son chauffeur évite depuis peu, des amoncellements d’arbres et de tranchées, en travers de la piste, qui ne paraissent pas naturels.
Millin se retourne vers le Lieutenant Remy l’officier de renseignement du 2ème REP.
« Ça ne te rappelle rien?
Si les touches de piano comme en Algérie! Ouvrez l’œil et resserrez le convoi » ordonne par radio Millin à tous les véhicules du convoi.

     Rosi recolle aux véhicules de tête m’ordonne Boulagnon.

      Je voudrais bien Sergent, mais avec le frigo que j’ai derrière qui doit faire 4 mètres sur 4 mètres de hauteur, c’est impossible, le frigo bascule dans tous les sens je ne peux aller plus vite.
En fait dans la fin du convoi c’est mon véhicule, et celui du sergent Acebal qui bloquent les derniers véhicules de l’adjudant Kershmar, et les gendarmes de la Prévôté.
Boulagnon à autorité, « impossible de recoller au convoi s’écrie Boulagnon à la radio les frigos que nous avons ne nous permettent pas de recoller vers vous »
Démerdez vous répond Millin.
Boulagnon et moi sommes arrives dans un oued à sec rempli de troncs d’arbres empilés les uns sur les autres qui forment barrage.
Contourne l’oued, me dit Boulagnon
Alors que je cherche une autre possibilité de franchir l’oued les premières détonations se sont faites entendre et les premiers impacts ont atterri avec un bruit sourd dans le châssis et les ridelles du camion.
Boulagnon s’est mis à hurler a la Radio :
« Mon Capitaine nous sommes tombés en embuscade »
Millin calmement lui a répondu : « On arrive, le Lieutenant Germanos fonce vers vous, tenez bon »
« Rosi passe moi l’oued absolument » s’est écrie Boulagnon alors que nous recevons un tir nourri en direction du véhicule.
« Pas possible sergent, pas dans ces conditions »
Nous sommes descendus du véhicule et nous sommes abrités derrière le camion. Le sergent Acebal lui aussi bloqué, est venu vers nous et a commencé, à l’aide de son pistolet mitrailleur à arroser autour de nous la bande hurlant de 250 rebelles qui hésitaient à avancer sur nous. Boulagnon et moi nous sommes emparés de nos armes et on a tiré dans le tas pour se dégager; manifestement ils ne sont pas habitues a rencontrer une telle résistance et hésitent à avancer.
Une vingtaine d’entre eux s’enhardit et avance sur nous
« Grenades » s’est écrié le sergent Acebal.
      En même temps on leur a balancé tout ce que nous avions dans nos porte grenades.
Ils se sont réfugiés à une cinquantaine de mètres derrière des amas de rochers. Ce sont des gens du Nord du Tchad reconnaissables à leur gandouras blanches d’où pendent sur leurs épaules des chapelets de munitions.
Les deux gendarmes de la prévôté avaient quitté leur Jeep (ma version sur les gendarmes est en contradiction avec là-leur, ce n’est pas du tout la même version) et rampaient vers nous. Acebal a hurlé :
Vous ne pouvez pas vous servir de vos armes bande de connards!
On n’a pas de cartouches s’écrièrent les deux pandores...
Comment vous n’avez pas de cartouches ?
On a oublié d’en prendre.
      Ces deux cons comptaient sur notre professionnalisme et se croyaient à l’abri avec la Légion, comme s’il s’agissait d’une promenade de santé.
Regroupes derrière le camion nous avons tenu environ un quart d’heure, les munitions commencent a s’épuiser Acebal qui avait plus de mordant que le sergent Boulagnon qui avait fait sa carrière au service des effectifs dans l’administration régimentaire a pris les choses en main.
« On remonte dans les camions on passe en force l’oued, tant pis pour les frigos si on les perd, aucune importance. » Puis il a appelé son chauffeur lui a demandé de me suivre et monte sur le marchepied de mon GMC tout en continuant à tirer, j’ai enclenché le crabot du véhicule, passe en catastrophe toutes les vitesses très courte avec le crabot pour avoir un maximum de puissance et j’ai réussi à passer l’oued par miracle, l’énorme frigo allant butter tantôt du côte droit de la ridelle tantôt du côte gauche.

      Nous avons attendu que le chauffeur d’Acebal fasse de même puis j’ai décrabotté le véhicule et j’ai foncé tête baissée en m’abritant au-dessous du pare-brise sans même voir la piste à travers le rideau de rebelles qui nous barrait la route de l’autre côté de l’oued, puis j’ai mis le véhicule à la puissance maximale pour recoller au peloton. Une dizaine de minutes plus tard nous avons croisé le Lieutenant Germanos et une trentaine de véhicules qui arrivaient pour nous dégager à toute vitesse.
« Laissez nous passer, faites demi-tour et recollez derrière nous » j’ai fait un demi -tour puis j’ai suivi tant bien que mal Germanos.
Quelques minutes après nous étions arrivés à hauteur des rebelles de plus en plus nombreux qui essayaient de coincer Kerchmar et son chauffeur réfugiés dans une encoignure de rocher.
Les sections ont débarqué commence à envoyer la purée, les Fusils mitrailleurs les ont pris en tir croisé et on a fait un beau carton. Une cinquantaine de rebelles, tandis que les autre d’enfuyaient.
Germanos a alors ordonné de remonter dans les camions et de les prendre en chasse. Une dizaine de Kilomètres plus loin tous les pneus des camions étaient crevés et la chasse a du s’arrêter pour réparer.
Sans l’intervention de Germanos et des trois sections, je pense que je ne serai pas entrain d’écrire ces lignes.
« La routine »
      Les combats se succèdent.
De juin à septembre les légionnaires héliportés, accrochent une dizaine de groupes entre Mangalmé, MELFI, et Bitkine, mettant hors de combat plus de deux cent rebelles, dont dix huit chefs.
Le 5 septembre journée noire pour les rebelles 71 maquisards sont tués dont Mahamat Ali Taher dit « Abadi » tué a Bedo, Koseï Darkalami tué à N’Gorma et Yaya Kebirmi blessé à la tête et emporté mourrant par les siens.

2repripep  LES CYNOCEPHALES

      Les gorilles, en fait, s'appellent des "cynocéphales" dans cette région du Tibesti, à une semaine de camion, en marchant plein pot vers la seule et unique ville qui est aussi la capitale. Le cynocéphale est la terreur du noir "lambda" qui habite ces contrées désertiques et lunaires. "Il a mauvaise réputation", comme dirait toujours Brassens. Les bruits qui courent à son sujet sont inquiétants. Le Cyno est capable d'agresser le quidam du coin qui marche seul sur la piste et on dit même qu'après l'avoir tué, certains seraient même un peu pédés.
Idem pour les beautés du coin. Malheur à ces jeunes filles ou ces femmes âgées, qui vont chercher de l'eau au puits du coin. Il serait même un peu cavaleur. C'est un gros mangeur, un aimable convive mais qui s'invite lui-même, ainsi que ses copains de tribus au nombre d'une soixantaine, dans les villages alentours. Au grand dame des autochtones, qui s'enfuient affolés en hurlant, il se précipite vers les immenses calebasses de trois mètres de haut qui abritent le mil. Rassasiés, ils cassent, démolissent, renversent et pillent un village entier, laissant une terre de désolation. Bref sa réputation n'est pas usurpée.
Une bande rebelle du "Frolinat" nous avait été signalée aux alentours d'Am-Timan. Rapidement, afin d'exploiter au mieux le renseignement, deux sections embarquèrent dans trois hélicos "Sikorski", protégés par un hélico "canon ", équipé d'une mitrailleuse de 12,7 m/m, en protection en cas de coup dur. Les hélicos nous déposèrent dans la région d'Am-Timan, où nous allions poser une embuscade. Encaissé entre deux énormes monticules de rochers de quatre cents mètres de haut, serpentait une petite piste de cinquante centimètres, qui menait à un puits qui, pour une fois, n'était pas empoisonné. L'embuscade fût tendue avec précision et amour du travail bien fait. Des fils de Nylon auxquels était accroché des chapelets de grenades défensives furent tendus sur la piste. Le piège fut amélioré par quelques fusées éclairantes tendues de chaque côté de la piste. Il ne restait plus qu'à attendre patiemment que la nuit tombe.
Le lieutenant m'appela :
« Rosi tu prends le Fusil mitrailleur et un poste radio, tu gravis l'amas de rochers et tu "schouffe" dans toutes les directions. Si tu les vois arriver, presse deux fois sur l'interrupteur radio sans parler, nous serons ainsi prévenus »
« A vos ordres mon lieutenant. »
      Je gravis donc l'amas de rocher péniblement pendant un quart d'heures et me retrouve sur le sommet, une sorte de plate-forme d'éboulis de deux cents mètres de circonférence. Je suis seul. Je déballe la grande antenne du poste, engage une bande de deux cents cartouches dans la culasse, cale mon F.M. entre deux cailloux et j'attends que la nuit tombe. Une demi-heure se passe. "Rien à signaler", j'observe le silence radio prescrit par le Lieut. Le soleil tape encore dur quand j'entends un bruit derrière moi. Le spectacle qui s'offre à mes yeux n'est pas pour me rassurer. Un énorme cynocéphale a gravis le côté opposé par lequel je suis monté et se trouve aussi ahuri que moi de me trouver là.
A cet instant précis je me remémore les vielles histoires que l'on nous a raconté sur les cynocéphales, et je ne suis pas rassuré. Cependant mes deux cents cartouches engagées, mes quatre bandes de réserve supplémentaire, et mes six grenades accrochées à mon brelage me rassurent. La surprise commune passée, le Cyno dont les bras font la circonférence de mes jambes, taillé en athlète, commence à pousser des cris de chien, de la même voix rauque. Il s'énerve lui-même ce con, et commence à m'inquiéter. Il se ballade dans tous les sens autour de moi agressif, avec un sale regard vicelard dans les yeux que je n'aime pas du tout. Soudain, il s'enfuit vers le côté où il est arrivé, parait chercher quelque chose des yeux et, à ma grande stupéfaction, je vois arriver une soixantaine de Cynocéphales, également surpris de me trouver là. Ils forment une compagnie, les gros mâles en tête et sur les côtés. Au milieu les mères et les petits protégées par les mâles adultes et dominants. Au beau milieu un énorme mâle qui parait être le chef. Il roule les mécaniques. Petit à petit la surprise fit place à l'agressivité. Les mâles dominants commençaient à faire une manœuvre d'encerclement. Certains se grattaient les couilles de plaisir en me regardant. Les autres me faisaient des gestes "obscènes", et le ton montait. Je restais quelques minutes immobile, ne les regardant pas, pour ne pas les énerver. Le coup du mépris.

Cela les excita encore plus. Leur manœuvre d'encerclement était presque terminée. Je ne voulais pas faire "Camerone". A Camerone ils étaient soixante contre trois mille Mexicains. Moi j'étais tout seul contre soixante et un cynocéphales. Le combat était encore plus inégal en ma faveur. J'attrapais le combiné du poste radio d'en bas et appelais son servant, violant ainsi les consignes de "silence radio" du lieut.:
"Rosi, tu me reçois?"
Silence radio.
      Plusieurs fois je répète l'appel. Personne ne réponds, jusqu'à ce qu'un hurlement me parvienne aux oreilles :
"Connard tu ne connais pas la consigne, tu vas nous faire rater l'embuscade"
L'embuscade, je m'en "bats les couilles", je n'ai pas envie de me faire buter puis sodomiser par une bande de Cyno venus dont on ne sait trop où.
« Appelle le lieut. et dis lui que je suis attaqué par une bande de cynos qui veulent me faire la peau. »
"Rosi tu commences à me les gonfler, connard! . De deux choses l'une ou tu as attrapé un coup de bambou et tu descends et tu vas te faire soigner par l'infirmier ou tu as encore planqué de l'alcool et tu es "beurré", et alors là, c'est pire, car cela fait six mois qu'on en a pas bu une goutte et tu es un salaud d'avoir gardé cela pendant aussi longtemps sans nous le dire et nous le faire partager"
Les bras m'en tombent. L'assaut est imminent. C'est "Camerone", Dien Bien Phu qui recommencent.
Prestement, je déballe mes grenades et les range soigneusement sur une petite murette, je respire un bon coup puis, en me relevant, je dégoupille la première, la lance au milieu des cynos et j'embraye sur les suivantes.
Boum! Boum! Boum! Boum! Boum! Boum. Les six grenades ont explosé.
Les cynos, sous la poussée des défensives, sont hachés, explosent en vol, des têtes, des bras, des jambes retombent autour de moi. Ceux qui sont valides s'enfuient en courant et en hurlant. Le vieux proverbe appris pendant mes classes me revient "instruction difficile, guerre facile". Le silence est oppressant. J'en ai mis un paquet au tapis. Je vais peut-être être décoré, citation à l'ordre de la division, peut-être une "palme". Justement celui qui va peut être me décorer m'appelle à la radio. C'est le Lieut. :
      "-Rosi, mon radio vient de me raconter ton histoire à la con de cynos. Tu as eu peur et tu as lâché tes grenades, bougre de con!!!! L'embuscade est foutue, à cause de toi, connard! . Je vais lui raconter quoi au Commandant De Chastenet qui a préparé cette opération depuis plusieurs jours. Descends!!!! Immédiatement!!!!!!!
Je vais te faire un cadeau! »
Ce genre de cadeaux, je les connais..... A peine descendu:
"Mets toi au garde à vous"
      A peine avais-je rectifié la position, que son énorme poing s'abattit sur mon nez, qui une fois de plus se mit à gonfler pendant que mes yeux commençaient à prendre les couleurs de l'Aurore boréale. Habituel et traditionnel.
En plus, tu me feras quatre heures de "pelote".
Accompagné de mon professeur de leçons particulières, je tournais donc pendant quatre heures, obéissant aux ordres: "debout, couchez, rampez, marche en canard " jusqu'à épuisement. Pendant ce temps là, les deux sections hurlaient de rire à mes dépens. Cela dura jusqu'à cinq heures du matin. A six heures, nous partions vers Mongo, à trois cents Kilomètres car des pèlerins avaient été repérés armés, dans une zone interdite, par le "piper" chargé de l'observation aérienne.
 

2repripep  FOUM EL ATAM.


