Légion étrangère - 2ème Régiment étranger de Parachutistes - Le putsch d'Alger

Legion Etrangere - Putsh Algerie

Dès novembre, les dirigeants du FLN,inquiets de la montée en son sein de maoïstes et pro-nassériens, avaient, par l'intermédiaire de la Suisse, fait des ouvertures à de Gaulle. Le 16 janvier, ils répondirent officiellement à l'offre française de négociation. En février, des contacts furent repris en Suisse par Georges Pompidou et Bruno de Leusse. De Gaulle exigeait des garanties pour les ressortissants français, ainsi que le maintien de la souveraineté française sur la base de Mers el-Kébir et le Sahara : la première bombe atomique avait explosé à Reggane, le 13 février 1960. Ferhat Abbas, menacé sur sa gauche, refusa tout préalable. Davantage : les attentats du FLN redoublèrent en Algérie, faisant des dizaines de morts et de blessés. Pour l'armée et les pieds-noirs, il se confirmait que céder l'Algérie à l'ALN était livrer les Européens et les musulmans pro-Français à un massacre.

Le 15 mars, un communiqué du conseil des ministres annonça que des pourparlers s'engageraient à partir du 7 avril à Evian. Sans conditions,une Organisation armée secrète (OAS),destinée à regrouper tous les mouvements activistes, fut créée par Lagaillarde et Salan à Madrid. Un avocat algérois libéral, maitre Popie, fut assassiné. Les prmières charges de plastic explosèrent à Paris, notament au domicile de François Mitterrand. Le 31 Mars un attentat coûta la vie au maire d'Evian.

Dans ce climat de névrose, le ton désinvolte adopté par De Gaulle dans sa conférence de presse du 11 avril, fit l'effet d'une provocation.

Après avoir rappelé que l'Algérie nous coûte plus cher qu'elle ne nousrapporte, le Général déclara qu'il considérait la solution de l'indépendance «d'un coeur parfaitement tranquille ». Il conclut avec superbe, ironisant sur les intentions de l'URSS et des Etats-Unis dans la zone. «Je leur souhaite d'avance bien du plaisir » .

Ces phrases dédaigneuses blessèrent au plus profond les peids-noirs , même les plus libéraux.Le putsch des Généraux.

Le 21 Avril 1961 a minuit le 1er REP s'emparait d'Alger. C'est alors que le général Challe décida de se lancer dans l' aventure, avec Zeller, chef d' état-major général de l'Armée de de terre en 1958-1959, Jouhaud, chef d'etat-major général de l'Armée de l'air de 1958 a 1960, et Salan, qui rejoignit le trio plus tard. D' autres généraux entrèrent dans la conspiration . Mais le fer de lance de l'opération, ce furent les «colonels», officiers d'élite, férus de guerre psychologique. Le 21 avril 1961 à minuit, le 1er REP d'Hélie de Saint-Marc s'empara, à Alger, du gouvernement général et de l'hôtel de ville. Le 22 avril, les Algérois furent réveillés, à 7 heures, par un message :

"L'Armée a pris le contrôle de l'Algérie et du Sahara..." Il n'y aura jamais d'Algérie indépendante!

Au sommet, aucun d'eux n'est fasciste. Aucun, sauf Salan, n'a d'ambition personnelle. Leur intime conviction est de défendre, contre Paris, l'unité et l'intégrité de la République . Mais depuis trop longtemps, l'armée a représenté, à elle seule, la puissance publique en Algérie. Depuis trop longtemps, elle a trouvé dans cette mission une revanche sur les humiliations de 1940, de la guerre d'Indochine et, tout récemment encore, de Suez.

Aucun n'admet, non plus, que la victoire militaire puisse s'accompagner d'une défaite politique. Imprégnés du mythe du 18-Juin, tous se réclament des idéaux de la Résistance. "ILS", se sentent liés par un engagement d'honneur envers les pieds-noirs et les musulmans qui leur ont fait confiance.

Pour beaucoup, le souvenir de l'abandon des civils et des supplétifs au Vietnam en Indochine est resté un cauchemar . Ils pensent sincèrement que les musulmans se rangeront de leur côté et meurs, permettront de négocier avac le F.L.N. en position de force.

