A tous ceux qui ont participé à cette guerre du Tchad
Le Haut Commandement et les politiques avaient conçu cette guerre du Tchad, en misant uniquement sur la valeur du 2ème REP pour rétablir une situation tchadienne catastrophique, et l’anéantissement des bandes du FROLINAT, sans aucune assistance militaire, car en aucune façon les troupes de l’armée françaises régulière ne devaient intervenir, le Gouvernement ne pouvant se permettre le luxe, de devoir annoncer à son opinion publique la perte de tel ou tel soldat français.
Dans l’histoire militaire, cette situation mis a part l’Indochine est unique, ce qui valut au 2ème REP ce surnom de « Régiment de l’impossible »
Le 2ème REP, se chargea donc de la mission sans aucune assistance, puisant sa force dans la valeur professionnelle, des 4 compagnies de combat qui la constituaient. A l’exception des munitions l’intendance ne nous fit jamais parvenir, l’eau, les vivres, les médecins, les médicaments, les linges de rechange, et toute la logistique dont une troupe en opérations a un besoin journalier.
A tous les Légionnaires du monde, d’hier et d’aujourd’hui, aux anciens aux malades, aux blessés, aux plus démunis d’entre nous, qui ont servi sous le fanion vert et rouge de la Légion, dans l’honneur et la fidélité à la parole donnée.
Trente ans après le désir d’écrire ces quelques lignes, et ce livre sans prétention s’est imposé.
J’en ressentais le besoin pour évacuer de mauvais souvenirs, et garder les meilleurs, avec la même densité que 30 ans auparavant. Les faits décrits sont exacts, je ne prétends pas détenir la vérité, mais ma vérité... qui est toute autre que la vérité officielle.
Il n’y a pas de vérité sur la Légion Étrangère, mais des dizaines de milliers de vérités, dont chacun d’entre nous est le fidèle dépositaire. Un immense puzzle, commencé au Mexique en 1831, dont on ne verra jamais la fin... car la Légion Étrangère est immortelle.
Chacun de nous à des époques différentes, dans des conflits qui n’ont aucune similitude, continue à apporter depuis la création de la Légion en 1831, sa pierre pour la construction de l’édifice, dans le respect des traditions. Ce livre n’évoque pas toujours les clichés de ce que l’on raconte habituellement sur la Légion Étrangère, c’est avant tout une histoire personnelle et individuelle.
« Et plus tard, le récit de ces sombres journées. Maintes et maintes fois redit et raconté. Fera bailler d’ennui les petits, et les grands. Qui penseront le « vieux » il devient emmerdant » ?
Je ne peux décrire trente ans après tous les faits, un devoir de réserve s’impose... vis-à-vis des personnes rencontrées, Je n’ai donc pas tout dit. Car il y a des évènements que l’on ne peut écrire. J’ai toujours essayé de me mettre en retrait, de ne raconter que mon état d’esprit, ma façon de penser, et non de faire l’apologie de mes faits de guerre dont tout le monde se fout y compris moi-même, surtout moi-même. J’ai trop entendu de vantardises autour de moi.
Les moments de rire ou de situations cocasses étaient souvent des signes de détresse Nous avons tous connu ce genre de comportements dû a ce que l’on appelle le « cafard du Légionnaire » qui se traduit toujours par une indiscipline et une punition sévère, comme si nous provoquions la faute, pour gagner la punition qui nous remet dans le droit chemin, en nous permettant de chasser les idées noires Ne pas penser, tel était notre credo. Un Légionnaire qui pense est condamné. Les anciens comprendront…
J’ai essayé de mettre en valeur les autres, mes camarades, ceux qui n’ont pas pu parler, les modestes, les humbles, ceux qui ne pratiquaient pas correctement la langue française et qui n’ont jamais pu s’exprimer. Cette histoire est aussi leur histoire, c’est pour eux que je l’ai écrite. Il n’existe pas de livre de ce genre écrit par un simple Légionnaire excepté celui de SIMON MURRAY .
Les nombreux livres sur la Légion ont tous été écrits par des officiers ou par des historiens. Ce livre plaira aux anciens Légionnaires, car c’est une partie de leur vérité celle qu’ils n’ont jamais pu exprimer, car maîtrisant mal la langue française. La vérité d’un officier de Légion est toute autre, l’information ne remontant jamais jusqu’à l’officier, les problèmes se traitant entre légionnaires et sous-officiers, celui-ci n’a toujours qu’une vue partielle, des évènements et des faits.
Il y a enfin les sous-officiers, jamais incompétents. Du grade de sergent à celui d’adjudant chef, c’est l’ossature, la colonne vertébrale de la Légion. Durs, sévères, disciplinés, mais s’appliquant à eux-mêmes ces règles. Toujours soucieux de l’état moral et physique du simple Légionnaire. Le sous-officier Légion a passé les mêmes obstacles que les hommes dont il a le commandement, il a lui-même porté le Képi Blanc, c’est ce qui nous unit. Sans doute se souvient-il toujours de la « schlague » qu’il a lui-même subie, mais qu’il appliquera sans remords, et avec justice à tout manquement à la discipline.
Ces sous-officiers ont presque tous, au 2ème REP, la Médaille militaire et la Légion d’honneur, toutes deux gagnées au feu, et non pas a l’ancienneté, comme certains officiers, leur Légion d’honneur n’était pas dans le paquetage lorsqu’ils se sont engagés, ils ont été « se la gagner », comme l’on dit vulgairement.
On peut dire ce bouquin, c’est de la merde... on peut aussi essayer de comprendre.
A vous de réfléchir, à vous de faire la part des choses. Ne jugez pas avec votre propre vécu, vous ne pourriez pas, dites-vous qu’après avoir vécu les pages que j’ai écrites, on ne peut plus jamais ressembler à ce que vous êtes.
Pour ceux qui ne me côtoient pas ou qui n’ont pas encore compris ce qui ne va pas, qu’ils continuent à chercher, c’est dans le livre.
N.B. Le lecteur sera surpris par les nombreuses répétitions. Ces répétitions sont voulues, car le vocabulaire légionnaire est grammaticalement, auditivement, et intellectuellement «étroit», de façon que les ordres soient compris par tous, et exécutés à la perfection, jusqu’à l’écœurement.Il entraîne donc forcement des répétitions.