     Nous les recherchions depuis de nombreuses semaines, nous savions qu'ils étaient là dans un rayon de quelques kilomètres et qu'ils fuyaient devant nous. Restait à les localiser. La configuration du terrain rendait la recherche difficile mais nous étions persuades qu'on allait les coincer. Au fil des jours la fatigue et les privations faisaient place à l'excitation du chasseur débusquant son gibier.
Nous nous reposions durant la journée, car les véhicules étaient inutilisables à cause de la chaleur qui provoquait du "vapor-lock"dans les carburateurs de nos véhicules 50° à l'ombre, et pas d'ombre, car il n'y avait pas de végétation. Il fallait les trouver, pour que cessent les longues marches de nuit, pendant lesquelles nous tirions au maximum sur nos réserves physiques. déjà épuisées depuis longtemps.
La chance, allait nous donner le petit coup de pouce que nous attendions en vain depuis plusieurs jours, afin de nous permettre de les localiser.
Des "Peuls" nomades, rencontrés sur la piste, avaient été "cuisinés" et l'un d'entre eux nous donna des précisions, que le Commandant Meudec considérait comme prioritaire pour les localiser.
Le petit village de Foum El Atam, quelques cases, plantées au creux d'une vallée encaissée entre deux amas de rochers de deux cent mètres de haut comme il était précisé sur la carte allait nous en donner l'occasion.
Le commandant Meudec s'était posé avec son hélicos, et demandait déjà , l'intervention des 6 hélicoptères Sikorski et des deus hélicos canon comme appui feu.
-Base arrière de "soleil" vous les aurez dans 4h00
-Il me les faut de suite hurlait Meudec, je vous donne deux heures, je les veux a ma verticale dans deux heures .Deux heures vous m'entendez! Démerdez-vous on les tient.
Pendant l'attente nous démontions nos chargeurs et les nettoyons en prenant grand soin de remettre les balles une par une.
Le caporal Faust ayant été évacué à Fort Lamy pour quelques jours atteint de dysenterie amibienne, et de paludisme, la fonction de chef de pièce du fusil mitrailleur et de ses servants me revenait comme Légionnaire de première classe ,le plus ancien dans la fonction.
-Rosi ,vérifie la pièce (fusil mitrailleur) s'écria Ackerman.
-La pièce à moi! Le tireur et les deux pourvoyeurs s'approchèrent de moi et commencèrent a démonter
pièce par pièce, l'AA52 qui m'était présentée, pièce démontée je l'inspectais et leur ordonnais de préparer
les bandes de 250 cartouches qui constituaient notre réserve. Chacun de nous vérifiait les deux bandes de
 250 cartouches que nous portions en bandoulière sur nos épaules et qui devaient alimenter les premier tirs de l' AA52.
Alfonsi qui était le tireur F.M, me fit un clin d’œil pour me signifier que tout était O.K.
      Avec Alfonsi comme tireur ,je savais que tout se passerait bien et que les sections de voltige, pourraient crapahuter en toute sécurité, pendant que la pièce les couvrirait si le besoin s'en faisait sentir.
Les hélicos sont arrivés en formation de combat, un à un, ils se posèrent devant nous en soulevant d'épais nuages de poussière et de sable qui nous rentrait dans la gorge. Nous nous sommes installés dans les hélicos sur les banquettes.
-Rosi tu sortiras en dernier, des le posé d'assaut, tu nous couvriras avec ta pièce!
-A vos ordres Sergent
Les hélicos se sont arrachés un à un et ont repris leur formation de combat. nous avons volé pendant trois quart d'heures en fumant une ou deux cigarettes malgré l'interdiction, puis devinant l'approche du point tenu par les rebelles, nous avons commencé à nous intéresser par la porte entrouverte, au relief du terrain, pour nous préparer à gicler hors de l'hélicos. A la monotonie du désert, succédait un thalweg encastré de part et d'autre, par deux rangées de rochers de deux cent mètres de hauteur.
      Les hélicos sont rentrés dans la vallée, et se sont arrêtés à la lisière. A la radio, le pilote commandant le détachement hélicos a demandé à l'hélicos canon équipé de plaques de blindage ,et de ses mitrailleuses de 12.7 m/m de suivre la vallée, en reconnaissance, et de rendre compte de ce qu'il observait.
Pendant que nous restions en stationnaire, l'hélicos canon est parti et rendait compte au fur et à mesure de ce qu'il voyait. Les amplis radios du poste de pilotage, nous informaient au fur et à mesure de ce que découvrait l'hélicos.
- Je suis dans l'axe de la vallée, je prends un peu de hauteur, crachouillait l’interphone.
- Rien a signaler, je distingue au fond , un village à trois kilomètres, une dizaine de cases, je reprends de la
hauteur, et vais passer à leur verticale dans 3minutes. La radio et l'ampli réception nous restituaient en temps réel l'information par le truchement des hauts parleurs.
-Je suis au-dessus du village pas, d'habitants rien ne bouge, le village parait désert. Soudain nous entendîmes les premières détonations et la radio de l’hélico « pirate » hurla.
-On est en train de se faire allumer ,je décroche, ils sont la, ils sont a vous.....
Dans une sarabande infernale, mue par la virtuosité des pilotes, nos hélicos ont commencé à redescendre en catastrophe, puis nous ont posé sur la piste qui conduisait au village, nous avons alors giclé comme des fous, à droite des éboulis.
- La voltige sur le flanc gauche, la pièce sur le flan droit s'est écrié le Lieutenant, ratissage et fouille en ligne jusqu'au village.
Nous nous sommes mis en ligne, et avons commencé à fouiller dans une configurations de terrain difficile, car les amas de rochers étaient hauts d'environ deux cent mètres et étaient parsemés de grottes naturelles encastrées dans le rocher. Au bout d'une trentaine de minutes nous sommes arrivés dans le village. Les rebelles sont alors sortis en force des cases et ont commencé à nous allumer puis ils ont dégagé en force vers le Nord, en s'éparpillant dans les rochers à la sortie du village.
La fouille du village a commencé, il fallait commencer par là, avant de songer à leur courir après. Nous ne pouvions prendre le risque de les rattraper, sans avoir fouillé auparavant les quelques cases, qui restaient derrière nous.
      La neutralisation se ferait en deux temps.
      Nous avons commencé la fouille. Pas de femmes, ni de gosses, personne dans les premières cases. Nous avions pratiquement fini à l'exception de deux cases un peu retirées, quand trois homme armés sont sortis en courant, et se sont mis à courir dans tous les sens en hurlant.
- Rosi, c'est pour toi sur ta gauche, a hurlé Ackerman. Je me suis débarrassé de ma musette qui me gênait, ai mis un genou au sol, calmement, j'ai épaulé, et l'ai encadré dans ma ligne de mire. Il devait être à 200 mètres quand j'ai pressé la détente. L'homme a fait une pirouette, est tombé par terre, s'est relevé, a fait trois pas, quand je lui en ai remis une giclée supplémentaire, il est resté au sol.
Dans un bruit de turbine, le commandant Meudec, a atterri à cet instant dans son hélicos, dans un vacarme assourdissant. Le temps de me protéger du sable qui me rentrait dans la gorge, j'ai alors couru vers le noir. Il était allongé par terre ,un petit trou logé dans le ventre ,avec des bulles qui sortaient comme de la mousse.
La première balle lui avait arraché l'épaule et faisait place à une plaie béante, la deuxième était dans le ventre, un petit trou ridicule d'où sortait un liquide verdâtre, sans doute du mil avec du sang mélangé qui giclait par intermittence.
L'homme me regardait en geignant doucement, ses yeux exorbités, exprimaient la peur et la souffrance. Son regard me fixait, c'était insupportable.
Jamais je n'oublierais, ce regard posé sur moi ,comme étonné. Dans cette échange de regards il n'y avait aucune haine ni d'un coté ni de l'autre même pas de compassion de ma part .La tête vide j'ai éprouvé le besoin d'en finir, pour ne plus confronter la triste réalité de son regard ,je le lui ai vidé trois cartouches dans le buffet. Son corps a tressauté trois fois, puis le sang s'est répandu sur le sable aussitôt absorbé.
Le sergent Ackermann s'est approché de moi ,avec le reste de la section, a ramassé l'arme ,un Enfield l'a mis en bandoulière et a hurlé, dans un mauvais Français :
- En ligne, on reprend la progression à partir du village.
Entre temps trois compagnies de paras Tchadiens étaient arrivées en renfort et palabraient en se trouvant des excuses pour ne pas faire l'assaut, s'estimant trop peu nombreux, suggérant d'attendre un peu que la fraîche tombe, et demandant d'attendre l'arrivée des chasseurs de l'armée de l'air avec demande de strafing.
Le Lieutenant s'est mis a hurler contre eux.
- Les singes, oui vous les singes, s'exclamait il en interpellant les paras Tchadiens bande de pédés, gardez les hélicos, on a aucun besoin de vous, abrutis… gonzesses...
- La section reprenez la progression!
     Nous sommes revenus au village, j'ai remis les hommes en ligne, j' ai vérifié leur alignement, puis j'ai ordonne à la pièce de garder un œil sur la voltige, qui crapahutait de l'autre cote, pour l'appuyer si nécessaire et de commencer la fouille.
Nous sommes remontés sur le flan gauche dans les éboulis, et pendant que l'hélicos canon faisait du stationnaire au fond de la vallée en leur coupant la piste, on les a débusqués un par un en progressant lentement. La pièce a commencé à arroser au fusil mitrailleur, par bandes de 250, tout ce qui était susceptible de leur servir d'abri.
Devant la voltige, nettoyait au pistolet mitrailleur, les anfractuosités du terrain ,et les légionnaires grenadaient une à une les grottes, et les éboulis de rochers, dans un fracas ahurissant, partout où ils étaient dissimulés.
Cela dura environ deux heures pour que le nettoyage soit fait au complet. Une cinquantaine de rebelles au tapis, et une quinzaine de rescapés, que nous avions regroupés, et qui nous regardaient avec terreur, en claquant des dents.Nous avons regroupé tous les cadavres, et nous avons fini par nous asseoir au milieu en grillant une cigarette. indifférents à ce spectacle coutumier.
Les pilotes d'hélicos nous ont ramené de l'eau car nos bidons étaient vides, puis ils se sont mis à prendre des photos, prenant des poses en groupe au milieu des rebelles, en prenant des airs martiaux. C'était ridicule.

Nous nous restions indifférents a les regarder vociférer, et parader au milieu des cadavres. La fatigue s'était emparée de nous, certains étaient allongés et dormaient, d'autres se désaltéraient et saucissonnaient, en ouvrant leurs rations de combat.
     L'armée Tchadienne est arrivée après la bataille, même spectacle de photographies ponctué de cris de victoire a l'Africaine, à en vomir.
Le commandant Meudec est arrivé nous à parlé de tout et de rien en nous empruntant à l'un ou a l'autre un morceau de nos rations, comme s'il ne s’était rien passé d'extraordinaire. Entre nous nous ne parlions pas du détail de ces engagements de ce que l'un ou l'autre avait fait, de ce qui s'était passé, jamais.
Le terrain avait été nettoyé un point c'est tout!
Les paras Tchadiens ont pris en compte les quinze rescapés, leur ont lié les mains derrière le dos, puis comme lors d'une revue, les ont aligné en ligne, face contre terre., ou ils ont passé la nuit dans cette position.
Quand j'ai été prendre mon tour de garde pendant la nuit, je suis passé à cote d'eux, on les entendait toujours claquer des dents, de peur. Le bruit de leurs mâchoires, accentué par le froid et la peur faisait un bruit de castagnettes.
Ils savaient ce qui les attendait, les paras Tchadiens après nos nettoyages ne gardant pas de prisonniers, pour la simple et unique raison qu'ils n'avaient pas de bouches inutiles à nourrir; ne pouvant eux même manger tous les jours à leur faim.
Au petit matin quand je me suis réveillé transi de froid, le café était sur la braise allumé comme a l'accoutumée par la dernière sentinelle de garde.
Au radar, en avalant mon café debout, j'ai jeté un tour d'horizon autour de moi vers les prisonniers. Ils n'avaient pas bougé, toujours la face contre le sol, les mains liées derrière le dos. Mon attention fut attirée par des taches sombres qui noircissaient le sol.
     Ils avaient été simplement égorgés un par un par les paras tchadiens.
J'ai continué à avaler mon café, celui ci ma ramené à la triste réalité, et je me suis souvenu du regard de l'homme que j'avais abattu froidement la veille. Je me mis à prier comme dans tous les moments difficiles.
- Mon Dieu donnez moi le courage de continuer pour ne pas être tué, et pardonnez moi d'être devenu ce que je suis.
Trente après son regard chargé d'interrogations, et de tristesse, hante encore mes nuits.

« La routine »
-23 janvier 2 parachutistes français sont tués près de Faya Largeau dont le fils du Général Cortadellas
général en chef des Forces françaises au Tchad.
-5 février 1971 5 soldats de l’armée tchadienne et 1 parachutiste français le martiniquais Alain Tandarawayen tombent près de Sara Arab .
-17 mars le sergent –chef Large conseiller auprès de l’armée tchadienne est tué près de Ngama à l’est de Fort Lamy.
Le 18 Juin 2 parachutistes français capturés lors d’un engagement près de Largeau sont emmenés comme prisonniers et exécutés par les partisans eux même poursuivis par les hélicoptères français
Il s’agit de :
Yvon Martin matricule 7233000848

Stanislas Grolwski mat 715900688

 

2repripep  LE LOTO

      Nous nomadisons dans le secteur de "Foum-El Atam". La région est désertique, pas le moindre arbre sous lequel s'abriter de la chaleur, les camions font du "vapeur-lock" et nous devons nous arrêter souvent pour les laisser refroidir. Depuis plusieurs jours, nous demandons désespérément de l'eau par radio à "Autorité" Et "Autorité" nous promet tous les jours que les hélicos vont décoller de Fort Lamy pour nous apporter des fûts de deux cents litres mais nous ne voyons jamais rien venir. Nous n'avons plus d'eau pour boire et sachant qu'il faut dix litres d'eau par jour pour chacun d'entre nous, et que les bidons sont vides depuis deux jours, le Capitaine Aubert, voyant nos forces diminuer, nous fait stopper, et rend compte à Fort-Lamy que la progression n'est plus possible par manque d'eau. Ses hommes ne peuvent plus avancer et que, sous l'effet de la déshydratation, il a stoppé la section en attendant les secours.
La chaleur est irrespirable. C'est du plomb qui nous tombe sur la tête. Aubert a disposé des sentinelles, mais petit à petit nous nous sommes traînés vers les camions, car la déshydratation a commencé à faire ses ravages. Notre visage est brûlé par le soleil, des cloques apparaissent ça et là sur la peau, notre langue est en bois, notre gorge est encombrée de mucosités, et nous n'avons plus la force d'assurer la sécurité du groupe. Nous nous sommes allongés sous les camions et attendons, en nous déshydratant, une hypothétique livraison d'eau. La situation est désespérante. Manuel, l'infirmier, fait ce qu'il peut, c'est à dire pas beaucoup. Nous resterons trois jours immobilisés pendant qu'Aubert injurie Fort Lamy à la radio. Aubert a ordonné de récupérer l'eau de radiateur des camions, que nous nous sommes partagée, ce qui fait un petit gobelet chacun. L'eau est innommable car elle traîne dans le circuit de refroidissement depuis des mois, et loin de nous faire du bien elle a aiguisé encore plus notre soif.
      Le lendemain, Aubert ordonne de vider le "circuit de refroidissement du bloc moteur" des camions. L'eau est encore plus innommable, elle est rouge brun et a un goût métallique. Chaque camion contenant une quinzaine de litres, nous avons eu droit chacun à un gobelet plein. Nous sommes loin de nos dix litres habituels et cela fait trois jours que ça dure. Enfin, à l'aube du troisième jour, un bourdonnement s'est fait entendre, d'abord lointain puis, petit à petit proche et les hélicos au nombre de deux sont apparus à notre verticale. Nous avons réussi péniblement à nous relever, puis, attrapant nos vestes de combat, nous les avons agitées désespérément vers les équipages.
Les hélicoptères posés les pilotes se sont empressés de décharger les fûts de deux cents litres. Désespérément, mais en ordre, chacun à notre tour, nous remplissons nos bidons, et nous buvons goulûment des litres et des litres d'eau puis, malgré       Aubert qui hurlait, nous nous aspergeâmes mutuellement. Au contact de l'eau la peau nous brûlait. Les équipages allèrent nous chercher dans le fond des hélicos, des treillis, des chaussettes et du linge de rechange. C'était le bonheur. Quelques vivres nous furent également distribués. La discipline reprenait ses droits. Les sentinelles avaient petit à petit repris leur tour de garde. Aubert était en grande discussion avec un capitaine de l'armée de l'air.
"- Mon capitaine nous avons croisé un campement de "Peuls" à environ une cinquantaine de kilomètres, dès que vos hommes auront récupéré vous devriez aller y faire un tour »
Merci du renseignement. Dès que mes hommes auront repris leurs esprits, nous continuerons la progression. Montrez-moi exactement sur la carte leurs coordonnées."

Wir sind die Legionäre
Vom ersten Regiment
Wir brauchen keine Schirme
Wen heiß die sonne brennt
(chant de tradition)


     Nous passâmes la nuit sur place. Nous avions peu à peu récupéré et la nuit était douce. Le ciel était étoilé, ça et là des étoiles filantes zébraient la voûte céleste. Le lendemain, après avoir repris la progression, nous roulions depuis quelques heures quand nous arrivâmes au campement des "Peuls". Les "Peuls" n'étaient pas des guerriers et ne prenaient pas une part directe dans le conflit et la rébellion, mais du fait de leur nomadisation sur plusieurs pays africains limitrophes, ils ravitaillaient en armes et munitions les membres du Frolinat.
« Débarquez » hurle Aubert."
     Nous giclons des camions qui ont ceinturé le campement et pas la peine de nous expliquer le boulot, le métier est là, après avoir regroupé d'un côté les hommes et les femmes de l'autre, nous commençons à fouiller les tentes au nombre d'une trentaine. La fouille parait vaine, quand soudain Ackerman le sergent m'appelle discrètement.
"-Rosi, je crois qu'on vient de toucher le Loto, regarde!"
Je fais quelques pas, rentre dans la tente et suis médusé. Devant moi Ackerman a fait sauter les cadenas de deux cantines militaires et le spectacle qui s'offre à moi me sidère. Les deux cantines sont pleines de billets de banque, des milliers de billets de banque, plusieurs centaines de millions, je n'ai jamais vu ça. C'est la caverne d'Ali-Baba. Plusieurs fois le gros lot du Loto. Les billets de banque soigneusement ficelés sont libyens à l'effigie de je ne sais quel Président. Nous avons fait fortune. Nous sommes les premiers Légionnaires milliardaires depuis la création de la Légion. On ne s'enrichit jamais sous le fanion. Les réflexes commencent à jouer.
« Avertis discrètement la section, il va falloir jouer serré pour conserver le magot » me dit Ackerman.
Nous nous sommes tous mis au boulot. Nous avons été chercher discrètement deux sacs à parachute dans les camions et tout aussi discrètement, nous les avons remplis des billets. Au poids on doit dépasser le milliard, peut-être deux. Les deux sacs sont chargés sur les camions. Au-dessus, nous empilons des caisses de munitions pour les dissimuler, et nous prenons l'air de ceux qui ont la conscience propre. Assis dans les camions, un air angevin sur nos visages, nous sommes de parfaits enfants de chœur. Aubert donne le signal du départ et les camions, lentement,
commencent à démarrer.
     C'est là que ça se gâte. Les "Peuls " ayant découvert le hold-up se mettent à courir vers Aubert en hurlant. Le "gros" croit qu'il s'agit de manifestations d'encouragements, puis voyant le ton monter, et recevant quelques pierres sur le capot de son véhicule fait stopper le convoi. Inquiets nous assistons à un mystérieux conciliabule entre le "Gros" et le chef des "Peuls" Rapidement nous comprenons que la situation se dégrade et que le pot aux roses risque d'être découvert. Aubert appelle alors par radio l'interprète tchadien qui se trouve dans notre véhicule.
"Dites à Ibrahim de venir vers la Jeep de tête me traduire ce que raconte ce gazier"
      Nous nous retournons alors d'un bloc vers l'interprète, et Ackerman lui dit en joignant le geste à la parole:
« Si tu mets le" gros" (Cap Aubert) au courant, je te tranche la gorge cette nuit » et ce faisant il fait le geste du couteau tranchant la gorge (le sourire Marocain). Ibrahim a compris ses yeux roulent leur bille et il est devenu gris.
Il court vers Aubert.

"- Alors Ibrahim qu'est ce qu'ils essayent de me faire comprendre, et qu'elle est la raison de leur colère?"
Ibrahim parle quelques instants avec le chef de village dans un dialecte mystérieux et répond.
"- Patron ils ne sont pas contents, ils disent que les hommes ont tout cassé en fouillant les cases »
« Dis-leur qu'ils me les gonflent et qu'ils ne nous retardent plus répond le gros! »

Aber mit frohem,Mut tape-cul
A terre, à cheval, au trot au galop
Aber immer mit frohem, Mut tap-cul
Zieren wir der Heimat zu
Fatma,fatma schenke den jungen Legionäre was ein
Fatma,fatma schenke den jungen Legionäre was ein


Le convoi s'ébranle, nous l'avons échappé belle. …… Trois mois passèrent. La section n'a soufflé mot à personne du Loto ramassé chez les "Peuls". Nous bâtissons les rêves les plus fous de conversion de ce magot quand l'ordre nous est donné de retourner sur Fort Lamy trois jours afin de ratisser les environs de la capitale. Les avions se posent sur une piste de fortune et nous embarquons munis de nos deux sacs à parachute remplis de notre petit milliard. Arrivé à Fort Lamy, nous nous sommes débrouillés pour ne pas faire partie du "ratissage" qui a lieu à quelques kilomètres dans la savane.
Ackerman et moi faisons un faux ordre de mission pour aller à la banque à Fort Lamy. Nous franchissons le poste du camp Dubut sans peine, en Jeep, et nous dirigeons vers la Banque de l'Afrique Occidentale dans la principale rue de Fort Lamy. Plutôt que de se trimballer indéfiniment avec le pognon et de se faire gauler, mieux vaut tenter le tout, et essayer d'ouvrir un compte bancaire à la BAO en leur demandant de rester discrets sur ce dépôt. Ackerman et moi entrons dans la banque, impressionnante de luxe. De grandes plantes s'entremêlent de tous côtés, l'air conditionné est à fond, cela fait longtemps que nous n'avons respiré un air aussi frais. Çà et là, une multitude d'employés noirs pour la plupart en chemisettes blanches immaculées, tourbillonnent dans les allées et derrière les comptoirs. Nous avançons, gauches, vers le comptoir principal, munis de nos deux sacs.
"-C'est pour un dépôt " dis-je au noir assis derrière le guichet.
Celui-ci ne fait aucune attention à nous et occupé à servir un client nous demande d'attendre notre tour, d'une voix désagréable. Il se lève et va chercher des papiers pour son client. Profitant de ce qu'il est occupé, nous sortons alors les liasses de nos deux sacs, et commençons à les empiler devant le guichet. Il y en a plus d'un stère, environ un mètre sur deux. Le noir revient et voyant le volume de notre dépôt, manque s'étouffer.
« C'est ça le dépôt? »
« oui, oui, disons-nous d'un air dégagé »
Le noir prend alors une liasse, l'expression médusée et contemple les billets. Un grand sourire illumine son visage et il éclate de rire.
« Mais Messieurs ces livres libyennes n'ont plus cours depuis quinze ans »
« Comment elles n'ont plus court? »
« Messieurs, je vous le certifie, elles servent de monnaie d'échange en brousse au même titre que les coquillages, dans des tribus lointaines, mais elles n'ont pour nous aucune valeur »
Fous de rage nous laissons alors nos deux sacs et, sans reprendre les billets, nous dirigeons vers la sortie, sans avoir jeté un dernier regarde au Noir qui raconte à ses collègues notre mésaventure. De la salle des coffres, aux étages supérieurs, tout le personnel est écroulé de rire.