Le 23 avril, revêtant de nouveau l'uniforme, il prononce à la télévision un discours fulgurant:

«J'ordonne que tous les moyens, je dis : tous les moyens, soient employés pour barrer la route à ces hommes-là

Au sein de l'armée, le garde-à-vous est immédiat. Dans la nuit du 23 au 24, l'intervention télévisée d'un Michel Debré dramatique, ( grotesque... ) invitant les Parisiens à se rendre vers les aéroports, civils: «à pied ou en voiture», fera sourire plus tard, quand on sera sûr que le verbe gaullien a gagné la partie.

Devant l'Assemblée Nationale , les députés , les anciens résistants, des volontaires , s'équipent de «tenues de combat» prêts a en découdre avec les Légionnaires parachutistes qui auraient eu l'intention parait-il d'être parachutés sur la forêt de Rambouillet , afin de prendre la capitale...

Les éléments de la garde républicaine, sur leurs engin blindés , patrouillent aux abords de Paris , pour les contrer...on est en plein "mélo" Pagnolesque...et Ubuesque.....et les premiers appels de la population Parisienne, font sauter les standards de la Préfecture de Police, car les premiers éléments du 1er REP auraient été parachutés, et les premiers parachutes, pendent parait-il sur les branches centenaires des chênes de la Forêt de Fontainebleau et de Rambouillet. Sur le parvis de l'Assemblée Nationale les volontaires s'équipent de tenues de combat. Le 25, Challe se rend. Jouhaud, Salan et Zeller prennent le maquis.

Le 1er REP se replie en ordre vers le camp de Zeralda. Le Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc est arrêté. Le 1er Régiment Etranger de Parachutistes est dissous.

Ainsi que les 14ème et 18ème R.C.P, les commandos de l'Air et le groupement des commandos parachutistes. La tenue "léopard" disparaît. Plus de deux cent officiers sont mis "aux arrêts de rigueur" , d'autres sont rayés des cadres ou déférés devant des Tribunaux militaires crées en application de l'article 16.

Monsieur le président, j'ai vécu pas mal d’épreuves, la Résistance, la Gestapo, Buchenwald, trois séjours en Indochine, la guerre d'Algérie, Suez, et puis encore la guerre d'Algérie... En Algérie, après bien des équivoques, après bien des tâtonnements, nous avions reçu une mission claire : vaincre l'adversaire, maintenir l'intégrité du patrimoine national, y promouvoir la justice raciale, l'égalité politique. On nous a fait faire tous les métiers, oui, tous les métiers, parce que personne ne pouvait ou ne voulait les faire. Nous avons mis dans l'accomplissement de notre mission, souvent ingrate, parfois amère, toute notre foi, toute notre jeunesse, tout notre enthousiasme. Nous y avons laissé le meilleur de nous-mêmes. Nous y avons gagné l'indifférence, l'incompréhension de beaucoup, les injures de certains. Des milliers de nos camarades sont morts en accomplissant cette mission. Des dizaines de milliers de musulmans se sont joints à nous comme camarades de combat, partageant nos peines, nos souffrances, nos espoirs, nos craintes. Nombreux sont ceux qui sont tombés a nos côtés.

Le lien sacré du sang versé nous lie a eux pour toujours. Et puis un jour on nous a expliqué que cette mission était changée. Je ne parlerai pas de cette révolution incompréhensible pour nous. Tout le monde la connait. Et un soir pas tellement lointain, on nous a fit qu'il fallait apprendre a envisager l'abandon possible de l'Algérie, de cette terre si passionnément aimée, et cela d'un coeur léger.
         Alors nous avons pleuré ! L'angoisse a fait place en nos coeurs au désespoir ! Alors j'ai suivi le général Challe. Et aujourd'hui je suis devant vous pour répondre de mes actes et de ceux des officiers du 1er Régiment Etranger de Parachutistes, car ils ont agi sur mes ordres. Monsieur le Président on peut demander beaucoup a un soldat, en particulier de mourir, c'est son métier. On ne peut lui demander de tricher , de se dédire, de se contredire, de mentir , de se renier , de se parjurer.