2repripep  MASSALOUA


« La Routine…. »
11 septembre accrochage entre les forces de l’ordre et rebelles Toubous dans la région de Faya-Largeau. 1 militaire français tué, 5 autres blessés.
Info-Tchad :
Pertes du 1er janvier au 22 septembre 1969.
Forces régulières Tchadiennes : 127 tués, 183 blessés.
Armée de libération : 1299 tués, 201 blesses, 123 prisonniers.
Population civile : 253 tués, 165 blessés.

      La saison des pluies a commencé; après la chaleur il va nous falloir subir la chaleur et la flotte en supplément. Quand je dis la flotte, c'est une intempérie que je n'ai jamais revue en France, même après de forts orages. C'est inimaginable, 24 heures sur 24, nous ne sommes jamais au sec. Tout est trempé, les treillis, les chaussures, les armes, les rations de combat. C'est le déluge. Nous nous sommes fait surprendre. Le guide nous annonçait cette saison des pluies depuis plusieurs jours, nous n'en tenions pas compte. L'affabulation africaine.
Notre baptême commença une nuit, nous dormions d'un oeil, car nous étions en territoire d'insécurité. Les moustiques étaient à table, les bruits les plus divers d'animaux déchiraient la nuit, l'amour, la mort, la bouffe, tout ce qui était à deux pattes, à quatre pattes, volait, rampait nous empêchait de dormir, en se dévorant mutuellement.
Nous couchions à même le sol ou sous un camion ou sous une Jeep ou sous un hélicos car les cinq hélicoptères de la compagnie nous suivaient en permanence plus l'hélicos "canon" pour l'appui au sol, et le Tripacer de De Chastenet.
Les premières gouttes commençaient à tomber. Dans les dix minutes qui suivirent cette pluie ce fut une bénédiction, puis les choses commencèrent à se gâter. De l'eau commença à couler sous nos pieds, puis ce fût rapidement un ruisseau, et en quelques minutes, nous nous trouvâmes emportés comme des fétus de paille. Tout ceci en quelques minutes. La saison des pluies avait commencé, il y en avait pour plusieurs mois.
Alors que nous nous remettions de nos émotions, le lieut. nous réunit.
-Chastenet et Millin qui se rendaient en Tripacer à Am Timan en volant à quinze cents mètres d'altitude ont repéré une bande d'une centaine d'hommes vers Massaloua. Ils ont fait comme s’ils ne les avaient pas vus, et ont continué leur route. Depuis une heure ils essayaient de nous prévenir, la radio ne passait pas, on venait juste de les avoir à la radio. Meudec venait de capter le message.
Prêts à partir dans quelques minutes les hélicos arrivent.
      Tout le monde se regardait car il n'y avait que trois sections soit une trentaine d'hommes. C'était peu. Meudec et Savalle n’étaient, sont pas des officiers qui se dégonflaient.
-En cas de besoin si cela tourne mal, vous aurez un appui feu des jaguars de Fort Lamy
Rapidement les hélicos arrivèrent. Quelques dizaines de minutes après, les hélicos tombaient comme des guêpes sur les rebelles et déchargeaient les trois sections qui commençaient à progresser.
L'hélico canon, les prenait à revers et "moustache" le sergent-chef de la douze sept embarquée sur l'hélico qui totalisait une quinzaine d'années à ce poste dans l'armée de l'air et qui avait du métier commençait, sa danse de mort.Au sol les trois sections étaient déjà au contact. Les voltigeurs de pointe arrosaient les rebelles selon la technique du rouleau compresseur, méthode mise au point par l’adjudant Tasnady au 1er REP en Algérie. Les rebelles se réfugiaient dans un petit bois, mais l'hélico canon les força à abandonner le bois et les ramena vers les trois sections. Pendant quelques minutes le bruit fut impressionnant, toutes les armes faisant feu, appuyées par les Fusils-Mitrailleurs, jusqu'au silence qui arriva toujours lourd, oppressant, on avait à ce moment là quand les armes se taisaient l'impression de marcher dans de la ouate.
Les hommes étaient couverts de sueur. D'une mauvaise sueur, teintée d'adrénaline, "La peur". Une odeur jamais rencontrée par la suite.
Saval demanda un ratissage complet du bois. Alors que les sections progressaient Le légionnaire Tournoi passa devant un rebelle caché dans l'herbe à éléphant. Celui-ci laissa passer Tournoi qui ne l'avait pas vu et lui planta une baïonnette dans le dos. Le sergent chef Otto alerté par le cri de Tournoi, se retourna et logea une rafale dans le ventre du rebelle qui s'écroula. La chape de silence s'était nouveau abattue.
      Au bilan s'écrie le Cap Savalle.

-Soixante huit rebelles hors de combat, c'est un bon bilan, obtenu avec trois sections.
Le Général Cortadellas au début de la rébellion avait demandé à Paris :
"-Donnez-moi la Légion j'en fais mon affaire." Paraphrasant une phrase célèbre et historique prononcée quelques années plus tôt par un autre Général historiquement beaucoup plus connu.
Jusqu'au bout Cortadellas pourra compter sur la 2ème et la 1ère compagnie qui pendant des mois, chassèrent les bandes rebelles avant l'arrivée des renforts.

2repripep  LA 2EME E.V.A.S.A.N
(Evacuation sanitaire d'urgence)

Légionnaire de l'Afrique, suis tes anciens
De ton allure magnifique va ton chemin
Tête haute sans tourner les yeux
L'âme légère et le cœur joyeux
Suis ta route sans peur de tomber
Avec honneur et fidélité
(Chant de tradition)


« La routine »
Du 26 septembre au 4 octobre 1969, 111 hors la loi mis hors de combat

« Mongo »
Depuis quelques jours mon état physique bien délabré, se dégrade de jour en jour. A la dysenterie Amibienne, sont venues s'ajouter des lombalgies violentes dans les reins. Petit à petit la douleur s'amplifie. Nous venons de rentrer d'opérations dans l'Ennedi, qui a duré une dizaine de jours et les hélicos nous ont ramené à la base pour quelques heures, le temps de percevoir de nouvelles munitions, de réparer le matériel et de réparer les hélicos, dont les moteurs ont aspiré pendant ces quelques jours une quantité anormale de sable.
Je profite de ces quelques heures de répit, pour voir l'infirmier, lui décrire ces symptômes. Prends deux cachets d'aspirine, c'est tout ce qu'il nous reste, j'attends la rotation de l'avion de Fort Lamy pour recevoir des médicaments, me dit Bonacelli l'infirmier. Je retourne à la section, qui nettoie son matériel. Les chargeurs sont vidés un par un, nettoyés, vidés de leurs balles, qui sont à nouveau remises dans ceux-ci. Les armes sont démontées une par une, trempées dans l'essence, puis huilées et remontées. Cela fait une dizaine d'heures, que nous sommes revenus à la base arrière quand les ordres recommencent à claquer.
- Rassemblement, prêt à partir vocifère le sergent chef "Phoum".Vivres et munitions pour cinq jours, une bande est signalée près de la mission protestante de Foum El Adjer à quatre cents kilomètres, rassemblement prêts à partir dans quinze minutes par hélicos. Quinze minutes après, le Capitaine "X" passe son inspection suivi des sous-officiers. Arrivé devant moi, le sergent-chef "Phoum" s'adresse au Capitaine :
"- Rosi n'est pas bien il se plaint depuis plusieurs jours de lombalgies.
Qu’est ce qui ne va pas Rosi ?
- Les reins mon Capitaine, j'ai de violentes douleurs dans les reins, et j'ai du mal à pisser, je pisse au goutte à goutte.
- Tu restes ici!"
D'un côté je suis soulagé de ne pas partir. D'un autre, je me sens mal à l'aise de laisser partir les copains et de ne pas être avec eux. Si cette nouvelle opération est un gros coup je me reprocherai de ne pas l'avoir vécu avec eux.En quelques minutes toute la compagnie a embarqué dans les hélicos, et ceux-ci sont déjà au loin, formant de toutes petites tâches sur le ciel, dégagé de tous nuages.
La discipline reprend ses droits. Nous sommes restés une dizaine d'éclopés pour assurer la garde de ce qui nous sert de camp de base. Ceux qui restent râlent de ne pas être partis avec la compagnie car le Frolinat profite toujours du départ des hélicos, pour attaquer le village de Mongo distant de 2 kilomètres, et nous ne sommes qu'une dizaine pour garder le camp et avons toujours peur qu'ils nous tombent sur la gueule. Ce qu'ils n'ont pas manqué de faire maintes et maintes fois, mais prudemment pour ne pas avoir de pertes, en tirant de loin quelques tirs sporadiques sur le camp. Nous mettons en place le dispositif de défense du camp, deux 12,7 m/m, en tir croisé, un mortier, et nos armes individuelles.
L'extérieur du camp est miné sur toute sa circonférence. De savants réseaux de barbelés s'entrecroisent dans tous les sens, ce qui nous rassure un peu. "Dillinger" le sergent-chef responsable du poste nous met au travail.
"- Vous continuez à creuser le système de défense, creusez-moi une tranchée du petit arbre là-bas au buisson que vous voyez à ma droite."
C'est parfait pour mon mal au rein et mes difficultés de miction. Armés de barres à mine, de pioches, de pelles et de brouettes, nous améliorons le système de défense. Toujours ce souci de la perfection. Ne jamais les laisser sans rien faire; C'est mauvais pour le moral. Quelques heures après mes douleurs se sont amplifiées et deviennent à la limite du supportable. Torse nu car il fait soixante-cinq à l'ombre et nous sommes en plein soleil, je me dirige vers le sergent.
"- Sergent je ne sais pas ce que j'ai mais mes douleurs sont épouvantables.
- Rosi, ne me gonfler pas les couilles et retourne avec tes camarades espèce de tire au cul."
Je rejoins l'équipe pelle et pioche et serre les dents pour ne pas gueuler tellement j'ai mal. Pendant de longues heures j'ai souffert le martyre, petit à petit je franchis les étapes supplémentaires de la douleur. Il y a des basses, et des aigus. Parfois la douleur devient insupportable, je me dis alors qu'il vaudrait mieux mourir, pour que ça s'arrête,"résiste, résiste, résiste.."
La douleur n'est plus maîtrisable, la nuit est tombée, et je geins cassé en deux à même le sol sur la paille qui nous sert de lit. Mes difficultés à uriner s'ajoutent à mon mal de reins. Plusieurs fois j'ai réussi à me traîner vers le Sergent Dillinger. En me voyant dans cet état il a enfin compris que c'était sérieux.
"- Rosi, il faut attendre l'aube pour que je puisse demander une "évacuation sanitaire d'urgence par hélico" en attendant reste près de moi."
Le sergent m'allume clopes sur clopes. Au petit matin le sergent et mes camarades se sont précipités vers la radio, car je viens de faire mes premières émissions de sang par les urines. Pendant que je hurle de douleur, la radio crépite.
"- Base arrière, de base arrière, demande d'urgence autorité."
Un long moment après le Capitaine "X" qui est à quatre cents Km de la répond :
"-Autorité à base arrière, parlez je vous reçois 2 sur 5.
- Rosi est malade, je crois qu'il est en train de crever."
Au bout du bigo, des détonations sourdes se font entendre.
"-Démerdez-vous pour le moment, la 1ère section vient d'accrocher, on a autre chose à faire. Appelez Fort
Lamy. Fort Lamy à mille deux cents Kilomètres est appelé.
" - Désolé vous tombez mal mais aucun avion ni hélicos n'est disponible, vous passe le Médecin Capitaine Jaubert."
Les symptômes sont décrits.
« Rosi fait une hématurie totale, avec lithiase rénale, il n'y a qu'une solution c'est de l'évacuer dès que ce sera rendu possible. On fait le maximum, mais vous connaissez le peu de moyens aériens dont nous disposons, et ceux-ci sont engagés avec les compagnies dans des opérations que nous ne pouvons suspendre. J'informe le Général Cortadellas de l'urgence de cette évacuation sanitaire. Nous faisons pour le mieux. Comptez sur nous... »
Je pisse du sang de plus en plus souvent. Cela m'affole. J'ai peur. Je ne suis pas sûr du diagnostic exact fait par radio. Je panique. Je n'ai pas envie de crever sur cette putain de terre africaine, comme un chien et d'être enterré avec deux bouts de bois, dans la base arrière. A la souffrance physique s'est ajouté la souffrance psychique. Au beau milieu de la douleur on parvient parfois à se ménager des périodes de répit. Voyant que je me vide et que tout est foutu si je ne parviens pas à rejoindre Fort Lamy, je disjoncte, m'empare de mon Pistolet -mitrailleur, de mon brelage qui contient mes cartouches, attrape au passage quatre chargeurs de plus et me dirige vers Dillinger. Pour la première fois depuis ces nombreuses années, je tutoie un sous officier.
« Dillinger l'apostrophais-je en hurlant, puisque personne ne peut rien faire pour moi, et que je n'ai pas envie de crever ici, sans soins, tu m'accompagnes on prend la Jeep et l'on rejoint Fort Lamy. Tout plutôt que de ne rien faire... »
J'ai disjoncté...
Ce faisant, je braque mon pistolet mitrailleur sur Dillinger arme la culasse et le menace de lui mettre une balle dans la tête s'il ne s'exécute pas séance tenante.
"- Baisse ton arme Rosi, tu n'es plus dans ton état normal. Tu as disjoncté. Nous n'aurions aucune chance, Fort Lamy est à quatre journées de voiture, la piste est infectée de rebelles entre Mongo et Fort Lamy, cela fait des mois qu'aucun convoi ne passe plus, nous n'aurions aucune chance, on ne ferait pas vingt-cinq Kilomètres sans qu'ils nous tombent dessus."
A ce moment là" Froment "qui s'était approché par derrière m'envoya un méchant coup de crosse derrière la tête et je m'évanouis. Lorsque je repris mes esprits, mes camarades m'avaient allongé sur la paille, et captaient "autorité" à la radio.
"-Autorité" de base arrière, me recevez-vous ?
- Base arrière à autorité je vous reçois 3 sur 5
      Vous envoyons un hélico, chargé de journalistes qui rentrent sur Fort Lamy, on fait un détour pour évacuer Rosi, vous l'aurez à votre verticale dans environ deux heures."
Les 6 hélicos H34 et les deux pirates canons auront participé à tous nos combats et nos souffrances. Nous aurons toujours le plus profond respect pour ces militaires de l’armée de l’air qui quelles que soient les circonstances, nous déposaient, nous appuyaient de leurs hélicos canons, nous ravitaillaient où nous évacuaient.
« Si un jour vous rencontrez un aviateur, s’il salue(ce qui n’est déjà pas si mal) pour ne pas dire inespéré, en ramenant sèchement sa main sur la cuisse du pantalon, s’il rectifie la position, s’il se met en quatre pour vous faire plaisir, s’il n’hésite pas à partager ses vitamines « k » ou même a boire votre eau trouble et chaude (ça, ce fut le plus difficile à obtenir, s’il ne rechigne pas devant un lit « picot » si ses chutes de tour sont réelles… si il sait ce qu‘est une boite de rations, alors n’ayez plus aucune hésitation vous pouvez être certain » qu’il en était… »
Si alors que vous lui lâchez un mot-clé » Mongo, Bitkine, Mangalmé, Am-Timan ou N’Gama, vous aurez droit a un survol gratuit du Tchad. Mélangé à ses « légionnaires » il vous pilotera dans tous les coins et recoins de la brousse ,avec des postes plus catastrophiques les uns que les autres, au milieu des éléphants, sur des serpents ou parmi les lions et quelquefois aussi à proximité d’animaux plus dangereux encore les hommes. ……
Laissez-le égrener ses souvenirs il mérite d’être écouté…. »
      L'attente fût longue. Enfin l'hélicoptère se posa. Quatre civils dont Daniel Camus, reporter à Match, Jacques Fauvet du Figaro, et deux journalistes dont je ne connais pas les noms, descendirent de l'hélicoptère pour m'aider à embarquer. Daniel Camus était un ancien Parachutiste, qui avait fait l'indo, et connaissait la manœuvre. Dans l'hélicos, je restais par terre, à genoux, cassé en deux, urinant dans une petite calebasse comme l'on en trouve partout en Afrique, le sang que je pissais au goutte à goutte. La portière de l'hélicos était ouverte le vent s'engouffrait et j'apercevais sur le côté, le mitrailleur penché sur son arme, qui scrutait le terrain, qui se déroulait à ses pieds. J'étais dégueulasse. Mon treillis inondé de sang, dégageait une mauvaise odeur. Le copilote délaissant un moment les commandes vint me faire une "morphine". Mes paupières s'alourdirent, pendant que "Camus" me glissait une clope entre les lèvres, et je tombais dans un profond sommeil.


      Merci Daniel Camus, merci Jacques Fauvet pour les paroles apaisantes, et vos encouragements, à " tenir bon" pendant les quatre heures de voyage que nous avons passé ensemble.
Je me réveillais dans une chambre d'hôpital. Une quinzaine de Légionnaires entassés vaille que vaille sur des châlits comme des sardines, étaient "Immonde" de saleté. Çà et là traînaient des bandes de gaze, des bouts de coton, couverts de sang, que les infirmiers noirs ne ramassaient même pas. Une odeur pestilentielle, l'odeur de la mort, planait dans la chambrée... Au-dessus de ma tête un ventilateur brassait la chaleur et me rappelait mon transport en hélico. A ce moment là je sus seulement que j'étais sauvé! Sous "morphine" la vie me paraissait merveilleuse. Je couchais enfin dan un lit, chose que je n'avais pas fait depuis des mois. La vie était belle, je ne soufrais plus.
Vingt-sept ans après je rechute inexplicablement dans ces "hématuries" dont-on n'explique ni l'origine, ni la provenance, ni la cause. L'intervention au Tchad est finie depuis longtemps, mais mes camarades et moi qui y avons participé, gardons des séquelles invalidantes définitivement, pour le restant de nos jours. Ce n'était pas précisé dans le "contrat".

«La routine…»
De nouveaux renforts arrivent
-Le 22 octobre la 4ème compagnie du 2ème REP.
-Le 24 octobre :une cinquième et dernière compagnie de la légion étrangère, fournie par le 1er Régiment étranger d’infanterie
-Le 25 novembre au sénat le gouvernement français avoue que .2000 militaires ont été envoyés en supplément au Tchad
-novembre 1969 le légionnaire Dupuis est tué au combat »

Le matin du 13 novembre, un aéro-transport amena la 1ère compagnie à Fada en renforcement des troupes locales. Une bande de rebelles s’est retranchée solidement dans le massif du Bour-Doutoumou. La compagnie tente de s’infiltrer jusqu’au sommet des falaises malgré le feu précis d’un ennemi insaisissable


      Le légionnaire Dupuis Maxime tombe mortellement atteint.
Il sera ramène avec 4 blessés graves
« Légionnaire Dupuis, fidèle aux traditions d la Légion, tu as été frappé en montant à l’assaut. Tu es notre
premier mort au combat depuis l’Algérie. Comme tes anciens des Parachutistes Etrangers, tu as refusé de subir.Ton exemple ne sera pas oublié. »

(allocution de son commandant de compagnie)

Sources kepi-blanc décembre 1970.
-Mort en service commandé du caporal Hanz Welter survenu à Fort Lamy le 11 décembre 1970)
-Mort en service commandé du légionnaire Chovel de la CAE
Bilan des opérations militaires depuis le debout du conflit :
Pertes de l’armée tchadienne source gouvernementale 246 hommes
Pertes de l’armée tchadienne source FROLINAT 1.117
Pertes de la rébellion : 2791 hommes et onze prisonniers (source gouvernementale)

 

2repripep  IL EST AUSSI DES NOËLS DE GUERRE

Noëls de guerre
Livrés à l’incertain
Les cœurs se serrent
La famille c’est le copain.


« La routine »
-Mai 1970 le coopérant Jacques Cros est exécuté par les habitants de Goré
-5 août 1970 dans l’Ennedi deux avions de chasse française sont touchés par le feu des maquisards, l’un d'eux doit faire un atterrissage forcé à Lagé. Un avion est également touché dans le Tibesti.
-8 août violent accrochage dans le Nord, bilan :
1 officier français et un soldat tchadien tués
4 parachutistes français et trois soldats tchadiens blessés
7 rebelles tués 1 arme récupérée
3 rebelles blessés sont faits prisonniers
-décès du légionnaire Melek, « mort pour la France »
-décès du légionnaire Alfonsi « mort pour la France »

J’avais un camarade, de meilleur il n’en est pas
Il n’en est pas
Dans la paix et dans la guerre
Nous aillions comme deux frères
Marchant d’un même pas
Mais une balle siffle, qui de nous sera gracié
Le voilà qui tombe à terre
Il est là dans la poussière
Mon cœur est déchiré
Ma main il veut me prendre,
Mais je charge mon fusil
Oui mon fusil
Adieu donc, adieu mon frère
Dans le ciel et sur la terre soyons toujours unis
(Chant de tradition)

     Depuis trois jours que la compagnie était partie en opération les éclopés au milieu duquel je me trouvais, étaient restés au camp de base Nous étions une vingtaine à garder les installations de notre camp sommaire, a 600 kilomètres de Fort Lamy en zone désertique. A l’approche des fêtes de Noël nous avions pour observer la tradition décide de construire notre crèche de Noël.

Dolce notte, santa notte
Tutto dorme fuori
La coppia santa veglia
Sul bambino che dorme
Il christo é venuto
(Chant de tradition)

     Vers 11 heures du soir surgi de je ne sais où, un hélicos nous avait déposé non pas l’aumônier que nous étions en droit d’attendre mais un pasteur protestant militaire qu’ils avaient trouvé, dans les surplus de l’armée..

Noël de guerre
Livrée à l’incertain
Les cœurs se serrent
La famille c’est le copain...


     L’adjudant chef discutait avec le pasteur en lui racontant les messages déposés par le Frolinat sur les barbelés pendant la nuit. Le pasteur fronçait les yeux pas rassuré, il se mit tout d’un coup à expédier sa messe en vitesse pour rejoindre un autre poste isolé mais cependant plus calme.
Manifestement il était pressé de foutre le camp et dès que sa messe fut exécutée, il s’empressa de faire signe aux pilotes d’hélicos en leur faisant signe de mettre les rotors en route pour une destination plus calme. Ce qui fut dit fut fait. Rapidement.
L’hélico quelques minutes plus tard s’élevait dans le ciel dans un nuage de poussière après que le pasteur nous eut donné ses dernières recommandations par un « courage mes enfants », tout en emportant dans l’Hélico les autres réserves de bière, de vin et de mousseux destinés aux autres compagnies qu’il allait visiter pendant la nuit.

Chansons lointaines
Les yeux se voilent
Les cœurs s’enchaînent
Turc et croyant se mêlent...


     L’arme à l’œil, nous regardions la Kronenbourg s’évanouir au loin, dans un grand fracas de palmes d’hélicos. Pendant quelques minutes nous nous regardâmes bouche-bée, car nous ressentions profondément notre infortune. Pour une nuit de Noël c’était soigné. En tenue, de pied en cap bardés de munitions, les bande de 250 cartouches enroulées autour de nos épaules, nous faisions peine à voir, et le moral était au plus bas.
Ils n’ont pas mis longtemps à mettre le feu aux poudres.
Le premier coup de feu est arrivé. On l’attendait presque pour être libéré de cette attente, c’était comme un soulagement. Il a claqué sec, et le projectile est venu étoiler le pare-brise d’un camion.
Rapidement nous nous sommes mis aux emplacements de combat en attendant d’attendre les prochains coups pour voir d’où partaient les coups de feu. Rapidement ils ont commencé à nous allumer en tirant de toutes leurs armes. La nuit était noire et nous attendions de repérer le départ de leurs balles traçantes pour voir de quelle direction partaient les coups.
      Des que ceux-ci furent repérés nous avons envoyé la sauce à notre tour en faisant feu de toutes nos armes, en direction des départs de coups. L’adjudant sautant de poste en poste nous a alors intimé l’ordre de monter dans les véhicules disponibles, et de leur tomber dessus, car nous ne pouvions essuyer toute la nuit des coups de feu. Rapidement nous avons sauté dans les 4x4 et les 6x6, fait le point radio entre les véhicules et nous avons foncé plein Est dans leur direction. Toute la nuit nous avons ratissé à l’aide des phares et des projecteurs que nous avions montés sur les véhicules, l’étendue du désert, en ne rencontrant que quelques chacals. Jusqu’au lendemain nous avons ratissé la zone en espérant leur tomber dessus.
      Vers midi il faisait 55° au soleil les véhicules commençant à faire du vapor-lock, l’adjudant a ordonné la fin du ratissage et le retour vers Mangalmé à notre grand soulagement.
A peine arrivée nous nous sommes mis à chanter, Johnny le sud africain a donné le ton en éclatant de rire, et nous avons tous repris en chœurs.

Silent night, holy night
All is calm
All is bright
Around young virgin, mother and child
Holly infant, so tender and mild
Sleep in heavenly
Sleep in heavenly sleep
(Chant de tradition)

Noël de guerre, Noël de paix
Aux hasards du destin
En l’homme l’enfant renaît
Les copains sont la
S’enfuit le chagrin...
C’est la grande famille
La Légion mère,
Haut les cœurs...
Il est des Noëls de paix
Il est des Noëls de guerre
Mais tous sont des Noëls de Légionnaires.

N.B. Les poèmes sont de Giorgio Muzzati (1994)

     Sergent a la 3ème compagnie du 2ème Etranger d’infanterie

Ich hatte einen Kameraden
Einen besseren findest du nicht
Die Trommel schlug zum Streite
Er ging an meiner Seite
In gleichen schritt und Tritt
In gleichen Schritt und Tritt
(Chant de tradition - Version Allemande)

 2repripep  AU DRAPEAU

 

« La routine »

 

-29 août attaque dirigée contre la garnison de Fada 4 morts, dont un rebelle.
-Dans la nuit du 29 au 30 août la ville de Fada est attaquée au lance-flammes par les soldats de l’ANT.
-30 août des renforts gouvernementaux interviennent à Fada, et des avions français bombardent les zones tenues par les rebelles.
-2 avions sont endommagés et 12 soldats tués.
-60 soldats tchadiens sont faits prisonniers au cours d’une attaque des rebelles à Kirdimi près de Largeau.
-7 septembre 1970 à la suite d’une embuscade tendue à Bardaï 2 avions français bombardent la région. L’un d’eux sera endommagé.
-12 septembre violents combats des forces française dans l’Ennedi Les villages de Gouro et d’Ounianga sont détruits.
-Milieu septembre violent combats à Guera.
-20 septembre embuscade tendue entre Zouar et Aouzou : 12 soldats tués et une mitrailleuse récupérée.
-23-26 septembre violents combats des forces françaises dans les villages de Kébir, Teli et Gorou.

Depuis plusieurs mois ma compagnie la 2ème,et la 1ère, n'arrêtons pas de chasser les bandes rebelles.
Les deux Tripacers avec à leur bord le Commandant De Chastenet et le Commandant Meudec, sont en l'air en permanence, et nous signalent les bandes rebelles. Des que ceux-là sont signalés, nous fondons sur eux, soit en camions soit en hélicos, soit à cheval puisqu’une section a été formée sur des pur-sang arabes du coin.

     Le Tchad étant deux fois et demie, grand comme la France, ce n’est pas le travail qui manque.
Cependant la moitié du Tchad dans laquelle nous opérons étant désertique, il est plus facile de repérer les bandes rebelle, évoluant dans ces contrées désertiques, au nombre d'une section, (une quinzaine d'hommes) ou d'une compagnie (environ 150).
Pendant que les parachutistes bérets rouges sont confortablement installés au camp Dubut a Fort Lamy, nous nous parcourons la savane, sans rien à bouffer, sans rien à boire, sans service de santé, avec des moyens de locomotion antédiluviens pour les camions et les jeeps, et des Hélicoptères, qui n'ont pas été conçus pour des missions africaines et qui chauffent en permanence, toujours au-dessus des limites de sécurité, toujours dans le rouge
L'armée de l'air fait le même travail que nous, et nous partageons des vivres et de l'eau quand ils le peuvent, car l'Armée de l'air a des moyens que nous n'avons pas.
Chez eux l'individu prime Leur envoyer un maximum de vivres pour qu'ils tiennent
Chez nous c'est le bilan qui compte
Combien de rebelles au tapis ? Combien d'armes récupérées ? Q'importe s'il n'y a rien à bouffer, qu'importe s'il n'y a pas assez d'eau pour les Légionnaires.
-Avez vous fait le plein des radiateurs dans les camions
-oui mon Lieutenant
-Alors ça va.

     En premier l'eau qui refroidit les moteurs. Ce qui reste c'est pour nous.
On ne râle pas ce n'est pas le genre de la maison. On garde pour soi ce que l’on pense. Nul ne s’exprime sur le dénuement dans lequel nous sommes. On a été dressé comme cela. Il faut faire avec "Demerdieren"
Cela fait des années que nous sommes habitués. "suer le burnous..... est une chanson qu’on connaît" On tient depuis des mois comme cela, les deux compagnies du deuxième Régiment Etranger de Parachutistes.
A Calvi ce n'est pas la même chanson.
La 3ème compagnie, la 4ème, et la Compagnie d'appui et d'éclairage sont journellement au courant des bilans que nous obtenons. Tout le monde piaffe.

     Tout le monde veut bouffer du noir. Cela parait abject de raisonner comme cela, mais c'est comme ça que nous avons été dressés, pour l'honneur du Régiment, de la compagnie, de la section. Il y a toujours eu compétition. C'est à ceux qui en feront le plus.
     Le Colonel Lacaze, le Sphinx, et les officiers supérieurs restés à Calvi sont dans le même état d'esprit, on ne les verra jamais cependant à nos côtés dans les opérations. Ces seigneuries survolent le Tchad et nos difficultés à bord de petits avions de reconnaissance et de petits hélicos, à la recherche de renseignements. Il eut peut-être fallu qu’ils atterrissent un peu pour constater notre dénuement. Ils n’oublieront cependant pas de se faire décorer.
Lacaze court les Ministères pour que les compagnies restées à Calvi partent pour l'Afrique fait jouer ses relations, mais le Général Arnaud qui commande le corps expéditionnaire est opposé, à l'arrivée complète du régiment.
Il s'en fout cet enculé que dans la région ou nous sommes nous n'ayons que très peu de moyens. On ne le voit jamais dans le Borkou ou dans l'Ennedi,
Le Général est à Fort Lamy sous les ventilateurs et l'air conditionné et dirige par radio.
De temps en temps il fait une visite très courte, arrive en Dakota, nous reproche d'avoir mis le feu à tel village, d'avoir fait telle erreur en vie humaine. Il y a des bavures, il y a toujours des erreurs, des conneries, cela fait partie des opérations, c'est inévitable.
Lacaze fait un coup d'éclat le 14 juillet 1969.
Lacaze arrive de Calvi, entouré de la garde au drapeau, composée, des quatre sous officiers les plus décorés du Régiment, décorations pendantes, en carré autour du drapeau, qui flotte pour la première fois depuis l'histoire des Régiments Parachutistes en Afrique noire.
     C'est un message et un symbole que Lacaze envoie au Général Arnaud, qui commande l'intervention. Le drapeau étant en Afrique, le reste du Régiment basé a Calvi, doit suivre également, le drapeau.
Le message pourtant fort et ne manquant pas de panache ne passe pas.
Le Général Arnaud voudrait des opérations propres. Ce n'est pas toujours le cas, pour des raisons citées plus haut, l'arrivée du reste du Régiment ne ferait que durcir les opérations. Le Général Arnaud veut du bilan pour sa promotion, et accrocher de nouvelles étoiles à sa tenue de parade, mais pas de casse, pas de vagues, qui puissent alerter la presse et l’opinion public en métropole.
Cependant le hasard est quelquefois au rendez-vous
A la suite d'une sombre histoire de village incendié Arnaud se fait débarquer par le président Tombalbaye, et prend l'avion suivant, direction la métropole.
Son successeur est le Général Cortadellas de la 11ème Division Parachutiste. Entre paras, les évènements vont rapidement s'accélérer et la situation se débloquer.
Le 25 octobre Lacaze qui entre temps est rentré à Calvi, débarque à nouveau drapeau en tête, avec deux compagnies supplémentaires du Deuxième Etranger de Parachutistes, commandées par le Cap Langlois et le Cap Deprugney.
En toute hâte le 1er Régiment Etranger d'infanterie envoie également une compagnie motorisée, composée d éléments disparates, ramassés dans les bureaux de la Maison Mère à Aubagne, de permissionnaires, de convalescents qui ont abandonné provisoirement leur planque, où ils pantouflaient depuis des années….
Désormais nous sommes au complet
     Les renseignements vont bon train dans le désert, et le Frolinat à l'arrivée complète du Régiment, se fractionne en petites bandes, éparpillées et très mobiles. Les résultats ne suivent pas. Nos compagnies se fractionnent également pour couvrir le plus de terrain possible.
La 1ère compagnie nomadise vers GOZ BËIDA à quelques kilomètres du Soudan.
La 3ème compagnie, vers Harazé à la frontière du Centre Afrique, fait de petits accrochages.
Noël arrive Lacaze vient passer quelques heures dans chaque compagnie. La tradition de Noël est respectée. Le Lieutenant Scarsetti qui s'occupe du ravitaillement en base arrière à Fort Lamy a pu faire parvenir quelques bouteilles de vin et de champagne, un dé à coudre pour chacun.
Comme en Indochine, comme en Algérie, comme en Corse, c'est la tradition les chants de Légion s'élèvent dans la nuit, chacun pense qui à sa mère, qui à sa fiancée, à sa famille à des milliers de kilomètres, dans tous les pays du monde.Les chants montent dans la brousse. Pendant que les copains veillent, armés de leurs douze sept et leurs fusils mitrailleurs, la tradition continue perpétuée par le chant qui est le ciment, et l'une des composantes de notre force Le lendemain de Noël accrochage. Dix huit rebelles au tapis.
      Quelques jours après le CNE Aubert accroche à Tchalak. Trente rebelles au tapis.
Les Légionnaires Melek et Alphonsi sont gravement touchés et décèdent peu après.
Le Lieutenant Pietri accroche également quelques jours plus tard. Onze rebelles abattus, mais un Légionnaire gravement blessé.
Les rebelles se méfient, les renseignements arrivent moins, mais le régiment continue à nomadiser, des milliers de Kilomètres sont avalés tous les mois.
Lacaze a réussi son plan le Régiment est au complet, et le drapeau du 2ème Régiment Etranger de Parachutistes, recueille dorénavant la sonnerie lugubre, de la "sonnerie aux morts"sur la terre africaine.

2repripep  RAM-DAM DANS LE QUARTIER INDIGENE

Scandale au camp Dubut
« La routine »
-6 février : des soldats de l’ANT qui torturaient les habitants d’un village perdent 7 de leurs hommes au cours d’un engagement avec les forces révolutionnaires.
-11 février assaut dirigé contre la résidence du représentant de l’administration civile à Oum Djiatine, près d’Oum-Hadjer 3 soldats tués.
-12 février embuscade tendue sur la route d’Am-Timan a Fort Archambault : 19 soldats tués
-28 février : attaque surprise contre les soldats de l’ANT près de MELFI (préfecture du Guera) Deux véhicules militaires sont détruits, du coté gouvernemental. 20 morts, du cote partisans.

      Ah! Que la vie est belle à Fort Lamy! Quand je pense à tous les copains que j'ai laissés à Mongo! Je mesure l'exceptionnelle chance que j'ai d'être à Fort Lamy et de transformer ces quinze jours d'hospitalisation en quinze jours de permission. La nuit est douce, j'entends les prostituées et les marâtres s'interpeller dans la rue, les cris des gosses, la musique africaine et ses longues mélopées. Le garde, que j'ai aligné d'un coup de tatane quelques heures auparavant, se regarde constamment dans la glace et voit sa tête enfler à vue d’œil. Il m'obéit maintenant, au doigt et à l’œil, car il a compris qui était le patron. Je l'ai envoyé chercher du poulet qu'il nous a fait cuire dans la cour avec du mil.

Le ventilateur tourne et je finis une bouteille de whisky commencée quelques heures auparavant. Leïla est superbe, son profil aquilin de "Peul", la douceur de sa peau, sa couleur qui ressemble plus à la couleur d'une Européenne bronzée qu'à une noire, sa vénalité, car elle m'a fait casquer d'entrée pour les quinze jours que nous allons passer ensemble, m'enchantent. Comme elle ne parle pas le français je ne risque pas en plus de m'engueuler avec elle! Mais quel corps! Quel galbe! Quel cul! Quelle science de l'amour...

« Devant les hommes elle baisse les yeux
Ses bras sont pareils au turban
Son corps est comme la soie
Elle a les cheveux tombants
Comme les feuilles du tamarinier » !
(Poésie tchadienne)

      Sentant que le sommeil et surtout le whisky commençaient à avoir raison de moi, je me suis levé pour aller pisser dehors, pratiquement sur le gardien, qui veille devant la paillote et qui est aussi saoul que moi, car je lui ai offert du vin de palme. En rentrant dans la paillote, j'ai planqué dans le cul du frigo à pétrole la liasse de billets qu'il me reste, car je me méfie de tout le monde et en particulier du gardien. Je m'endors vers quatre heures du matin. Vers les six heures du matin, je suis réveillé par des Tchadiens qui s'engueulent dans la rue. Une altercation violente.
J'ouvre les yeux, et à ma stupeur je découvre que Leïla a disparu, que la case a été déménagée. A part le lit, il ne reste rien, mais alors plus rien. Le ventilateur, le frigo à pétrole, la table, les chaises, la case est vide. Je crois rêver. Je ne rêve pas tout a été déménagé pendant ma cuite. Je pense à ma liasse de pognon camouflée derrière le cul du frigo. Comment vais-je passer ma permission sans argent? Je me lève, cherche ma tenue de sortie réglementaire, mon pantalon, ma chemise, mes godasses et mon képi. Plus rien, tout m'a été volé. Je suis nu comme un ver, à poil, même pas une paire de chaussettes. Ah! Les cons, je suis sidéré. Leila faisait partie de notre section. La salope, elle a tout piqué avec la complicité du gardien, et certainement de quelques voisins. Leila si douce, si jolie, si experte. Salope, salope, salope.

« Elle ne boit que du lait de chamelle
Elle se couvre de tant de parfums,
Quand mordrais-je ses lèvres ?
La bouche des autres n’est que du lait acide
La sienne est un lait écumant »


      Je me suis fait baiser comme un bleu, moi qui ai fait tous les bordels d'Algérie et de Corse. Petit à petit, les dernières vapeurs de whisky se sont évanouies et je mesure ma pauvreté, ma nudité. Mais comment vais-je faire pour rentrer au camp Dubut, nu comme un ver à dix kilomètres environ? La situation est dramatique. A petits pas, je m'avance vers la porte de la rue. Ce n'est pas que je sois pudique, mais la situation est cocasse. J'entrouvre la porte, la rue est déserte. Pas âme qui vive. Il faut absolument que je sois à Dubut avant l'appel du matin. Je m'enhardis et, comme la rue est déserte, je sors nu mais je sens que tout le monde est au courant de ma situation et qu'ils sont là, à m'attendre. Qu'ils me laissent m'enhardir pour mieux me tomber dessus! Je les sens, je sais qu'ils sont là.
J'ai toujours mon poignard de combat attaché à ma cheville, avec des rondelles de caoutchouc, et je suis prêt à ne plus me laisser dépouiller et à vendre chèrement ma peau s'il le faut. Les recommandations de nos officiers me reviennent en mémoire:
      "- N'allez jamais dans le quartier indigène, non seulement vous vous ferez voler mais vous risquez d'y laisser vos couilles".
J'en suis là de mes interrogations quand soudain, comme un coup de baguette magique, les noirs commencent à sortir de leurs cases, prudents, puis, petit à petit, franchement rigolards. Un énorme éclat de rire à l'Africaine. Devant ma nudité, près d'une cinquantaine de personnes, hommes, femmes, enfants, vieillards, se foutent de ma gueule. Les femmes, particulièrement excitées, se tordent de rire en pointant un doigt vengeur sur ma nudité et sur mon sexe.

« Si elle rit, elle éblouit
Ses yeux sont comme deux chamelons,
Ses yeux sont une source que personne ne connaît
Mais dont je vois le fond »

      Le calme revient peu à peu. J'appelle une matrone, lui fais part de mon désespoir, et lui demande des vêtements, lui expliquant que l'on m'a tout volé. Elle me regarde en rigolant puis s'esclaffe:

« Ses dents sont pareilles à la lune des sept jours
La voir est comme voir un champ de blé
De loi, tu penses qu’elle a un corps de femme
Mais si tu la touche, elle glisse de tes mains comme le serpent »

Poème de Zaccaria Abdel Kher (combattant du Front de Libération National du Ouadai)

2repripep  OPERATION CANTHARIDE


« La routine »
-Décès du caporal Heinz Welter.
-21 mars adjudant chef Pétrazesky, gravement blessé.
-24 mars palmeraie de Gouro, décès 1er classe Fontaine et Bourquin du 2ème commando RIAOM
-24 mars le commandant-médecin du 2ème commando 6ème RIAOM mort, et Roland Dellaserade ainsi
que 4 blessés.
-27 Mars Ounianga-Kébir, 2ème commando, Lardeau mort pour la France, et l’adjudant Roustier
-Début mai 2 blessés 3ème commando 6ème RIAOM.
-20 Juin 1er commando à Gouro Lieutenant Dublin mort pour la France, Lieutenant De Dack blessé.
-Fin août mort pour la France caporal-chef Stern 4ème commando 6ème RIAOM
-11 octobre à Bedo 11 morts en embuscade du 1er, 2ème commando 6ème RIAOM et 27 blessés. Enterrés au camp Dubut à Fort-Lamy, sur plusieurs milliers d’Européens résidant à Fort Lamy pas un ne se déplacera lors de la prise d’armes en leur mémoire. Ils s’appelaient :

Sergent-chef Voronine
Sergent Nessus
Caporal-chef Gagnol
Caporal-chef Thomas
Caporal Scrive
Caporal Rigaud
Caporal Bluteau
Parachutistes : Detailler, Arondeau, Martin, Douty, Raygasse


« Tripacer de base-arrière J’ai un message flash pour vous - Retour immédiat sur Mongo - compagnie en alerte aéroportée départ 16h30 »
L’avion de reconnaissance qui emportait le commandant de compagnie vers Mangalmé fief de ses sections fait immédiatement demi-tour.
A Mongo la compagnie s’affaire déjà dans les préparatifs. Il est 16h00, nous partons dans 30 minutes.

-16h30 embarquement terminé dans trois avions Nord 2501 et un Dakota direction Fort Lamy
-20h00 briefing au bureau «opérations »
Mission : rejoindre Largeau - Moyens de transport 3 Nord 2501 plus 1 C160 Transall - prendre liaison physique avec les éléments amis qui ont eu un accrochage (les parachutistes du 6ème RIAOM) Participer à la poursuite des hors la loi.
Départ pour Largeau demain matin à 5h00 Le voyage est sans histoires 4 heures de trajet (ce qui permet de se rendre compte des distances dans lesquelles nous opérions)
Arrivée à Largeau petite désillusion les amis (le 6ème RIAOM) sont encore à 10 km de là, pas de véhicules militaires sous la main, qu’à cela ne tienne l’autorité militaire réquisitionne trois camions bennes civils.
Entassés sous le soleil implacable nous voilà partis vers les amis que nous rejoignons à 20h00.prise de contact radio tout va bien mais les rebelles ont pris de l’avance, il faudra les poursuivre vers le Nord. Après avoir embarqué dans les T 46 qui sont plus adaptés à ce climat saharien nous fonçons vers KHIRDIMI.
Pas de trace…
Visite du Général Délégué militaire au Tchad
« la compagnie Légion, vous allez continuer la poursuite plus au nord vers Bedo et Tigui. Départ demain matin au lever du jour . »
Le lendemain ver 8h00 nous attaquons Bedo. Débarquement - Abordage de la lisière du village par le Sud protégé par une petite ligne de crête.
« Rouge unité - en protection face au village - Mission appuyer vert 3 qui aborde par l’ouest, vous tenir prêt à contourner vers l’Est pour bloquer l’axe de fuite des hors-la-loi »
La fouille commence - 8 rebelles dont 2 armés s’enfuient vers le Nord. - Vert 3 ouvre le feu - « Rouge1 portez-vous à la lisière du Nord du village pour interception rebelles en fuite »
Le combat d’engage bref mais violent.
Vert 3 compte : 8 HLL hors de combat, 3 armes de guerre récupérées (1 mas 36-1stati - 1PA Mac 50.
Rouge 1 : pertes rebelles 2 HLL
La fouille du village continue - Documents et munitions sont ramassés.
Nous apprenons par la suite que parmi les rebelles mis hors de combat figurait le chef de la rébellion du (Borkou Ennedi Tibesti) et que cette action a eu une répercutions psychologique considérable sur les éléments incontrôlés de la région.
Nous poursuivons sur Tirgui à 50 km au Nord. C’est un village situé au pied d’un éperon rocheux et bordé sur sa face est par une palmeraie de 2 km de long. La compagnie a demandé une reconnaissance à vue et la chasse (avion de bombardement) pour contrecarrer la fuite des hors la loi.

« Débarquez en ligne face au village en passant fouille de la palmeraie »
Rouge 1 déborde la palmeraie le Sud et aborde le village en se faisant allumer par une « stati »
Appuyée par la chasse, la fouille du terrain commence et 5 ou 6 rebelles s’enfuient en direction de la palmeraie.Rembarquez dans les camions - direction Largeau par Khirdiou.
C’est parti, 330km dans le désert et le vent de sable avant de retrouver quelques caisses de bière à la base de départ .

2repripep  Cantharide

« La routine »
Le général Doumro chef d’Etat-major de l’armée Tchadienne décore le 27 Novembre 1970 à l’hôpital de Fort Lamy le Lieutenant Piétri, le sergent Ludwig, le légionnaire Bour, tous trois blessés.
Les festivité d’arrivée de l’ensemble du 2ème REP et de la « Compagnie de marche Légion Etrangère » sont désormais bien terminées.
Commencent enfin pour les nouveaux venus le temps des choses sérieuse et leur mise à l’épreuve du climat, des maladies tropicales ou autres ..et du combat. Au cours des semaines qui viennent, les observateurs neutres et intéressés du P.C de Fort Lamy vont compter les points de ce tournoi des cinq compagnies.
      Le 4 novembre la 1ère compagnie exécute un raid dévastateur dans la région d’Abou-Dela, cerne les rebelles et leur inflige de nombreuses pertes.
Le 6 dans la foulée elle fait mieux encore, les HLL voulant détruire ses véhicules et la forcer à rentrer à pied sur Mongo, la compagnie revient à temps pour soulager ses chauffeurs et la section de protection. Les HLL y perdent de nombreux chefs, de l’armement et n’ont même pas la consolation de voir les bahuts en panne, malgré les impacts de toute provenance sur les carrosseries….
La 2ème compagnie à cheval, et en camions alimente elle aussi les comptes rendus de ses succès guerriers….La 3ème compagnie depuis le 7 novembre pour ne pas être en-reste vis-à-vis des anciens de l’état-major de l’unité tactique N°1 fait des coups de main et nomadise dans la région de Zan-Koungouri jusqu’au 16.
La CAE s’installe définitivement à N’Gama y réaménage rapidement une piste d’atterrissage pour avion « Broussard » sauvant du même coup l’acheminement du courrier et de la solde….
La CMLE se prélasse dans les environs de Massaguet…
      Mais cela ne peut durer. Les deux compagnies de l’Ouest piquées au vif sans doute par l’opération «Abeille» vont pouvoir s’en donner à cœur joie durant huit jours. En effet cela tourbillonne de tous cotés dans la brousse comme dans les héliportages. Les bandes rebelle éclatent échappant malgré des pertes, à tous les pièges.
Pendant ce temps à Fada dans l’Ennedi la 1ère compagnie a son plus dur accrochage depuis son arrivée au Tchad. Le légionnaire Depuis est tué. C’est notre premier mort au combat, il y a quatre blessés. Mais l’assaut de la 1ère compagnie n’aura pas été vain deux jours plus tard les rebelles lui abandonnent leurs morts, leur ravitaillement, et la montagne ou ils s’étaient retranchés.
La CCS, elle apprivoise un lion placé en « sonnette » qui la prévient d’une attaque rebelle sur son bivouac. Fraîchement accueillie par les légionnaires retranchés derrière leurs moustiquaires qui crachent des flammes, le HLL abandonnent des combattants sur le terrain et un MAS 49. Le lion recevra une décoration…

      Deux jour plus tard la 3 met un tigre dans chacun de ses moteurs et exécute une fantasia motorisée au profit d’une bande rebelle installée en bivouac. Comme il se doit leurs chefs assistent au spectacle, placés aux premières lignes. Ils ne reverront plus pareille fiesta…Voir la 3 et …mourir…
Début de l’opération Cantharide : 10 jours
La deuxième compagnie s’empare d’un fusil, tandis que sa section de Mangalmé, hors-concours, fait son petit bilan quotidien…
La CMLE met en place de dangereuses embuscades de nuit et favorise la bonne ambiance au marché d’Ouleb-Belli…
Le bilan est maigre mais les renseignements commencent à pleuvoir.
A MELFI ou le chef de corps a installé son P.C. la survie devient difficile…deux jours sans glaçons…c’est désormais l’opération camp torride, pour l’état major peu habitué….

      Cantharide bascule le 3 décembre à l’Est de la zone initiale. Seule la CAE reste dans son secteur. Elle reprend la piste nuitamment et se dirige vers deux bivouacs HLL P.C signalé des HLL. C’est une piste aux étoiles 5 HLL hors de combat au nord 3 au sud. Des chefs de bande fameux sont surpris au réveil Bleu fait bonne mesure : 3 chefs hors de combat, des armes dont une AA52, récupérées des munitions et des documents en masse…
Le lendemain la 3 sur le chemin du retour inscrit aussi quelques étoiles à son actif…
La 2 de Mangalmé n’est pas en reste.

      L’avancement des chefs rebelles va être considérablement accéléré, tandis que leur infanterie avoue perdre son moral. Ce sera un des résultats concrets de l’opération.
Cantharide aura également permis au régiment de se retrouver en entier sur le terrain ou à la radio, d’être à nouveau ensemble dans une même action, de mêler les grand éclats de rire ou les chants traditionnels certains soirs au bivouac. Chacun s’en est retourné fier de sa compagnie qui est bien évidemment la meilleure.

2repripep  FAYA

« La routine »


Octobre 1970 bombardement français au napalm dans la région de Zouar violents combats des parachutistes français.
11 octobre 1970 : 11 parachutistes français tombent dans une embuscade près de Faya Largeau, 5 rebelles
sont faits prisonniers.
16 octobre attaque dirigée contre Faya Largeau 15 soldats tués et 3 rebelles tués
22-23 octobre un hélicoptère est abattu par les rebelles près de Zouar 23 octobre les légionnaires Ranco, Ravic et Fournan tombent à Fada.
Une cinquantaine de soldats gouvernementaux et une trentaine de rebelles sont tués
25 octobre 1970 un autre légionnaire Minko Dribar est tué dans la région de Zouar
27-29 novembre dans l’Ennedi les rebelles abattent un bombardier qui s’écrase à dix kilomètres des lieux de combat.Un hélicoptère s’écrase dans le nord-est de Fada
Bilan de ces opérations 40 tués et 3 prisonniers chez les rebelles .2 légionnaires tués et 15 autres blessés. Les renforts en matériel continuent à arriver de France
14 hélicoptères Sikorski les 20 et 21 décembre

La presse hurle
« Mourir pour le Tchad » (France-soir)
« Les Français veulent savoir pourquoi leurs soldats se font tuer au Tchad » (l’Aurore)

FRANÇOIS MITTERRAND

« Qui la France combat-elle au Tchad ? Lutte-t-elle contre une agression extérieure ?
Dans ce cas d’ou viendrait cette agression du Soudan ? Personne ne le soutient de Libye ? Pourquoi la
France combat-elle au Tchad ? Qu’elle est la limite dans le temps ? Vous aviez dit avril 1971 »

Achille Fould rapporteur de la commission des affaires étrangères

« Actuellement 2370 soldats français combattent au Tchad et 547 officiers et sous officiers servent au titre de l’assistance technique (2917 hommes) »

Nous venions de rentrer d’opération, et comme à l’accoutumée avant de prendre quelques heures de repos, avant de repartir, nous entretenions le matériel. Celui-ci était prioritaire, avant l’individu.
Chacun, tout en bricolant, se reposait mentalement, c’est surtout ce dont nous avions besoin tout en effectuant le plein des cartouches, le nettoyage des armes, la perception des rations de combat, et le nettoyage de nos tenues de combat, crasseuses.
      Comme d’habitude cela ne dura pas longtemps, quelques heures. Nous avions acheté un peu de bouffe pour nous changer de nos éternelles rations de combat, la boîte de corn-beef, la boîte de sardine, le petit carré de pâte de fruit, le morceau de nougat. Il paraît que l’essentiel des calories était dedans. À ce régime nous étions morts de faim, et des crampes nous soulevaient souvent l’estomac. Il valait mieux cependant ne pas trop manger car même à ce régime, si nous prenions une balle dans l’abdomen l’infection se déclarait de suite, et il y allait de notre survie, aussi en cas de coup dur personne ne se plaignait, et personne ne mangeait.
Le 7 septembre l’armée régulière Tchadienne que l’on voyait peu sur le terrain, car ses revers étaient cuisants, était accrochée dans les environs de Faya-Largeau. Ce n’était pas qu’ils soient de mauvais soldats en cas de supériorité, mais dans le sens contraire c’était une véritable débandade. Mal équipé, mal payés, mal formés, leur vie ne tenait pas à grand-chose.
Les pilotes et mécaniciens du Détachement d’intervention d’Hélicoptères ont été les premiers à s’agiter. Alors qu’ils étaient en train de nettoyer les turbines, et les pièces mécaniques de leurs hélicos, une animation fébrile à remonter les pièces nous a fait comprendre que quelque chose se préparait.
En quelques minutes les hélicos sont allés chercher les trois sections qui étaient à quelques kilomètres du camp de base. Le regroupement étant terminé quelques heures après, à notre grande surprise un Nord Atlas et un Transall se posaient sur l’aérodrome de fortune de Mongo.
      Embarquement avec armes et bagages pour huit jours, destination inconnue.
Si la destination ne nous est pas communiquée c’est que nous sommes bons pour une poursuite vers le Nord dans le Tibesti. Les avions sont toujours synonymes du Tibesti. Pour le reste du Tchad, c’était généralement les hélicos ou les camions.
À peine débarqués des avions à quelques centaines de Kilomètres de Faya un rapide briefing.
-« Une bande rebelle nous a été signalée. L’armée tchadienne a été attaquée, prière de récupérer les armes et les munitions dont les rebelles se sont emparés. Interception immédiate »
Le problème est que nous sommes en plein désert et que nous n’avons ni véhicule ni hélicos. À quelques centaines de mètres des quelques mechtas délabrées sont nichées en rond.
Ramenez-moi tout ce que vous pourrez trouver comme moyens rapides de locomotion hurle Aubert, chameaux,ânes, vieux vélos.
Demerdieren. Là où tout autre troupe aurait baissé les bras, le vieux dicton « démerde-toi » allait faire des miracles. Nous nous sommes mis à fouiller les cases.
      À notre grande surprise nous trouvons trois camions antédiluviens, l’on a peine à imaginer en Europe, l’état de ces camions. Il n’y a plus rien qui tient debout.
Les mécanos se mettent au travail. Petit à petit les moteurs toussent, puis se mettent à ronfler. Enfin ronfler est un bien grand mot mais le véhicule avance... Un peu plus vite qu’un dromadaire, d’autant plus, que nous nous sommes entassés dessus comme des sardines avec armes et munitions.
Dans ces camions bennes de travaux publics, nous ressemblons plus à une bande de pillards qu’a une compagnie de Légionnaires.
Comme il n’y a pas de banquettes le confort est plutôt sommaire et les reins et les vertèbres dégustent ! Pas le temps d’admirer le paysage car il n’y en a pas. Le désert, le sable à perte de vue, un paysage lunaire constellé ça et la de monticules de rochers. Pas d’eau, pas de végétation, nulle trace humaine.
Nous nous protégeons comme nous le pouvons du soleil, de la chaleur de la poussière avec nos chèches enroulés autour de la tête des yeux et de la bouche. Et arrivons finalement à AÏn Gallaka.
      Nous sommes déjà fourbus, et la poursuite ne fait que commencer. Un échange est finalement fait avec un détachement de l’Armée tchadienne qui nous rétrocède quelques camions, ravis de trouver ainsi une excuse pour ne pas nous accompagner.
      D’après leurs renseignements, le gros des rebelles se serait échappé en directions de KHIRDIMI vers le nord. La poursuite s’engage, inutile car nous avons perdu leurs traces.
Le Général Cortadellas arrive en hélicos.
-« Aubert pas question d’abandonner en regardant vos hommes qui meurent de soif, je pense qu’ils doivent avoir le même problème. L’EAU. Les seuls puits possibles étant vers le Nord au pied de la chaîne du Tibesti c’est là que vous les trouverez, il n’y a pas d’autre échappatoire pour eux, tachez de me rattraper ces gaziers avant qu’ils trouvent refuge dans le Tibesti où la rébellion est plus importante et ou ils trouveront de l’aide. »
Aubert acquiesce mais demande au Général Cortadellas que nous nous reposions jusqu’au petit matin car les heures précédentes ont été difficiles et la compagnie n’est pas en mesure une fois qu’elle sera au contact de faire bonne figure. Pour une fois Cortadellas acquiesce après un rapide examen de la compagnie. Rapidement les guetteurs sont en place et nous dormons instantanément à même le sol pour quelques heures. Après avoir avalé une ration de combat. Vers 4 heures du matin nous démarrons dans les camions, et arrivons en vue de BEDO un minuscule village. Nous giclons des camions et la fouille commence. La progression se fait lentement vers les cases. Les sections de pointe sont déjà arrivées vers les premières case et ne trouvent rien si ce n’est la merde habituelle hétéroclite : calebasses, mil, etc.
Nous pensons avoir fait chou blanc pour rien quand Gunther hurle : My Loitenant, ils se cassent au Nord du village. Aubert ordonne à la radio de leur courir après en contournant le village et de les serrer à la sortie.
Déjà les fusils-mitrailleurs sont en route et hachent la sortie du village consciencieusement. Tous les fusils-mitrailleurs de la compagnie sont en batterie et font feu. Les paillotes s’embrasent, pendant que nous progressons au pas de course pour rattraper les fuyards.
      Ceux-ci sont stoppes nets par le tir de barrage des F.M. et ne peuvent s’enfuir. Au pas de course, nous sommes à leur contact, et la section les accroche rudement. Il est difficile de savoir combien ils sont car leurs uniformes se confondent avec une paroi de rocher. Méthodiquement sans réfléchir nous avons vidé tous nos chargeurs. Huit rebelles tués 7 blessés, des armes récupérées.
Le général Cortadellas nous intime l’ordre de continuer à fouiller les villages alentour. Excités par ce bilan, nous remontons dans les camions refaisons le plein de nos chargeurs. Plus d’eau, nos visages sont desséchés, mais le moral est là.
Face à face dans les camions, nous nous regardons. Nos visages n’ont plus rien d’humain. La peur, la rage, la fatigue, la poussière nous rendent méconnaissables. Nos regards n’ont plus rien d’humain, dans ces moments l’individu se transforme en loup, faisant appel pour tenir à ses plus bas instincts.
Les camions stoppent car le village suivant est perché au creux d’un ravin. Une souricière, en pleine montagne du Tibesti. Le genre de coupe gorge que nous n’aimons guère. Les fuyards du village précèdent courent devant nous et sont à l’orée des premiers rochers. S’ils réussissent à les atteindre, il va nous falloir des heures pour finir cette histoire.Heureusement nous avons tous compris, les coups de feu claquent six rebelles s’écroulent, cinq ou six arrivent à s’enfuir. Un long silence s’installe dans ces montagnes du Tibesti. Au loin l’écho renvoie les détonations de cette fusillade.

Ackermann contemple les 6 derniers rebelles abattus.
Pour donner une leçon au reste du village, balancez-moi ces 6 Gaziers dans le puits du village!
Il ne nous fera plus chier, et le puits sera inutilisable pour le reste du village. Aussitôt dit aussitôt fait, les 6 cadavres passent par-dessus le puits. Nous fumons quelques cigarettes autour du puits quand autorité crépite à la radio.
Le général veut voir les 6 mecs.
Nous nous regardons médusés. Les 6 rebelles reposent à une trentaine de mètres au fond du puits qui est inaccessible. Pas possible d’aller les chercher. Ackermann ne répond pas à l’ordre intimé par radio. Pas possible. 20 minutes après autorité rappelle.
J’attends toujours les 6 rebelles…
Ils arrivent, on vous les convoie dans quelques minutes répond Ackerman
Ackerman hurle trouvez-moi 6 gaziers dans le village, n’importe qui mais j’en veux six de plus.
« corvée de bois » !!!!
Quelques minutes après le nécessaire est fait.
Nous sommes retournés au village avons rassemblé 6 « gaziers » innocents, et la « corvée de bois » s’est terminée par une rafale. Le Général sera content, il aura trouvé le compte exact... Les cadavres sont déposés devant autorité.
C’est curieux s’exclame  autorité, « ils n’ont pas l’air de rebelles, on dirait plutôt de braves nomades…
Nos chèches nous protégent du regard d’autorité qui sent qu’il y a embrouille.
« Quels que soient les circonstances, les ordres, doivent toujours être exécutés »

2repripep  Le renseignement . Les dérapages.



      Plus de quarante ans ans après, alors que les guerres modernes, ont lieu pratiquement sous nos yeux, retransmises par la Télévision ,sur notre petit écran, et que pas un détail d'une intervention militaire, ne nous est épargné, j'ouvre le chapitre, chapitre, du renseignement et des dérapages, sans volonté de nuire a la Légion, mais ces souvenirs seraient incomplets, si j'oubliais d'en faire mention.
Certains auraient peut être préféré que je n’en parle pas, c’eut été me dérober et ne pas assurer mes responsabilités, que j’assume pleinement.
Dans ce pays, ravagé par la rébellion, grand comme trois fois la France, et peu habité, le renseignement est primordial.
Sans renseignements pas d'opérations, pas de bilan.
À nous de l'obtenir par tous les moyens .
Nous avons toujours été conditionnés, pour obtenir les meilleurs résultats, on nous
à dresses à cela pendant des années, il faut obtenir des bilans (ennemis au tapis, armes récupérées) et mater la rébellion pour le régiment pour la compagnie, pour la deuxième section.
Les ordres sont l'interception et la destruction des bandes rebelles du FROLINAT.
La difficulté du climat, le manque de moyens logistiques, les tués, les blessés, les maladies contractées, les kilomètres de piste avalés quotidiennement sans repos, déclencheront une. répression dure et impitoyable. Trop de souffrances pour faire des cadeaux .
      Dans cette immensité Saharienne et lunaire dans laquelle nous progressons le manque de végétation répercute de loin en loin le bruit des camions et des helicos.
Nous sommes héliportés à la tombée de la nuit vers les objectifs qu'on nous a désignés à une trentaine de kilomètres. La chaleur est encore de 35-4O degrés. Débarrasse des effets inutiles t de tout ce qui peut faire du bruit dans l'équipement, les progressions se font a une cadence rapide vers les villages suspects observés par l'aviation pendant la journée.
Au petit matin nous sommes en vue des villages alors que la nuit s'étire doucement pour faire place au jour dans un épais nappage de brumes. La progression se fait encore plus silencieuse.
Quand nous arrivons a porté d'armes du village, nous nous confondons immobiles dans le sable afin que les chiens n'aboient pas et que personne ne nous remarque.
Chacun de nous ajuste les noirs qui commencent à sortir des paillotes pour aller pisser, quelquefois a quelques mètres des voltigeurs de pointe.
Le Lieutenant observe le comportement des villageois.
L'absence d'hommes nous permet de déduire si ceux-çi- ont été enrôlés et si le village est rebelle. Le port de tenues militaires également.
Dans la ligne de mire de nos armes nous les tenons en joue, dans la chaleur qui commence à monter. Une sorte de jouissance malsaine s'empare de nous celle de la traque.Sentiment de puissance. Voir sans être vu. Au bout de notre arme une simple pression sur la détente et la mort s'abattra sur l'individu visé.Un orage de feu, et de détonations s'abattra alors vers le village. Quelquefois a tort..., quelquefois a raison, la guerre ayant du mal a trancher équitablement ce genre de situations. Il y eut des bévues. Le professionnalisme ne pouvant résoudre toutes les situations.Le feu déclenché le ratissage du village commence.
La voltige en tête fouille les cases...
La pièce (le fusil-mitrailleur) et les tireurs d'élite, allument tout ce qui tire, court, ou se dissimule.
Un étrange silence fait place à l'agitation de la fouille et du ratissage. Le résultat n' est pas toujours beau à voir...
Les hommes et les femmes sont rassemblés et les interrogatoires commencent. Naturellement personne n'a jamais vu le Frolinat et n'en a jamais fait partie, les palabres s'éternisent et le renseignement commence.
Il incombe à notre section.
      Le Lieutenant frais émoulu de Saint-Cyr « plane » et fait mine de ne s'apercevoir de rien pendant que par petits groupes nous nous isolons pour obtenir ces renseignements.
Le Lieut fait mine de ne s'apercevoir de rien, nous laissant faire le sale boulot.
Il est cependant toujours là pour recueillir les aveux que nous avons obtenus et les communiquer par radio au Capitaine Aubert. Son avancement au grade de Capitaine est en jeu, son éducation judéo-chrétienne, et sa conscience ne souffriront jamais de ces dérapages qu'il semble, ignorer et ne pas observer...
De temps en temps comme de nombreux camarades, je prends des photos de ces dérapages
Tel rebelle pendu a un arbre au-dessus d'un brasier, ou tel autre avalant un jerrican de 25 litres d'eau, et autres sévices en tout genre, l'imagination n'ayant pas de bornes pour ce genre de choses...
Me doutant que ces photos seront un jour compromettantes, je fais passer les négatifs par les pilotes d'hélicos qui rejoignent Fort-Lamy, en leur donnant deux adresses, une en France, et une a l’étranger pour plus de sécurité.
Le caporal Faust qui est bientôt libérable me demande de lui vendre quelques-quelques uns de ces négatifs. Comme j'en ai un wagon, la transaction s'opère contre une somme modique qui ne me sert à rien, car nous ne pouvons rien acheter a des centaines de kilomètres de Fort-Lamy.
      L'affaire aurait pu en rester la, elle ne faisait que commencer En vendant ces photos au caporal Faust, je ne pouvais imaginer l'usage qu'il en ferait.
Rapatrié sanitaire pour la troisième fois de Fort-Lamy, le médecin Commandant de l'hôpital m'annonce. -
Cette fois Rosi tu ne repartiras pas vers ta section. La deuxième compagnie rentre définitivement vers Calvi,
et sera a Fort Lamy demain matin. Tu embarqueras avec eux ,un avion spécial est prévu pour vider l’hôpital ,tu embarqueras avec les rapatriés sanitaires, vers l’hôpital Laveran a Marseille.
L'ensemble des maladies endémiques que tu as contractées ne peut se soigner qu'en France. Ton état physique du aux difficultés du service en opérations est très fortement délabré. De plus le rapport du psychiatre de l'hôpital est mauvais. L’asthénie très prononcée que tu as, révèle une misère psychologique et physique profonde et un épuisement total dont vous êtes tous atteints,et ceci ne pourra être soigné que par du repos a l’hôpital,une fois que nous t'aurons remis sur pied, et fais le plus urgent ..on n'en est pas encore me dit il en souriant....

-Tu peux disposer.
-Je peux disposer a vos ordres mon Commandant.

Le lendemain sur le tarmac de l’aéroport je retrouvais la 2eme compagnie. J’étais sur une civière, les bras perfusés de part en part et la 2eme section, me rendit visite. Puis une convoyeuse de l’air me shoota a l’aide de sédatifs et je m’endormis jusqu'à Istres, ou une ambulance vint nous chercher pour nous embarquer destination l’hôpital Laveran a Marseille.
Je suis resté 5 mois à l'hôpital et mon contrat finissant je suis parti en permission libérable à X... pendant ce mois, j'ai passé la majeur partie de mon temps a dormir n'osant même pas sortir dans la rue
La permission finie je reprenais le train direction Aubagne et le 1er Régiment Etranger d'Infanterie qui était le régiment administratif de la Légion.
Arrivé au Poste de Police, je me présente au sous-officier de permanence comme rentrant de permission libérable.
-On t'attendait Rosi.
Sentinelle a moi. !
Je me retrouvais encadré de deux sentinelles en armes.
-Conduisez le au deuxième bureau !

      En chemin, je ne peux me douter un instant de ce qui est en train de se passer
La sentinelle frappe à la porte du 2eme bureau.
-Le Légionnaire Rosi est la, chef !
-Mettez le a poil face au mur ,prenez cette paire de menottes, et enchaînez le au radiateur du couloir !
Je suis abasourdi et ne comprends pas bien ce qui se passe.
-Alors Rosi tu as passé une bonne permission, tu vas maintenant me raconter tout ce que tu sais sur le caporal Faust
-Est tu au courant que les photos que tu as vendues a Faust viennent de paraître dans toute la presse nationale et internationale ?
-Non mon adjudant !
En un instant je comprends tout. Faust m’avait vaguement parlé de sa rencontre a Fort Lamy lors d’une évacuation sanitaire d’un entretien qu’il avait eu avec des reporters du journal Stern. Sur le moment je n’y avais pas prêté beaucoup d’attention. Je lui avais cependant recommandé s’il les vendait a Stern de bien vouloir attendre ma libération définitive de la Légion prévue sur septembre. A quelques jours près l’article et les photos tombaient mal ,il ne me manquait que quelques jours pour être rayé des contrôles et retourner a la vie civile. J’étais pris.
L’adjudant me jeta les coupures de presse devant moi ,des photos que j’avais prises et des photos me représentant en premier plan alors qu’un noir était pendu par les chevilles a un arbre, au dessus d’un brasier. La photo était nette c’était bien moi, j’etais pris. Le problème n’était pas de savoir ce que nous avions fait subir aux rebelles du Frolinat, mais de savoir quel rôle j’avais joué dans la vente des photos a Stern. Je n’en avais joué aucun si ce n’est d’avoir bien imprudemment vendu les photos a Faust persuadé qu’il ne les vendrait jamais et que ça n’intéressait personne.Les interrogatoires musclé de l’adjudant se compliquèrent quand deux civils appartenant a la Sécurité Militaire, et aux services de renseignement, descendirent de Paris.
A Paris l’affaire faisait grand bruit. La presse nationale et internationale mettait le feu aux poudres l’Assemblée Nationale les députés de l’opposition demandaient des comptes au Premier Ministre sur les méthodes utilisées par le 2eme Régiment Etranger de Parachutistes au Tchad.
Durant dix huit jours je ramassais tête au carré sut tête au carré. L’adjudant poussait le sadisme jusqu’à me piquer avec la pointe de son couteau. je savais que moins j’en dirai le plus vite je sortirai de la situation dan laquelle je m’étais mise.
Au fil des jours le temps passait mon contrat était légalement terminée le deuxième bureau en me maintenant dans ces interrogatoires était hors la loi, car je n’appartenais plus aux effectifs de l’Armée. Cela constituait un abus de pouvoir.
La situation évolua au bout du 19 ème jour quand l’adjudant me convoqua toujours a poil et enchaîné par une paire de menotte.
-Rosi ce n’est plus la peine de nier. Nous avons récupéré tes pellicules photos chez ta mère a X.....Sous le prétexte que tu avais un petit peu de retard pour des problèmes de santé, nous nous sommes présentés chez elle sous le prétexte que tu voulais récupérer les négatifs photos afin de réaliser une exposition. Elle nous a fait monter au grenier et a l’aide de tes clés nous avons ouvert tes cantines et récupéré les négatifs qu’ils nous manquaient.
A présent tu te mets a table nous prenons ta déposition tu la signe, et nous te libérerons demain matin.
-C’est O.K mon adjudant on reprend tout a zéro et vous me libérez demain.
Nous passâmes le reste de l’après- midi a confesse et je révélais ce que je savais c’est a dire pas beaucoup plus que ce que je lui avais dit car je n’avais pas prit part a la vente de ces photos ce qu’il savait depuis le début.
Les questions étaient surtout relatives a Faust. M’avait-il dit ou il se retirerait une fois devenu civil ?Je n’en avais aucune idée. je savais qu’il était natif de Brême en Allemagne et qu’il avait quelquefois parlé de s’engager une fois libéré dans l’Armée Sud Africaine...mais c’était très vague.
-Tu signes ta déposition et tu es libre demain matin !
L’adjudant me retira les menottes et me servit une bière. Il voulait absolument se faire pardonner les interrogatoires et il avait la trouille que je l’attende dans une petite rue a Marseille et que je le « plante »dans une petite rue un soir de cuite, comme cela se passait habituellement. Certains de nous attendaient les gradés pendant des années jusqu'à ce que le hasard les fit se rencontrer...
Je ne dis rien mais je me souviendrai toujours de l’adjudant Mattana...
J’apprends entre-temps qu’une fouille gigantesque a eu lieu au Régiment a Calvi. Les compagnies ont été priées de sortir des batiments,et sont restées toute la nuit au garde a vous pendant que les gradés et le deuxième bureau fouillent les chambres les cantines et les moindres recoins pour récupérer toutes les photos prise au Tchad.
La fouille fut efficace puisque toutes les photos appartenant aux Légionnaires du Régiment furent confisquées. On trouva même dans les paquetages quelques armes et munitions ramenées en souvenir ainsi que quelques singes, iguanes et bestioles de toute nature que les Légionnaires avaient ramenés, en toute illégalité.
La vie de Faust à je le pense été en jeu. S'ils avaient mis la main dessus je craignais le pire.
À la lecture des articles des photos et des révélations du caporal Faust sur notre intervention au Tchad l'Assemblée Nationale, et l'opinion internationale médiatisée dans une savante orchestration de la presse, ont eu un impact important sur l'opinion publique. Nos méthodes furent sévèrement critiquées. Le tollé fut général pendant quelques mois.
Extraits de l’article de Stern.

2repripep  « Ca s’est passé au Tchad »


      Le caporal Faust pose avec de jeunes beautés. Elles sont davantage déjà prisées par les Légionnaires du 2eme REP que le personnel féminin aseptisé du bordel militaire de campagne venu de France. Mais c’est un exotisme comportant des risques.
Au moins un tiers des effectifs envoyés par Paris est a tout moment immobilisé sur un lit d’hôpital « on attrape des hépatites virales des jaunisses, la dysenterie, des maladies vénériennes.
Le front se trouve partout dans les villages dans la brousse on nous accueille avec de vives manifestations de curiosité et de sympathie raconte le caporal Faust mais les bouches restent closes. les noirs savent très bien qu’après notre départ les rebelles reviendront.
Parfois les choses se gâtent comme le relate Volkmar E. dans le « Spiegel ».
Près d’Ati on cerne un village suspect .une femme rencontrée en chemin est abattue d’une rafale de Fusil -Mitrailleur, les cases sont incendiées rasées.
Suit le sort d’un prisonnier.
Le prisonnier était déjà blessé. du sang giclait de sa cuisse perforée. son short blanc se teintait de rouge. Du sang coulait également en longues rigoles le long de ses jambes. Comme il ne parlait toujours pas ils l’ont pendu par les pieds a un arbre et ils ont allumé un feu de broussailles

« C’est encore le meilleur moyen de lui délier la langue s’est écrié un sous-off. Celui qui se balance au dessus des flammes se met a chanter. »

« Mais le type se taisait toujours, du noir je l’ai vu virer au blanc, la cendre qui montait ver lui et l’enveloppait, la chaleur fit craquer la peau, qui s’éplucha comme un marron grillé »
« Maintenant vous pouvez le redescendre ,je doute qu’il se mette encore a table dit le Lieutenant
Deux heures plus tard le type avait rendu sa gamelle comme nous disons a la Légion
C’est la confession nue et brutale que le caporal Hans Joachim Faust 25 ans ancien maçon de Krefeld fait au grand magazine STERN (2,5 millions d’exemplaires vendus chaque semaine )
Faust est l’un des 800 légionnaires étrangers qui accomplissent actuellement au Tchad une mission d’assistance. Les photos qu’il ramène sont inédites en France .STERN a osé les publier L’incident s’est déroulé quelque part dans la brousse du coté de Mangalmé.
Il raconte aussi :
      Le prisonnier était allongé sur le dos pieds et points liés. Avec un bout de bois on lui a desserré les dents on lui tient la bouche ouverte S’il s’avise de bouger on remplace le bout de bois par un couteau ça le calme et on lui fait avaler 2O litres d’eau.
Mais ce n’est pas a sens unique précise Faust. Les rebelles n’y vont pas de main morte. Il faut voir dans quel état ils laissent leurs victimes bras et jambes coupées ,têtes tranchées, partie génitales enfoncées dans la bouche.28 paras et Légionnaires ont été tués au Tchad dans les premiers mois.Onze d’un seul coup le 12 octobre dernier.La guerre qu’on mène la bas n’est pas faite par des enfants de cœur. »
Trois photos illustrent l’article une de Faust posant avec une jeune beauté, une de moi a côté du noir, pendu, et la troisième alors que j’interrogeais dans un village près d’Ati des enfants, quelques minutes avant une opération héliportée, ou nous étions censés intercepter de nuit dans un canyon, la réunion secrète des principaux chefs de la rébellion des environs d’Ati.
L’article se terminait par un commentaire. Seul un magazine Allemand avait osé publier ces photos .
Faust se méfie et n'a jamais donné signe de vie, il est peut-peut être mort liquidé ..en douce.
Pas de nouvelles, aucune nouvelles depuis toutes ces années.
Il se planque ou il est mort......mais peut être pas de mort naturelle...

2repripep  Marseille

« La routine »

« Il est souvent difficile de connaître le nombre exact des pertes du coté de la Légion, car les avis de décès, n’étant destinés à aucune famille, font l’objet de communiqués internes à l’armée et non de communiques de presse »
Backman, bras droit de Jacques Focard.
« Tous les bilans d’où qu’ils proviennent sont fantaisistes, la France perdra des dizaines d’hommes dans les sables et la rocaille du Tchad, alors que les chiffres révèles qu’ils ne dépassent jamais les doigts d’une main »
(Thierry Lemoine dans son livre Tchad1969-1990 trente années d’indépendance)

Le 11 octobre 1970 une embuscade tendue par les rebelles à une colonne de 150 parachutistes français en mission de reconnaissance fait onze tués dont deux officiers. Cloués au sol par un vent de sable les AT4 (avions de bombardement) ne peuvent les secourir.
Une dizaine de jours plus tard quarante deux rebelles trouvent la mort, dont deux des fils du Derdé, Djili Ouedeïmi et Ouardougou Ouedeïmi.
Goukouni (futur Président du Tchad) quatrième fils de Ouedeï Kichidimi échappe au massacre.

-le 22 gravement blessé. Sergent chef Himmer et légionnaire Brouca.
-le 23 mort du légionnaire Bribar et du légionnaire Ravic.
-le 23 gravement blessés : Sergent chef Jannet, Kuckelkorn et Tanguy.
-le 24 gravement blessé légionnaire Escobar.

C’est un véritable combat d’envergue que doit livrer la Compagnie d’appui et d’éclairage du 2ème REP pour d’emparer de la Faille Leclerc entre Zouar et Faya-Largeau. Trois mitrailleuses plusieurs fusils sont saisis. La compagnie a deux tués. Le séjour au Tchad de 1970 se termine sur un ultime baroud qui permet d’anéantir une bande de 50 rebelles, mais le 2ème REP aura encore l’occasion de revenir au Tchad.
(Colonel Pierre Montagnon histoire de la Légion éditions Pygmalion)

« Ces engagements sont d’un autre âge »
FRANÇOIS MITTERRAND
« la France est dépassée par les événement »

El Djeich journal de l’armée algérienne.
-décès du légionnaire Covel

Ma dysenterie amibienne a repris de plus belle. Désormais je me vide constamment, avec du sang dans les selles. Dans ces conditions, j'ai du mal à suivre la section dans les opérations que nous menons, je suis toujours à la traîne, mais les copains sont là, l'un prend mon sac à dos en supplément, l'autre mon arme, et il y a toujours quelqu'un pour me donner de l'eau car je me déshydrate. L'amitié, qui nous lie dans les moments difficiles n'est pas un vain mot.
Le capitaine Aubert m'appelle.
-Rosi, tu quitte la deuxième section, comme tu connais le Commandant Meudec je t'affecte à sa disposition.
Meudec est un géant que j'ai déjà servi à la 4ème Compagnie en Corse quand il s'occupait du stage « sabotage »
C'est le numéro 1 en France du sabotage, des mines et des explosifs. Au Tchad il s'occupe du renseignement, et des interrogatoires. Entre nous le courant passe bien.
Rosi me dit il :
 « Tu vas te refaire une santé avec moi.
Tu me donne un coup de main au P.C.Tu me sers de garde du corps.
Tu t'occupe de mes affaires, de mon arme, et de la garde des prisonniers.
A vos ordres mon Commandant.

Deux jours se passent, je suis peinard, je monte la garde continuellement aux prisonniers, quand ceux-si ne sont pas en interrogatoire.
Le troisième jour alors que je suis de garde, de violentes douleurs dans les reins me prennent, je hurle puis je pisse du sang en grosses quantités. Meudec est réveillé en pleine nuit, et s'occupe de moi avec l'infirmier.
Rosi je t'évacue demain matin, définitivement, je pense que tu vas rentrer en France.
La nuit se passe tant bien que mal, avec de violentes douleurs que l'infirmier situe à maximum "D"
Au matin l'hélico arrive pour m'amener à Fort Lamy. La deuxième section, la mienne est venue au complet me dire au revoir. J'ai tenu tant que j'ai pu pour ne pas les lâcher, conscient que nous vivions une aventure exceptionnelle, à laquelle j'avais été préparé, mais mon état de santé n'est plus compatible avec la dureté du climat, des opérations, du manque de bouffe et d'eau.
Tous les rapatriés sanitaires ont tenu bon au Tchad jusqu'à la dernière extrémité, pour ne pas lâcher les copains, la section, la compagnie, le régiment.



« La routine »
-Sur le terrain les combats se poursuivent avec la même intensité. Près de Fada des engagements tournent à l’avantage des forces Franco-Tchadiennes, deux légionnaires sont tués et quinze autres blessés. Quatre vingt rebelles trouvent la mort.
(Thierry Lemoine, Tchad 1969-1990)
Le colonel Dominique adjoint français au CEMI-Armées lance l’opération Bison comprenant uniquement des éléments français. Plus de 1.000 hommes arpenteront le BET pendant deux mois faisant subir aux rebelles des pertes sévères. L'hélico s'envole, et arrive quelques heures après à Fort-Lamy. La bas c'est toujours le bordel, l'hôpital est toujours dégueulasse, les radios sont en panne, mais il est évident que les reins et la vessie sont touchés, et que les amibes me bouffent les intestins et le trou du cul.
A la pesée, je ne pèse plus que 56 Kilos, au lieu de mes 80-82 kilos qui étaient mon poids de forme. Je suis un squelette. J'attends trois jours l'avion sanitaire qui nous rapatrie mes camarades et moi vers la France.
Le jour "J" de l'évacuation est arrivée, nous attendons trois heures sur le tarmac de l'aéroport de Fort Lamy, ce putain d'avion qui n'arrive pas, puis celui-ci se pose. Les choses vont vite. Nous sommes brancardés à l'intérieur de celui-ci. Les convoyeuses de l'air, aidées des infirmiers nous prennent en charge, dans des brancards superposés qui ont été aménagés à l'intérieur de l'appareil. Malgré le vacarme des moteurs, nous entamons au moment ou l'avion quitte la piste le chant du Régiment.
Nous sommes les hommes des troupes d'assaut,soldats de la vielle Légion demain brandissant nos drapeaux en vainqueurs nous défilerons....etc.
Pour faire le voyage vers Marseille nous avons tous été shootés à la morphine. Je n'ai aucun souvenir de cet interminable voyage qui nous ramène vers la France et Marseille.
Je me réveille quelques heures après dans l'ambulance alors que nous franchissons l'entrée de l'hôpital Laveran à Marseille. Un hôpital ultra moderne, avec des séries impressionnantes de couloirs. Enfin, un bon lit, propre, le grand bonheur.
Je ne réalise pas bien que je suis en France, il me faudra plusieurs jours pour me rendre compte, que j'ai quitté le Tchad, les copains, avec qui j'ai passé de nombreuses années, à l'intérieur de la deuxième section. J'ai basculé d'un monde d'horreur, de privations, vers une sorte de Paradis où tout le monde est aux petits soins avec nous.
Je mettrai plusieurs jours à bien réaliser tout cela. Mon cœur est toujours avec la deuxième section. J'angoisse en pensant à eux, je n'ai pas de nouvelles. Faust, Radovanovic, Mûller, Corenti, Slavitch, Gonzalez, Da Silva, Aphner, Rancardo, et tous les autres, je me fais du souci pour vous…
La relève va arriver dans et demi la 1ère et la 2ème compagnie, rentrent en France, je l'ai appris à l'hôpital, vous ne le savez sans doute pas encore vous-même, mais votre calvaire touche à sa fin.
Bientôt nous serons a nouveau ensemble, et l'on se prendra une bonne cuite ensemble a Calvi. Dans 3 jours la relève va arriver. L’Etat-major tactique No 1composé de la 2ème et de la 1ère compagnie engagé depuis le début des hostilités rentrent en France, le 15 avril 1970.
Personnellement je suis rapatrié sanitaire le 14 avril 1970 sur Istres. Jusqu’au bout j’aurai été « fidèle à la parole donnée » et je serai évacué a 48 heures prés ...en même temps que ma Compagnie

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE(16 AVRIL 1970)

« A l’occasion du départ du 2ème REP que commande le colonel Lacaze ce régiment après avoir accompli avec brio sa mission, il ne me reste plus mon Général, qu’à vous demander de bien vouloir transmette au colonel Lacaze et à son régiment, au nom de mon gouvernement et en mon nom personnel, le témoignage de notre admiration, pour avoir accompli avec satisfaction la mission qui lui avait été confiée par le gouvernement français.»

LE MINISTRE D’ETAT CHARGE DE LA DEFENSE NATIONALE (12 MAI 1970)

« A l’occasion du retour en métropole de l’EMT1 du 2ème régiment Étranger de parachutistes je m’incline devant ceux qui sont tombés et j’adresse au colonel Lacaze, aux officiers, sous-officiers et légionnaires du régiment, mes félicitations et mes remerciements pour l’action menée au Tchad depuis 1 an. Elle a témoigné du sens du devoir et de la valeur professionnelle d’un corps qui honore l’Armée française…. »
Implanté sur un territoire trois fois grand comme la France au chœur des difficultés dans la zone que les hors la loi désignaient comme leur principal objectif, l’EMT1 et ses deux compagnies ont rayonné depuis Mongo à la recherche inlassable des bandes. Embuscades de jour et de nuit raides en véhicules, ou à pieds, sous la chaleur torride ou dans les bourbiers défoncés par la saison des pluies, interventions héliportées, tout a été tenté et mis en œuvre pour que la mission soit remplie malgré l’immensité du pays et de la tache. Elle a coûté beaucoup de sueur et puis de sang aussi … »

Au Tchad la guerre continue.
Restent sur place la 3ème compagnie, et la CAE du 2ème REP, ainsi que la compagnie de marche du 1er régiment étranger d’infanterie et la relève des parachutistes de la Coloniale et de l’infanterie de Marine.Les opérations continuent avec le reste du Régiment.
A la 3ème compagnie
« Il y avait un chef rebelle près d’Harazé (Mangueigne) un chef rebelle qui selon la « coutume antique » adressait des lettres de menaces à un lieutenant de la 3ème compagnie, son « cher ennemi »
Le 25 avril violant sans scrupules la neutralité de la République Centrafricaine le dit chef, promu depuis à l’honneur d’une des bandes s’intitulant pompeusement Poste de Commandement, attaque le bivouac des légionnaires. Mais Noir (la 3ème Cie) veillait. Alerté par d’honorables correspondants il accrochait la bande le 28 avril (soit deux jours avant les festivités de Camerone) La « 3 » accrochait son « cher ennemi » à Bibien le 28 et manquant de peu le fusil mitrailleur, en récupérait cependant tous les chargeurs.
Des nouvelles de la bande en fuite parvenaient cependant à AM-TIMAN téléphone tchadien, qui remplace son prédécesseur le téléphone Arabe comme on l’appelait en Algérie (veuillez désormais compose le …) A pied en véhicules et en hélicoptères la noir manquait son « cher ennemi » à Kieke, mais le coinçait à El-Alak, tuant le chef écrivain et 28 rebelles récupérant 6 armes et faisant 4 prisonniers. La 3ème compagnie venait de décerner le prix Goncourt posthume à son cher ennemi.
Paris 14 juillet 1970
La 1er et la 2ème compagnie rentrant du Tchad défilent aux champs Elysées derrière la musique, les pionniers, le colonel Fuhr et le drapeau du 1er Régiment.
Je suis à l’hôpital et je regarde en pleurant à la télévision mes camarades témoins de tant de sacrifices défiler sur la plus belle avenue du monde. Paris a fait la fête aux deux compagnies rentrées du Tchad.

«Ah qui dira jamais aux arbres de Vincennes
Comme marcher longtemps est triste au fond des bois
Les kilomètres longs comme lieux anciennes
Avec les doigts tendus et la gueule de bois
Puis à pas lents, musique en tête sans fureur
Tranquille et souriant aux clameurs populaires.
Au rythme du Boudin la légion Etrangère
Eblouit tout paris qui lui donna son cœur»

La Légion, retrouvée, acclamée sur les Champs-Élysées (Le Parisien)
La Légion Etrangère particulièrement applaudie (le Figaro)
Mais Paris a surtout vibré pour la Légion après quatre ans d’absence (l’Aurore)
Les Légionnaires ont été formidables ! Vous avez pu voir comme l’on vous aime à Paris
(PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE)

Je continue à pleurer, secoué de sanglots en lisant les journaux du lendemain en pensant à mes camarades légionnaires de la 1ère et 2ème compagnie au milieu desquels j’aurai dû être..
J’aurai voulu participer à cette récompense. Sur mon lit d’hôpital, je ne peux qu’être plein de regrets. Je ne suis pas le seul. A l’hôpital nous nous sommes réunis et avons pris une belle cuite… pour oublier….Vers minuit nous avons fait le mur pour aller fêter le 14 juillet en ville au « perroquet bleu, corsaire borgne, au chien qui fume », nous sommes rentrés ivres morts, et lorsque le colonel est passé pour la visite suivi de tous les internes, tout le monde était présent le lendemain matin dans son lit en train de « cuver »pour une fois il ne manquait personne. Le colonel n’étant pas dupe n’a pas posé de questions et a rapidement achevé sa visite en interpellant l’infirmière major :
-« En ce qui concerne la Légion, annulez tous les rendez-vous radios, examens et consultations, pas de soins, sauf pour ceux qui nous feront l’honneur de se réveiller, ramassez les canettes de bière qui traînent sous les lits, on y verra plus clair demain »
Les appelés du service de santé se sont alors emparés de leur arme favorite le balai et ont passé des heures à nettoyer le champ de bataille que nous leur avions laissé parsemé de canette de bière, bouteilles de cognac et de whisky qui jonchaient le sol pendant que nous dormions à poings fermés, l’esprit ailleurs quelque part du cote de Mongo, d’Amti, de Mangalmé…
Je suis resté 5 mois à l'hôpital Laveran à Marseille.
5 mois d'examens, de soins, de consultations diverses pendant lesquels on m'enfonce toutes les sondes exploratoires possibles dans le trou du cul, la vessie. Les radios succèdent aux radios, prises de sang, analyses d'urine. Je ne suis pas le seul dans cet état nous sommes nombreux de la 1ère et la 2ème compagnie, qui entre temps sont rentrés.
Nous nous sommes regroupés entre Légionnaires Parachutistes, mais je n'appartiens plus au Régiment. J'ai été déclaré inapte Parachutiste, et j'ai été affecté au 1er Régiment Etranger d'infanterie, affectation que je vis mal, mon cœur étant et restant au 2ème Etranger de Parachutiste. J'ai dû abandonner la fourragère rouge du Régiment, ma solde de l'air.
Cette affectation est un déchirement pour moi. J'ai passé trop d'années au Régiment dans les troupes aéroportées. Mon contrat est bientôt terminé il me reste deux mois.
J'ai 7 ans et demi de service j'ai donc effectué la moitié du parcours qui me donnerait une retraite et la vie civile me fait peur. Je passe devant l'officier conseil Légion qui me demande ce que je compte faire. Rengager ou retourner dans la vie civile.
Je suis prêt a rengager, et a continuer 7 ans de plus pour avoir une petite retraite, mais la condition sine qua non est de retourner au Régiment, en aucune façon je ne veux être affecté dans un régiment d'infanterie.
Hélas pour moi, le service de santé, maintient son veto d'inaptitude aux troupes aéroportées, et me propose vu mon état de santé qui ne s'arrange pas malgré les soins, une sorte de reclassement avec une spécialité, de gratte papier, au premier Etranger à la maison mère.
Il n'en est pas question.
Sur ces entre faites Yan est venu me voir à Marseille pendant trois jours. Nous sortons dans les petits restaurants pour nous taper des huîtres et des bulots. Nous réfléchissons à la situation, mais la décision n'appartient qu'à moi.
La famille n'ayant rien prévu, pour me donner un coup de main, ce n'est pourtant pas le temps ni les moyens qui lui font défaut je décide de rester civil a Marseille et ne pas rentrer a Bordeaux. Je vais me demerder.
Je descendais à longueur de journées d’un pas fatigué, la place Sébastopol, les boulevards de la Blancarde, l’avenue du Prado, le boulevard Périers, et les rues Paradis et Bd Breteuil. Des rues à putes des immeubles insalubres et des hôtels pouilleux
« la misère est moins dure au soleil »
De temps en temps je sors à Marseille me baigner à la plage du Prado ou prendre un verre sur la Cannebière. Tout me fait peur, le bruit, la circulation, les gens il y a longtemps que j'ai quitté tout cela, J'ai l'impression d'être un extra-terrestre qui débarque sur une planète étrangère où tout est à découvrir.
J'ai connu Monique à l'hôpital dans le service où j'étais soigné, on avait sympathisé je ne m'étais rendu compte de rien, pour moi elle était une infirmière militaire comme tant d'autres. Monique en me quittant un soir m'a dit très gentiment :
-Guy mes parents ont un petit cabanon à Cassis cela fait des mois que vous êtes là, est ce que cela vous ferait plaisir de passer le weck end chez mes parents, ma mère a fait de l’aïoli.
Sa question me surprenait et comme je ne répondais pas étant devenu imperméable à ce genre de finesse féminine, elle m'a répondu sans attendre ma réponse.
-A demain, Guy.
J'ai repassé ma tenue de sortie car je n'ai pas d'habits civils et me suis retrouvé à Cassis.
-Ne t'inquiète pas me dit Monique, ils ne te poseront pas de questions

      Au cabanon c'était sympa, les femmes avaient préparé l’aïoli. La morue était dessalée à point, habituellement la morue trempe trop toujours dans la même eau. Là elle avait été dessalée une fois huit heures et trois fois deux heures, et avait été pochée à l’eau frémissante avec du fenouil et des grains de poivre. La sauce avait été monté avec une huile d’olive spéciale de petite propriété du coté d’Auriol dont elle ne voulait pas donner l’adresse.
Nous les hommes exclusions le pastis et le rosé de Provence. J'avais du mal à me mêler à la conversation, comme si je n'étais pas là. Je ne crois pas avoir fait bonne impression...
Comme nous rentrions sur Marseille ou Monique habitait, je la remerciais de cette bonne journée, avec des phrases passe partout, puis Monique se jeta à l'eau et m'expliqua qu'elle était amoureuse de moi depuis longtemps.
Je ne te ramène pas à Laveran, je t'invite rue Fortia, dans une pizzeria tenue par un de mes cousins, puis tu viendras à la maison. Demain je verrai le Médecin Commandant je lui expliquerai la situation et je t'obtiendrai une autorisation pour que tu couche à la maison.
Monique a été adorable avec moi jusqu'a la fin de mon séjour a l'hôpital. De son côté elle a fait des plans pour que civil nous vivions ensemble, elle s'engage même à me trouver du travail. De mon côté je ne suis pas prêt pour que cette liaison continue et j'ai été obligé de lui dire qu'il ne fallait pas qu'elle s'attache a moi. Cette liaison a été trop soudaine, j'ai du mal à rester à la maison à regarder la télé, et à écouter les petits ragots de son métier d'infirmière. Je crois finalement que malgré toute la gentillesse, dont elle a fait preuve envers moi, que je préfère rester seule est après l’amour que tout chez moi s’est toujours déglinguai. Je ne donnais plus.


      Après l’amour je repassais de l’autre coté de ma frontière. Dans ce territoire où j’avais mes règles, mes lois, mes codes, des idées fixes à la con. Ou je me perds. Ou je perdais celles qui s’y aventuraient.
Comme me l’avait dit Monique « Je crois qu’en définitive on peut tout essayer avec toi, mais tu n’aimes pas la vie. Tu finiras seul
Je finis par lui expliquer au bar le "Cintra" sur le vieux Port. Monique éclate en sanglots, je lui ai fait du mal je le sais. Le lendemain Monique était dans le service, puis l'après midi elle a disparue mutée dans un autre service a un autre étage, sur sa demande....
      Le grand jour est arrivé, dans quelques minutes je ne serai plus Légionnaire.
Je suis en grande tenue à Aubagne, les libérables sont rassemblés sur la voie sacrée, devant le monument aux morts, de Saïda, reconstruit intégralement. La musique régimentaire nous a joué une aubade en entamant le "Boudin" et le colonel commandant la Légion Etrangère, nous passe en revue accompagné d'une ribambelle d'officiers supérieurs et de sous officiers.
Il est muni de nos états de service, et s'arrête devant chacun de nous, avant d'avoir parcouru les appréciations de tous les commandants de compagnie que j'ai eu pendant toutes ces années.
Au garde à vous je me présente.
-C'est bien Légionnaire de 1ère classe Rosi, tu est bien noté, tu t'est conduit avec "honneur et fidélité"pendant toutes ces années j'espère que ta santé s'est améliorée?
-Oui mon Colonel mais intérieurement je sais qu'il n'en est rien, et que seul la fin de mon contrat m'a fait partir de l'hôpital.
-Tu as des projets de travail pour le civil?
-Non mon Colonel
-Je te souhaite bonne chance, tu sais que tu pourras toujours faire appel à nous en cas de besoin. (c'est comme le Bon Dieu on le prie quand on est dans la merde mais le téléphone ne répond jamais, il est toujours occupé)
-A vos ordres mon Général.
La musique quelques instants après a entamé une nouvelle aubade.

      C'est fini je n'ai plus qu'à rejoindre le fourrier lui rendre l'ensemble des effets militaires et endosser une tenue civile que j'ai acheté la veille, un jean et une chemise Lacoste, je me suis demerdé à ne pas rendre mes chaussures de sortie militaire.
Je rejoins mes camarades libérables. Nous franchissons une dernier fois le Poste de Police qui nous pressente les armes. C'est terminé, je ne suis plus Légionnaire, je ne m'appelle plus Rosi Guy né le 23 octobre à Monte Carlo de citoyenneté monégasque, mais ai repris mon nom de famille, de cette famille curieusement absente pendant ces années, toute aussi absente à cet instant.
Une page est tournée, faite de sueur, de sang, de sacrifices, de fatigues, mais aussi de camaraderie, d'orgueil d'avoir appartenu au sein de la Légion Etrangère au 2ème Régiment Etranger de Parachutiste, à la deuxième compagnie, à la Deuxième section.
Je prends un car direction Marseille, j'ai 700,00 FF en poche, il va falloir aller vite et trouver du travail, dans les jours qui viennent, pour ne pas me retrouver à "la rue".
Pendant ce temps le reste du Régiment continue à œuvrer au Tchad

2repripep FERNANDE

« La routine »
Décès du Légionnaire Mirko Dribar « mort pour la France » au Tchad le 23 octobre 1970
Décès du légionnaire Varga de la CAE le 21 août 1970
Décès du légionnaire Menant Manfred le 28 mai 1970
Décès du caporal Papovitch le 5 juin 1970
J'ai erré pendant deux jours dans le centre de Marseille, entre l'Opéra, et les quartiers arabes de la Rue Tubaneau et du Cours Belsunce.
Désemparé, car je n'ai jamais auparavant réfléchi à la vie civile, comme la plupart de mes camarades. Nous nous retrouvons dans un autre monde que nous avons quitté il y à longtemps, c'est comme si nous ne l'avions jamais connu.
La rupture est trop brutale. Les quartiers arabes nous attirent, c'est peut-être là où nous nous sentons le mieux. 4 années en Algérie, le reste au Tchad, la cassure est profonde. J'ouvre des yeux écarquillés, sur Marseille.
Je ne suis pas seul nous sommes nombreux à nous rencontrer. Nous nous connaissons ou pas, les anciens Légionnaires, mais nous nous reconnaissons toujours, au pas, à la démarche, à je ne sais trop quoi, qui fait que nous nous ressemblons tous même avec des habits civils.
Ces habits civils je m'y sens mal, j'ai trop longtemps vécu en treillis camouflé, et en rangers. Mes chaussures me font mal.
La première nuit j'ai couché sur un banc, de la canebière pour ne pas engloutir mes économies 700 Francs. J'ai acheté un demi-poulet dans une des nombreuses petites baraques à frites qui longent l'avenue, et je l'ai découpé avec mon poignard de combat, que j'ai conservé. La circulation étant trop importante pour pouvoir dormir, je me suis déplacé vers minuit sur le vieux port, et la j'ai passé la nuit sur des cordages, mais le sommeil n'est pas venu, j'ai passé une nuit blanche jusqu'à 10 Heures du matin, où les flics sont venus me demander mes papiers.
Tu es sorti quand me dit l'adjudant du car de Police.
Si tu as faim, va manger au Fort saint Nicolas, à la Légion, ils te donneront à manger.
Curieusement je me rappelle lors de mon engagement il y a bien longtemps les clodos Anciens Légionnaires, qui stationnaient devant le Bas Fort saint Nicolas.
Si tu as froid la nuit vient renverser quelques poubelles devant l'Evêché (commissariat de Police) on te mettra à l'abri pour tapage nocturne, et tu partiras le lendemain.
Je vous remercie.
Bonne chance petit...
La deuxième nuit alors que je cherchais un endroit pour dormir, je repérais le café Cintra, sur le vieux port. La terrasse étant très importante, les chaises en osier n'étaient pas rentrées. Je me disais qu'avec deux chaises je pourrai me bricoler un lit sans gêner personne, quand un gardien m'apostropha.
Eh! Clodo dégage avant que je te vire à grands coups de pied dans le cul.
Le gardien s'approcha de moi, me détailla, et me dit.
-Tu ne sortirais pas du "ballon" ou de l'armée?

LEGION Etrangère, 2ème REP.
Manuel, ancien caporal-chef, du 3ème Régiment Etranger d'Infanterie.
Rosi, viens à l'intérieur Rosi on va boire un godet.
Du vin il y en avait à l'intérieur, au tonneau, on s'est pris une bonne cuite. Slavitch avait un transistor-cassette, et l'on s'est passé de la musique, le Boudin, Eugénie, le chant du 2ème REP, le Grand Atlas, en Algérie, y a des cailloux sur toutes les routes.....
Tu sais que Fernande la mère maquerelle du 2ème REP a acheté un Hôtel derrière le vieux port?
Tu devrais aller la voir demain c'est elle qui m'a trouvé ce boulot, de gardiennage, la nuit.
J'irai la voir demain.
Je suis couché sur une banquette de moleskine au Cintra, et je repense à vous, Faust, Radovanovic, Muller, Corenti , Slavitch Aphner, Gonzalez, ma deuxième section. Pendant des années, tous les soirs je reprendrai le camion avec vous sur les pistes du Tchad, dans la montagne à Bou-Sfer, dans le maquis à Calvi. Les camions marchent toujours aussi mal, les radios ne reçoivent rien, la bouffe est toujours aussi rare, l'eau est toujours absente.
Je nous revoie dans les Dakota, les Nord Atlas, entassés comme des sardines, de jour comme de nuit, attendant le signal vert, puis le rouge, la vérification d'SOA, puis la porte que l'on enlève, le vent qui s'engouffre les visages tendus, les cris des largueurs, et puis cette course effrénée, vers la porte de l'avion, le choc du parachute à l'ouverture, et ces moments de silence qui précédaient l'atterrissage.
Je pense à vous lorsque les hélicos fondaient sur les villages dans une sarabande infernale. J'ai encore le bruit des palmes d'hélicos dans la tête, pendant notre transport, apportant les vivres, nous évacuant sur Fort Lamy en catastrophe, nous envoyant un appui feu dans les moments difficiles.
      En m'endormant, 33 ans après, les pales des hélicos tournent toujours, à jamais j'aurai ce bruit dans la tête, toujours annonciateur, d'un emmerdement, les odeurs d'huile brûlée, la chaleur qui règne dans la carlingue, notre tristesse ou nos fou-rires. Ces instants où de retour d'opérations vers Mongo nous ouvrions ensemble une boite de sardines, pour tout repas ou nous partagions nos bidons d'eau...
Toutes ces années passées ensemble... Comme j'ai besoin de vous maintenant, comme vous me manquez…. Sergent Ackermann, caporal Faust je ne vous entends plus gueuler, votre silence me gêne La deuxième section, c'était quelque chose...
Le lendemain je me suis rendu dans une petite rue sordide, derrière le vieux port. Je suis rentré. Un arabe, était dans ce que l'on peut appeler la réception. Ce n'était pas le grand luxe, mais l'hôtel était important.
Je voudrais voir Fernande
De la part de qui ?
Un ami.
Fernande hurla-t-il tu as un ami qui veut te parler.
Je descends
Les pas de Fernande résonnaient dans les escaliers. Elle apparut semblable au personnage que j'avais connu, toujours la Gauloise au bec, avec un foulard ridicule autour de la tête, sans doute était-elle en train de faire le ménage. On s'est esclaffé de rire.
      Rosi, quelle joie qu'est ce que tu fous ici... monte en haut boire une bière.
Nous sommes restés longtemps à égrener les souvenirs, elle était au courant de tout, avait des nouvelles de tout le monde, même de ceux qui résidaient en Allemagne ou à l'étranger.
Tu as de quoi dormir, du boulot, du fric, tu veux te laver ?
Ces deux jours ont mis à mal ma Lacoste et mon jean et je ressemble un peu à un clodo. Suzanne m'indique les douches à l'étage, ramasse mes affaires, appelle l'Arabe, lui demande de mettre tout ça au sale, me tend une serviette, et commence à appeler au téléphone pour me trouver du -boulot. Ce n'est pas facile, personne n'a besoin de quelqu'un, surtout quand il n'est qualifié en rien.
Je vais employer les grands moyens, tu vas voir, je vais te sortir de là.
Elle appelle le Méditerranée, dont le patron est Mémé Guerrini, patron de tous les claques de Marseille. Passez-moi M. X.. , c'est le comptable de Mémé.
C’est Fernande, j'en ai encore un qui vient d'arriver, tu peux faire quelque chose?
Il présente bien?
      Quand il sera un peu plus propre et reposé, oui.
Dis-lui de se présenter demain matin de ma part au Gardian sur le vieux port. Le restaurant qui fait l'angle, le patron ne peut rien me refuser, mais arrête un peu je ne suis pas une agence de placement.
Je te remercie, mais tu sais les petits, il faut bien leur donner un petit coup de main...
Maintenant que tu as du boulot, je vais te montrer ta chambre, tu me payeras à la fin du mois si tu peux, te casse pas la tête Rosi, tu es sur la bonne voie. A toi de jouer. Le Gardian est une des plus gros restaurant de Marseille, tu devrais pouvoir faire ton beurre, et en plus tu seras payé de la main à la main à la journée, comme ça si tu fais le con, tu pourras toujours te rattraper le lendemain.

-Merci pour tout Fernande.
-Y a pas de quoi petit, descend à l'heure du repas j'ai de l'aïoli qui mijote.

Notre bonne vielle mère maquerelle ne nous a jamais laissé tomber...

2repripep